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les minarets, comme une boule de flippeur

Publié le 10 décembre 2009 par Polluxe

Le résultat du vote suisse sur les minarets n’en finit pas de rebondir sur différents sujets… comme une boule de flippeur, au point qu’il est difficile d’avoir une vision d’ensemble de ces multiples télescopages – à moins que quelqu’un ait fait une perle ?
Les deux principales réactions main stream sont la critique virulente de la démocratie directe, du référendum, du peuple “mal éclairé” qu’il faudrait faire revoter et le haro sur cette manifestation d”intolérance, de xénophobie, “d’islamophobie”… avec pour arrière-plan en France, le débat sur l’identité nationale.

Si la 2e réaction est habituelle, la première l’est moins, bien que ce ne soit pas la première fois : après le premier non des Irlandais au Traité de Lisbonne, il y avait déjà eu ce genre de réactions. D’ailleurs depuis les Irlandais ont revoté. Ce qui pouvait éventuellement se concevoir au sujet d’une question complexe engageant le reste de l’Europe, devient plus difficile à défendre dans le cadre d’un référendum interne, d’une “votation” comme disent les Suisses. Et ironie de l’histoire, les mêmes qui soutenaient le premier vote des Irlandais au nom de la démocratie, dénoncent aujourd’hui les Suisses et veulent les faire voter à nouveau.
Ceci est très révélateur : pour un grand nombre de personnes, la démocratie n’est pas un système politique défini avec des règles concernant le vote, les électeurs, les élections, les référendum… non, la démocratie c’est quand le peuple suit leur avis, éclairé bien sûr. Un peu comme si la démocratie était de fait une aristocratie au sens premier du terme (gouvernement des meilleurs), un jeu dans lequel le peuple est là, non pas comme souverain, mais comme homme de paille que l’on fait voter de temps en temps et qui doit se conformer à ce que l’on attend de lui pour ne surtout pas empêcher de gouverner en rond… Comme le dit très justement l’hérétique, c’est une forme de mépris pour le peuple et un déni de démocratie. C’est aussi une forme de mépris pour les Suisses, d’où l’intéressante mise au point sur la démocratie directe helvétique de Julien.

Sur le fond, quel est le problème ? Au delà d’un contexte précis, ce ne sont pas vraiment les minarets qui posent problème – tout bâtiment religieux a tendance à s’élever vers le ciel et à marquer le territoire – ni les mosquées – toute religion a ses édifices – mais l’islam lui-même, dans le sens qu’il provoque la crainte et la méfiance. Et ce n’est pas en “stigmatisant” – pour reprendre un mot à la mode – les gens qui ont peur avec toute la panoplie des -ismes et des -phobies que l’on va se débarrasser du problème. Au contraire, cela a toutes les chances d’être contre-productif. Comme le dit Ludovic : «Les Suisses craignent et rejettent un islam militant, prosélyte, qui revendique et impose ses pratiques. Il va falloir les écouter.»
La première question à poser pourrait être : pourquoi l’islam fait peur ?
Les attentats récents sur le sol américain ou européen, les discours intégristes ou islamistes, l’apparition du voile puis du voile intégral, les demandes de traitement spécifique dans les cantines, les piscines ou les hôpitaux, la place de la femme ou de l’homosexualité… tout cela, alors que la visibilité de l’islam via de grandes mosquées comme à Marseille augmente, peut apparaitre comme une menace pour le mode de vie européen, la laïcité ou la culture chrétienne de l’Europe. Ce qui n’est pas le cas des cloches, des marchés de Noël, de la visite du Dalaï-Lama, des défilés de Ganesh ou du nouvel an chinois…
Bref, on peut raisonnablement penser que le potentiel anxiogène de l’islam est fort.
Finalement je suis assez d’accord avec la conclusion de Sarkozy dans sa tribune du Monde – même si sa pratique n’a pas toujours été au diapason :

Respecter ceux qui accueillent, c’est s’efforcer de ne pas les heurter, de ne pas les choquer, c’est en respecter les valeurs, les convictions, les lois, les traditions, et les faire – au moins en partie – siennes. C’est faire siennes l’égalité de l’homme et de la femme, la laïcité, la séparation du temporel et du spirituel.
Je m’adresse à mes compatriotes musulmans pour leur dire que je ferai tout pour qu’ils se sentent des citoyens comme les autres, jouissant des mêmes droits que tous les autres à vivre leur foi, à pratiquer leur religion avec la même liberté et la même dignité. Je combattrai toute forme de discrimination.
Mais je veux leur dire aussi que, dans notre pays, où la civilisation chrétienne a laissé une trace aussi profonde, où les valeurs de la République sont partie intégrante de notre identité nationale, tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l’échec l’instauration si nécessaire d’un islam de France qui, sans rien renier de ce qui le fonde, aura su trouver en lui-même les voies par lesquelles il s’inclura sans heurt dans notre pacte social et notre pacte civique.

Ça me rappelle une citation datant de la Révolution Française : «les juifs auront tout en tant que citoyen, rien en tant que nation» (on dirait aujourd’hui “communauté”).
Si quelqu’un peut en retrouver l’auteur…


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