Dépêche AP :
&Le Pakistan condamne le choix suisse d'interdire la construction de minarets et demande au gouvernement helvétique de chercher des voies constitutionnelles et juridiques pour annuler la décision, a déclaré aujourd'hui Zamir Akram, ambassadeur du Pakistan auprès de l'ONU, lors d'une rencontre avec la presse à Genève.
Dans une lettre au Conseil fédéral (gouvernement), son pays redoute que l'interdiction des minarets par un référendum n'ouvre la porte à d'autres démarches similaires, par exemple pour interdire le port du foulard. L'issue des urnes peut par ailleurs avoir une influence sur d'autres pays européens et y susciter des prohibitions, estime-t-il.
Le Pakistan craint aussi des actes comme les attaques à la peinture commises contre la mosquée de Genève. Le pays veut un dialogue avec la Suisse sur le véritable islam, "pas comme religion de l'extrémisme, mais comme religion fondamentalement tolérante et pacifique", explique Islamabad.
Le Pakistan observé par Aide à l'Église en Détresse (AED) :
Augmentation spectaculaire du nombre d’attaques contre les minorités religieuses dans tous le pays. Souvent, ces attaques ont pris la forme de fatwas (décrets ou sanctions décidés par des cours islamiques, aux conséquences de vie et de mort pour ceux concernés, y compris les non-musulmans), mais elles ont pris aussi la forme d’assauts armés contre les lieux de culte, et d’enlèvement de membres des communautés minoritaires.
Le pire des instruments de répression religieuse est de loin la loi contre le blasphème, qui continue à faire de plus en plus de victimes. Cette loi se réfère à l’article 295 B et C du Code pénal pakistanais. La section B fait état d’injures contre le Coran, punissables d’emprisonnement à vie ; la section C s’applique aux actes délictueux envers le prophète Mahomet, et punissable d’emprisonnement ou de la peine de mort. S’ajoute à ces lois les ordonnances « hadad », une catégorie de sanctions légales inspirées du Coran, qui comprennent la flagellation, la lapidation pour des actes déclarés incompatibles avec la loi islamique tels que l’adultère, le jeu, la consommation d’alcool, les crimes contre la propriété -, la loi contre le blasphème est un exemple frappant de législation la plus sectaire et la plus fondamentaliste que le pays n’ait jamais connu.
"Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas." (lettre de Saint Paul aux Romains, 7, 19)