Hormis la démonstration des All Blacks face aux Bleus à Marseille, cette dernière journée de la tournée d’automne nous a permis de passer une belle après midi rugby grâce également aux matchs des Sudafs et des Australiens. Ces derniers ont montré un tout autre visage que celui offert depuis le début de la tournée en écrasant les Gallois. Les Springboks on eux conclu une très longue saison sur une défaite à Croke Park permettant à l’Irlande de rester invaincue en 2009.
Conrad Smith
Les Blacks sont de retour et on ne s’attendait pas à les voir à ce niveau là. Il semble que les changements de responsabilités des entraîneurs aient payé car je n’avais pas vu les kiwis jouer aussi bien depuis leur préparation au mondial 2007. Leur capacité à franchir les rideaux a été impressionnante de même que la vitesse de leurs relances, tant ils semblaient pouvoir traverser le terrain d’une traite. Daniel Carter est bien entendu le grand artisan d’une rencontre qu’il a ébloui de son talent et de sa classe. Il est désormais officiellement de retour à son meilleur niveau. Chez les avants Tom Donnelly et Jerome Kaino ont montré des qualités que je ne les soupçonnais même pas de posséder et quand on sait que Collins, Jack ou Mitchell pourraient réintégrer la sélection en vue du prochain mondial, l’horizon semble dégagé au pays du long nuage blanc. En ce qui concerne les arrières, ils me semblaient avoir des yeux dans le dos, se trouvant avec une facilité déconcertante. Cory Jane pourrait s’installer à l’aile après sa performance de samedi. Trop souvent sous estimé à cause d’un physique moins impressionnant que les autres spécialistes du poste, Conrad Smith a montré qu’il était un des meilleurs centres au monde. La perf des Français a été détaillée en long, large et travers par les médias français donc je ne m’attarderais pas dessus. Les All Blacks n’ont cependant pas terminé leur tournée d’automne, une ultime rencontre de gala les attend à Twickenham le week end prochain face aux Barbarians de Nick Mallett. Des gros noms du rugby mondial sont venus garnir les rangs des Babas dont les Australiens Elsom, Genia, Giteau ou Mitchell, les Sudafs Matfield, du Plessis, Burger, Habana ou du Preez ainsi que le Néo Zélandais Rokocoko qui voudra se rappeler au bon souvenir de Graham Henry.
Wycliff Palu, énorme tout au long de cette tournée
Les Australiens ont certainement voulu corriger le tir après leur sortie à Murrayfield face à l’Ecosse et il l’ont fait avec la manière. Une magnifique victoire 33 à 12 contre des Gallois incapables de s’adapter au jeu proposé par les Wallabies. S’ils ont confirmé avoir une très grosse défense, les Aussies nous ont rappelé qu’ils étaient capables de proposer du jeu derrière, encore faut il qu’ils en aient envie. Une fois n’est pas coutume, Matt Giteau a été étincelant dans son rôle de… premier centre, car même s’il portait le numéro 10, il s’est très souvent retrouvé derrière Quade Cooper, en particulier lors de ses deux passes décisives à Ioane et Polota-Nau. Les deux joueurs très critiqués les semaines passées ont su relever la tête dans ce match et ont impressionné. Will Genia est cependant le joueur qui m’a fait la plus forte impression car, outre la qualité de ses passes et la pertinence de ses choix, il a été énorme en défense et ses placages m’ont rappelé un de ses prédécesseurs dont les initiales sont GG. Je ne sais pas si cela est du à titularisation de Dean Mumm, mais l’alignement aussie a été beaucoup plus performant que précédemment, de même pour la mêlée qui n’a jamais flanchée face aux Gallois. Il faut tout de même rappeler que le XV du poireau comptait de nombreux titulaires absents et a perdu très rapidement Shane Williams et Halfpenny. David Pocock, encore une fois auteur d’une grosse partie a été inexplicablement sorti par Deans à la mi-temps, mais il n’y a rien à reprocher à George Smith qui a été également très présent en défense. Ca ne sera pas une surprise mais j’ai préféré Polota-Nau a Stephen Moore et O’Connor à Hynes. Kurtley Beale a enfin obtenu sa première cape, mais n’ayant joué que dix minutes il n’a rien pu montrer. Dommage que les Wallabies se soient réveillés si tard, mais ils pourront utiliser ce match référence pour se reconstruire. Les Gallois ont du pain sur la planche et devraient d’abord revoir leur stratégie car, malgré leurs échecs successifs en pick and go, ils ont inlassablement laissé leurs forces dans cet exercice sans penser à jouer avec leurs arrières. La palme de la stupidité au numéro 8 Andy Powell qui a oublié que le rugby est un sport collectif.
Martin Rodriguez
Les Sud-Africains sont redescendus sur terre en cette fin d’année 2009. Alors que la défaite face aux Bleus étaient perçue comme un accident par beaucoup, celle face à l’Irlande a surpris et confirmé le déclin des hommes de Peter de Villiers. Je pense que cette baisse de régime est surtout due à la fatigue des joueurs après une saison très longue et intense pour cause de tournée des Lions Britanniques, et au grand nombre de joueurs blessés. Il ne faut pas se leurrer, on ne devient pas mauvais du jour au lendemain et les Boks seront toujours là l’an prochain, les Bulls et les Sharks sont toujours les favoris du Super 14 au même titre que les Crusaders. La rencontre de Croke Park avait plutôt bien débuté pour les saffies grâce à un essai de Burger mais Morné Steyn a échoué trop de fois au pied pour pouvoir dépasser des Irlandais emmenés par le jeune ouvreur du Leinster, Jonathan Sexton. Impressionnants en défense, les Irlandais terminent l’année invaincue et sont les favoris du prochain Tournoi de Six Nations avec les bleus. Privée de Bakkies Botha, la touche Sudaf a été dominée par un O’Connell revanchard après la tournée des Lions. Au final beaucoup de coups de pieds mais un gros match d’avants qui m’a plu.
Les autres rencontres ont vu les Italiens s’imposer largement face aux Samoa et surtout l’Argentine priver les Ecossais d’un grand chelem inespéré en s’imposant à Murrayfield 9-6. Tous les points Pumas ont été inscrits par le jeune centre Martin Rodriguez, joueur de l’Atletico de Rosario, et toujours étudiant. Comme Santiago Fernandez, il fait partie du groupe de 31 joueurs sous contrat avec la fédération internationale. La relève des Argentins est bien présente!