Eric Besson, ministre de l'Immigration, a justifié mardi soir le débat sur l'identité nationale, qui a pris un tour convenu dans l'hémicycle de l'Assemblée, après la tribune du chef de l'Etat dans Le Monde, alors que, dans les couloirs, des voix de la majorité étaient critiques.
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"L'identité nationale ne se décrète pas. Raison de plus pour associer à la réflexion sur ses valeurs toutes les forces vives, tous nos concitoyens", a déclaré M. Besson devant une cinquantaine de députés seulement.
Eric Besson a affirmé que "le débat se poursuivra au cours de l'ensemble de l'année 2010", avant de regagner son banc sous les huées du groupe PS, où il siégeait lors de la précédente mandature.
Jean-François Copé, pour l'UMP, a salué "un rendez-vous de réflexion humaniste".
Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste, a "reproché" au président de la République "non d'avoir ouvert ce débat" car, a-t-il dit, "la France doute d'elle-même et de sa cohésion", mais de faire du débat sur l'identité nationale "un instrument de division nationale".
"Le gouvernement aurait des visées électoralistes? La belle affaire... Citez-moi un seul gouvernement qui n'en ait jamais eu!", s'est exclamé l'orateur du Nouveau centre, Jean Dionis Du Séjour, avant de plaider en faveur d'un nouveau service civique.
Le député communiste François Asensi a demandé "solennellement la suppression" du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale car on "ne peut présenter l'immigration comme une menace pour la France".
"La tribune du président Sarkozy dans Le Monde ressuscite l'idée d'assimilation de funeste mémoire", selon M. Asensi.
D'autres orateurs ont ensuite pris la parole à mesure que les bancs se vidaient. En fin d'après-midi, Jean-Marc Ayrault a d'ailleurs dénoncé le départ de la plupart des élus UMP, estimant "que ce débat s'est retourné contre ses auteurs".
L'historien Fernand Braudel et son "Identité de la France" et Ernest Renan, qui a défini après 1870 la Nation comme "un plébiscite quotidien", ont été régulièrement cités.
Avant le débat, dans les couloirs de l'Assemblée, des voix critiques de la majorité avaient mis en cause la pertinence de ce débat. "A force de jouer avec l'identité nationale, il peut y avoir un effet boomerang dont on mesurera les premiers effets aux élections régionales: on ne joue pas avec le Front national!", a lancé Maurice Leroy, vice-président du Nouveau Centre de l'Assemblée.
Pour Jean-Pierre Grand (UMP, villepiniste), ce débat est "un merveilleux appel d'air pour le Front national. Je le regrette profondément. L'identité nationale est un débat dangereux, inutile, qui ne fait pas honneur à la classe politique".
Claude Goasguen (UMP) estimait en revanche que "c'est un véritable problème, l'islam et les mosquées (...) Il s'agit de prendre conscience de cette communauté (musulmane). Comment elle-même doit-elle évoluer? Comment les Français peuvent-ils évoluer avec elle ?".