Quatrième de couverture.
« Madame Mortensen. Frank regarde cette silhouette fragile avec douleur. Il doit y avoir une erreur. Il s’agit au plus de Mademoiselle Mortensen. Ou les autorités politiques et religieuses ont fait une exception. Cette feuille translucide n’est certainement pas en mesure de supporter le poids d’un mari soucieux de ses prérogatives conjugales. Comment peut-on à ce point s’égarer et déchoir ? Passer en quelques années de la lumière crue des projecteurs aux sous-sols tristes remplis de machines d’entraînement pour se retrouver à midi devant une post-adolescente pas plus large qu’un fil de fer ? C’est la chute finale. »
Mon avis.
À la lecture de la quatrième couverture, je n'étais pas plus emballée que ça. Pas très précise sur l'histoire du roman, je m'attendais à tout... et à rien !
C'est donc avec une certaine anxiété que je me suis plongée dans le premier roman de Nicolas Esse ne sachant pas du tout de quoi allait parler le livre. Et... en définitive, 3 jours à peine avoir ouvert le bouquin pour la première fois, je le referme plus que satisfaite de ma lecture : j'ai vraiment beaucoup aimé !
L'histoire commence en Afrique Septentrionale où le dictateur Célestin Waomé s'est autoproclamé président du pays après un coup d'état, ce qui n'enchante pas le Président américain qui voit partir en fumée tout l'argent investi auprès des précédents présidents pour l'exploitation des mines de cuivre.
Le Président américain vraiment pas content décide d'un embargo sur le pays, ce qui n'arrange pas non plus notre dictateur africain qui lui rêve d'enfin obtenir ses super machines de musculation... de marque 100 % américaine !
Il décide alors de passer par une association humanitaire qui s'occupe des déplacés internes, Terre d'Exil, pour contourner l'embargo dans le but que ses précieuses machines arrivent néanmoins jusqu'à lui...
Stina Mortensen, chargé de l'association, est alors invitée à rencontrer le responsable des ventes internationales de de la filiale de CardioStrengh (société US) basée en Allemagne, Frank Weismann pour mener à bien ce projet fou dans le but de secourir les 20.000 déplacés du camp de Kalambe.
Je suis rentrée dans l'histoire assez facilement bien qu'en me demandant à chaque chapitre où l'auteur allait m'emmener. En effet, vu la quatrième de couverture très énigmatique, on ne peut pas savoir vraiment à quoi s'attendre en commençant le livre. Ce n'est que vers la cinquantième page que l'histoire commence à prendre sens.
Dès qu'on a le fil rouge du roman, on s'imprègne assez facilement des personnages, du style narratif, la lecture se poursuit alors à un rythme assez rapide.
J'ai apprécié la plume de l'auteur qui était savoureuse à souhait, parsemée d'humour et d'ironie qui donne un ton parfois piquant à la lecture !
L'auteur arrive sans problème à passer de l'humour léger au sérieux nécéssité par une situation racontée (notamment lorsque Frank et Stina visitent le camp de Kalambe).
Nicolas ESSE signe ici un premier roman de qualité. Je compte bien suivre la carrière de l'auteur avec assiduité et espère rapidement voir un nouveau roman du même acabit sortir en librairie !
Je ne connaissais pas du tout la situation des déplacés internes, une notion dont on ne parle pas trop étant donné que le problème reste "interne" au pays. Des gens d'un pays sont déplacés vers un autre endroit du pays où ils vivent dans des conditions plus que déplorables. Vu qu'ils sont citoyens du pays qui les déplace, ils ne sont nullement considérés comme "réfugiés".
Et vu que la souveraineté des États est un principe primordial en droit international, je pense que les autres États ne se permettent pas de se prononcer ou de faire quelque chose pour aider ces gens qui restent des citoyens du pays en question. Seules les organisations humanitaires peuvent essayer de faire quelque chose pour améliorer le cadre de vie de ces pauvres gens.
Définition donnée sur wikipédia :
"Le statut de déplacé interne n’est pas défini par le droit international. Un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme mentionne toutefois que « Les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays sont des personnes ou des groupes de personnes qui ont été forcés ou contraints à fuir ou à quitter leur foyer ou leur lieu de résidence habituel, notamment en raison d'un conflit armé, de situations de violence généralisée, de violations des droits de l'homme ou de catastrophes naturelles ou provoquées par l'homme ou pour en éviter les effets, et qui n'ont pas franchi les frontières internationalement reconnues d'un État. »
J'ai été touchée par cette problématique qui est très bien expliquée dans le roman : avec des mots simples mais percutants, au travers d'histoires dures et choquantes mais qui nous font prendre conscience de réalité dont on ne peut même pas imaginer, nous Européens, qui ne connaissons que les déboires de la crise financière et non la dureté d'une vie imposée par un dictateur fou.
Ce livre parle d'un dictateur complètement mégalo. C'est vrai qu'on pourrait dire que l'histoire est complètement tirée par les cheveux... On imagine pas un dictateur échanger des machines de musculation contre la fermeture d'un camp de 20.000 personnes ! Ça semble fou et complètement irréel !
Mais, comme le dit le proverbe repris en introduction (qui résume parfaitement l'histoire, je trouve, "À chaque petit animal son petit plaisir !")
Enfin si j'étais chef d'État, je ne me verrais pas décider des questions de politique en fonction du nombre de livres que je pourrais recevoir en cadeau !
Au niveau des personnages, j'ai beaucoup aimé le dyptique Frank/Stina. Une relation à la je t'aime moi non plus ! Les deux personnages ont du caractère et entendent tous les deux avoir raison de l'autre ! Avantage ? Stina, bien évidemment !
Cette jeune femme dynamique est passionnée par sa mission humanitaire. Elle est prête à tous les compromis, même les plus dingues avec un dictateur fou, pour sauver 20.000 personnes d'une mort certaine.
Frank, quant à lui, est un personnage plus difficile à cerner. Et j'avoue que dans la première partie du roman, il me laissait totalement indifférente. Puis, j'ai appris à connaître son côté "humain" , surtout quand il s'est retrouvée face à la réalité de Kalambe.
À travers le livre, on apprend à le connaître : sa vie passée, ses déboires. Lui, sont truc, c'est le foot, il était le joueur le mieux payé d'Allemagne, et ce même après une blessure qui aurait dû lui coûter sa carrière. Malheureusement, suite à un incident lors d'un match important, sa carrière s'est terminée en queue de poisson (espérons qu'il n'arrive pas la même chose à Thierry Henry avec sa main malheureuse, car il a pas fini d'en entendre parler !).
Reconverti en vendeur de machines de musculation, il est assez froid et distant, sûr de lui et peu enclin aux compromis.
Sa rencontre avec Stina est pour moi décisive et j'ai adoré le relationnel entre ces deux-là.
J'ai beaucoup aimé le Président américain aussi (même si un seul chapitre lui est consacré) par son côté ridicule. J'ai vu dans ce personnage un mélange de George W. Bush (junior) et du Président Logan dans les saisons 4 (en fin de saison) et 5 de la série 24 Heures Chrono.
En conclusion, vous l'aurez compris, Les hommes préfèrent les guerres a été très belle découverte pour moi !
Aussi bien le fil narratif, les personnages, l'écriture que le drame invoqué en arrière fond m'ont énormément plu !
Une lecture enrichissante et divertissante en même temps !
Pour moi, le livre mérite largement la note de : 9,3/10 (Écriture : 9/10 ; Histoire/intrigue : 8.7/10 et Personnages (et relationnel) : 9.3/10 + 1 point bonus pour la problématique des déplacés internes. )
Je remercie les Éditions Baudelaire de m'avoir permis de découvrir cet auteur (j'espère bientôt un nouveau roman) dans le cadre d'un partenariat avec le site Livraddict.
Lien Bibliomania du livre pour découvrir d'autres chroniques de bloggeurs.
Les hommes préfèrent les guerres de Nicolas Esse
Aux Éditions Baudelaire, 2009
232 pages.
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