Lundi soir, 21h30, premier rang du Magnet, club de l'est berlinois. - Et c'est qui alors le mec de Portishead??? - Celui là au milieu avec sa barbe? - Nannn m'assure Julien qui est mon wikipédia portatif du rock. Nan nan c'est le blond là à gauche à la batterie. - Ah ouais? là ce post-adolescent avec sa gueule boudeuse .... Geoff Barrow himself, tiers de Portishead qui s'est incrusté dans mon salon depuis Third et ses accents à vous filer le bourdon un soir d'hiver à Berlin (comme si y'avait besoin de ça).Basse et guitare rythment des bruits lancinants. Beak est lancé. Un an d'existence à peine, un album trituré en 11 jours en studio, à l'ancienne. Une première tournée entre potes, un concert qui a le goût du spontané et du maitrisé. Une sorte de confédération bristolienne du rock post-pubère entre gens qui ont de la bouteille. A la batterie, Geoff ne lâche rien, tient le rythme sans un break, sans une respiration, avec un acharnement entêtant. De l'autre côté de la scène un mec poupin, genre autiste à bloquer des heures devant une Playstation, fait homme orchestre, triture du synthé comme un dieu, gratouille la guitare, ronronne à la batterie, s'essoufle sur l'anche d'une clarinette avant de bidouiller trois effets. Voilà Matt Williams. Au milieu, pour calmer les montées délirantes, le bassiste Billy Fuller calme le jeu, mène la partie finement. Dans un Magnet plutôt bien rempli pour un lundi, ça écoute attentivement ce truc spontané, sans prétention, tripant. A peine plane t-on un peu trop haut qu'un coup de batterie puissante, un bidouillage sonore nous tire du travers psyché. Ici c'est du trip hop noisy, cadencé. Je ne me risquerai pas à qualifier ça de Krautrock - faudrait d'abord que je sache à quoi ça fait référence - mais d'autres, beaucoup, s'en chargent à ma place (Beak est simplement l'un des meilleurs trip post kraut qu'il m'ait été donné d'entendre ces dernières années, sic). Ils ont l'air fatigués les Beak, le week-end a peut-être été trop rude. Pas de rappel, mais les stars rangent tous seuls leur matos, on les trouve plutôt syhmpathiques, pas bégueules. On regrette pas le trajet jusqu'aux confins de l'Est berlinois un lundi soir sous la pluie. Pour ceux qui en savoir plus Beak, George Barrow parle de son projet sur le gonzo site Gonzaï, avant leur concert au nouveau Casino, à Paris. A Berlin, comme d'hab tout ça s'est fait dans le calme, sans grand plan promo, sans surchauffe aux entrées, entre gens civilisés plus tout jeunes. Même pas un sifflet, quand Beak zappe le rappel.