Depuis l’invention de la peinture et de l’écriture, nous avons fixé notre mémoire, nos opinions, nos rêves, voire nos économies sur des supports physiques sans cesse renouvelés : parchemins, toiles, livres, bobines de films, disques, cassettes vidéo… C’était le monde analogique. Toute cette accumulation de pensées et de passé doit être numérisée, pour la sauver de la destruction et de l’oubli, mais aussi pour donner naissance à de nouveaux savoirs. Traverser la mer Rouge du numérique pour accéder à la Terre promise : tel est devenu l’objectif de toutes les politiques patrimoniales, quel qu’en soit le domaine. Or que trouvons-nous sur l’autre rive ? Un monde numérique déjà constitué, où les régulations édifiées depuis des siècles en matière économique ou culturelle semblent avoir été supprimées au nom d’une nouvelle religion : l’accès immédiat à l’information.