Samedi dernier après avoir vu "Bienvenue à Zombieland" j’ai aussi assisté à la projection de l’ovni cinématographique du moment j’ai nommé "Paranormal Activity" de l’américain Oren Peli.
Une caméra, une poignée d’acteurs, un budget ridicule (on parle de 12000 à 15000 $) et un succès planétaire évident en terme de communication et de bénéfices, cela ne vous rappelle rien ?
Il est évident que le parcours de "Paranormal Activity" ressemble en tout point à celui du film "The Blair Witch Project" mis en scène en 1999 par Daniel Myrick et Eduardo Sanchez (espérons seulement qu’Oren Peli ne se repose pas sur ses lauriers comme ces deux-là).
"Paranormal Activity" a évolué pendant près de deux ans dans les méandres des festivals parallèles avant de trouver la lumière. C’est à ce moment là que la légende commence. Le long métrage a séduit semble-t-il les pontes de Dreamworks et Steven Spielberg en personne.
Le film a évolué dans se forme avant de trouver sa mouture définitive (il existe trois fins distinctes, une que j'ai vu dans la salle et deux qui seront surement sur le dvd, ou sur le net mais je n'ai pas encore cherché).
La machine était lancée. Il fallait juste que le buzz fasse son office. Les images distillées avec parcimonie ont indéniablement suscité l’attente des fans et les plus folles interrogations. Et je dois dire, ayant participé moi-même au phénomène, que le procédé a été en tout point remarquable. Ici ou là le film a engendré des profits records.
Samedi dans la plus grande salle de l’UGC des Halles, il y avait des spectateurs sur les strapontins et sur les marches d’escaliers. Incroyable !!!
Tout héros légendaire a forcément une figure humaine tapie en dessous. Après le buzz, après la rumeur, après le phénomène (de foire ?), il me fallait découvrir l’objet de toutes les conversations sur la toile et dans les médias.
A quoi ressemble donc "Paranormal Activity" ?
A rien diraient ses détracteurs. Mais je me dois d’aller au-delà.
Katie (Katie Featherston) et Micah (Micah Sloat) vivent dans une maison où se produisent d’étranges phénomènes. Katie pense qu’un esprit démoniaque hante les lieux. Micah décide de filmer leur chambre à coucher pour identifier la source de leurs maux.
"Paranormal Activity" n’est pas un film d’horreur au sens classique du terme.
Si vous pensez que "Paranormal Activity" est un long métrage qui regorge d’effets mécaniques démesurés, de sang qui gicle à profusion et de membres, ami cinéphile passe ton chemin.
Il est vrai qu’on peut se poser des questions légitimes sur le succès incroyable du long métrage tant prédomine pendant les deux tiers de l’œuvre l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose. Nous assistons à des discussions sans fin entre Micah et Katie. La jeune femme apparaît de plus en plus énervée par les agissements de son vidéaste de compagnon.
Le jeune homme nous insupporte réellement quand il filme les moments de détresse de la jeune femme.
Sur le plan technique il faut distinguer deux procédés bien distincts, c’est là que "Paranormal Activity" prend de la distance avec "Blair Witch" : Un plan fixe de la chambre (pendant les 21 nuits que dure l’expérience) et la fameuse caméra subjective très à la mode depuis quelque temps avec "[Rec]" et "Cloverfield". Cette dernière est portée presque exclusivement par Micah. Le plan fixe est froid, impersonnel, sans concession alors que la subjectivité traduit toutes sortes d’émotions.
Mais ce manque de péripéties et de rythme permet à Oren Peli d’installer son ambiance comme bon lui semble. La tension se fait jour bien après la moitié du long métrage quand les choses semblent s’accélérer.
Les effets spéciaux traduisant l’activité paranormale sont choisis avec efficacité. Même si ces derniers ont provoqué des rires idiots dans la salle (eh oui c’est comme ça. Mais si un film ne vous plaît pas Mesdames, Mesdemoiselles ou Messieurs : QUITTEZ LA SALLE, au lieu de nous casser les……), je dois avouer que des procédés aussi basiques qu’une porte qui bouge ou une couverture qui se soulève se sont révélés très prenants et efficients.
Nous sommes plongés au cœur de phénomènes qui sont plus suggérés qui détaillés. C’est à ce moment là qu’Oren Peli marque des points et réussit son entreprise. Dans la dernière partie de l’œuvre nous sombrons dans un film qui fout quand même la trouille. Les scènes sont courtes, nerveuses mais intenses. L’alternance entre des journées où il ne se passe rien et les nuits où "quelque chose" se produit revient avec plus de fréquence. La pression augmente et la peur étreint les protagonistes.
La dernière séquence, aussi surprenante qu’efficace, justifie à elle seule la longue et pénible montée en puissance. L’ultime plan de caméra est vraiment flippant. Parfois nous aimons un album de chansons pour un titre, je crois que nous pouvons aussi adorer un long métrage pour trente secondes d’images.
Katie Featherston et Micah Sloat, comédiens en herbe, adhèrent pleinement au projet d’Oren Peli et cela se voit à l’écran.
"Paranormal Activity" n’est pas LE long métrage qui va révolutionner le 7ème art mais le l’ampleur du phénomène est plus qu’intéressant. C’est aussi un formidable encouragement pour les jeunes créateurs à ne jamais désespérer.
"Paranormal Activity" sur ce plan mérite son succès même si la sauce met un certain temps à prendre. Je suis intimement persuadé que le metteur en scène a trouvé le juste équilibre entre des actes quotidiens (se laver, manger, se brosser les dents) et des signes d’une présence visiblement hostile.
Oren Peli a su construire un réel univers cinématographique avec peu de moyens.
Son travail est crédible, inégal diraient certains, et diablement surprenant. Il est rare que de jeunes cinéastes aient une vision globale d'un projet et un rendu abouti. A chaque fois qu'on me
posera la question je dirai que la dernière demie heure intense, surprenante ne prend tout son sens qu'avec la lente montée en puissance de l'heure qui la précède.
Bravo et merci.