Que penser des tables tournantes ?

Le singulier et mystérieux phénomène de la table tournante fut produit pour la première fois vers 1850 par l'Ecossais Douglas Howe qui s'en fit une célébrité. La tradition raconte qu'il s'asseyait sur une table en mouvement et qu'il s'élevait avec elle jusqu'à toucher le plafond. C'est douteux ; ce qui ne l'est pas, c'est que l'on puisse observer des mouvements apparemment spontanés des tables.

Choisissez de préférence une table légère, telle qu'un guéridon monté sur trois pieds. Ce n'est pas une condition absolument nécessaire. Le nombre de pieds n'y fait rien et l'on a vu entrer en mouvement des tables fort massives. Mais le guéridon est plus mobile et ; pour une première expérience, il convient d'éviter la difficulté. Pour une raison analogue, il sied de réunir plusieurs personnes ; à la rigueur, une seule suffirait à faire tourner la table, mais il faudrait que cette personne fût douée de facultés particulières et exercées, qu'elle fut un médium. En règle générale, quand on débute, on ignore qui est ou qui n'est pas un médium, c'est-à-dire un individu singulièrement apte à produire le phénomène. C'est le succès de l'expérience qui révèle la médiumnité.

Les personnes présentes, étant placées autour de la table, y posent leurs mains en se tenant toutes par les petits doigts, de façon à former une chaîne, un cercle fermé.
Aucune concentration de pensée n'est nécessaire. Après une attente, qui peut être fort longue lorsque les expérimentateurs n'ont pas d'entraînement, et pendant laquelle on perçoit parfois sur les mains une sorte de courant d'air frais, il se produit des craquements plus ou moins distincts dans l'épaisseur du bois, à frapper d'un ou de plusieurs pieds, à exécuter un mouvement de rotation qui paraît indépendant de la volonté de ceux qui sont là.
On prétend qu'il lui arrive parfois de se soulever entièrement du parquet durant quelques secondes, comme si les lois de la pesanteur subissaient une interruption. Enfin, chose plus curieuse encore lorsqu'on interroge la table animée, elle donne des réponses en frappant du pied un certain nombre de coups successifs en rapport avec le numéro d'ordre des lettres de l'alphabet. On a recueilli ainsi des phrases complètes, souvent étonnantes et révélatrices.

Comment interpréter les mouvements
La question est de savoir si cette force apparemment intelligente qui meut les tables provient, ou non, des personnes qui sont autour. L'idée la plus naturelle qui se présente est celle d'une supercherie. Si la bonne foi des assistants n'est pas douteuse, on pensera que l'un d'eux peut être l'origine d'impulsions inconscientes et que le désir de voir le phénomène pousse à en aider l'apparition sans qu'on y prenne garde. Indubitablement, un très grand nombre de faits relèvent de ces fraudes volontaires ou -surtout- involontaires. Dans bien des cas, on fait dire à la table parlante ce que l'on souhaite ou ce que l'on redoute qu'elle dise.

Un mystère à éclaircir
Mais tout n'est pas explicable de cette façon, et des circonstances étonnantes amènent à constater que souvent les choses se passent comme s'il émanait des expérimentateurs un fluide inconnu chargé d'intuitions inconscientes, de puissances insoupçonnées. Les effets obtenus ont pu paraître si indépendants du vouloir et de la compétence des expérimentateurs que les spirites s'en sont autorisés pour affirmer l'intervention de personnalités invisibles. Selon eux, les agents qui font mouvoir les tables seraient des esprits désincarnés et le rôle du médium consisterait à condenser les fluides, à transformer en effets physiquement discernables les impulsions reçues de l'au-delà. Le succès de cette doctrine très populaire a fini par émouvoir les savants qui sont actuellement saisis de la question et l'on mise à l'étude.

Article de 1926