Une nuit, la psychiatre Diandra Warren reçoit un appel anonyme et menaçant qu’elle croit lié à l’une de ses patientes. Quand arrive au courrier une photo de son fils Jason sans aucune mention d’expéditeur, elle prend peur et demande de l’aide à Patrick Kenzie et Angela Gennaro. C’est pour les deux détectives le début d’une affaire bouleversante qui va les confronter à l’inacceptable, jusqu’à l’imprévisible dénouement.
Si l’histoire débute par une toute simple enquête de surveillance, on va se retrouver dans un roman noir très sombre. Le titre, aussi poétique qu’il soit, n’est pas usurpé tant on est plongé dans une ambiance glauque, noire et désenchantée.
Le tueur en série torture ses victimes et ne les laisse pas en un seul morceau. Et, se sachant pourchassé, il décide d’inverser les rôles et commence à s’intéresser aux proches du duo. Ce dernier explore plusieurs pistes qui les font revenir sur leur jeunesse et notamment sur certaines fréquentations qui ont mal tournés.
Cette pensée est l’un des thèmes importants du livre, comment des jeunes issus du même quartier qui se côtoyaient sans forcément être amis, peuvent se retrouver à prendre des chemins complètement différents. L’une des explications est la même que lors du précédent roman : ce quartier qui condamne certaines personnes sans qu’elles s’en rendent compte. Et que se passe-t-il lorsqu’ils se retrouvent des années plus tard les uns en face des autres.
Le coupable principal de ce roman est l’un des plus fascinants que j’ai lu ou vu (dans la fiction cela va de soi). Car en si peu de temps on découvre sa psychologie : l’homme est fait pour souffrir alors il ne faut pas s’en priver pour le faire.
L’un des autres points positifs de ce livre, c’est que l’auteur ne ménage pas ses héros. Enfermés dans une spirale de violence et de meurtres sanglants, ils n’en sortent pas indemne. Ils se prennent des coups, même le personnage féminin. Ils sont confrontés de manière directe aux évènements avec une menace imminente sur leurs proches. Psychologiquement atteints, ils ne cherchent qu’à se reconstruire et c’est là que le lien qui les unit, cette amitié qui dure depuis toujours, ressort le plus. De même que l’ambiguïté qui émane de cette relation.
Le livre est superbement bien écrit. Tellement qu’une fois passé le début poussif, qui est obligatoire pour tout mettre en place, on ne peut se détacher facilement du roman. De même, l’intrigue avance comme elle peut mais forcément si la première piste aurait été la bonne, le livre n’aurait duré que 20 pages. C’est ce qui amène le seul défaut que j’ai trouvé au livre : ce qui permet de se mettre sur la bonne piste est le fait que le tueur a fait de graves erreurs que personne n’a vu avant. A la première lecture, j’avais trouvé que cela été trop facile mais une relecture du récit m’a indiqué que certains indices étaient présents.
Le livre remplit totalement son rôle d’excellent polard, celui où l’on est pressé de connaître la fin et une fois qu’on a tous les éléments en main, on commence à regretter de ne pas être resté dans l’ignorance. Il est pour moi, le meilleur roman des enquêtes de Kenzie-Gennaro.
Etant un fervent défenseur de la V.O, il faut tout de même souligner que la collection Rivages/Noirs qui édite les livres en français (et qui me servent pour cette relecture) est vraiment excellent avec un format qui tient bien en main, pas trop gros ou grand et est vraiment agréable à manipuler, surtout dans les transports.
Citation:
Au début, j’ai tué quelqu’un presque par hasard, j’ai ressenti remords, répulsion, dégoût de moi. Et très vite, plus par curiosité qu’autre chose, j’ai tué de nouveau, et cette fois, j’ai éprouvé des sensations, disons, agréables, apaisantes, un peu comme celles procurées par une bière bien fraîche à un alcoolique après une période de sevrage, ou par la première nuit d’amour à des amants séparés depuis longtemps.