Star, chorale, parc et salons à Papeete

Publié le 10 décembre 2009 par Argoul

Nous avons reçu la visite d’une ville-flottante, le Star Princess avec 4230 personnes à bord. Le cul du monstre tient à peine dans mon viseur. Opération séduction : on bichonne les touristes, on leur fait déguster les fruits du pays, on les guide gratuitement dans le matete (marché) où quelques petits malins leur vendent des perles (en plastique) au prix des vraies perles noires. Il paraît que l’imitation est parfaite.

L’autre soir, concert à Mataiea. Chorales de jeunes enfants, d’hommes, de femmes, mixtes pour un récital de 17 chants en tahitien, en anglais, en français et même en une des langues du Congo. Le temple était plein d’auditeurs attentifs, du conseil municipal et tavana (mairesse) de Mataiea. Tout le monde a été convié à un cocktail à la fin du récital. Tavana parlait avec l’Un, faisait deux bises à l’Autre entre deux bouchées de ma’a (bouffe). Bravo L. à la fois, chef de chœur, chanteur et pianiste-accompagnateur. Les récitals dans les lieux de culte parisiens me manquent.

 

Le dimanche matin, j’avais mes habitudes au temple protestant des Billettes : concert d’orgue ; l’après-midi dans les églises catholiques : de l’orgue ou un quintette. L’embarras du choix avec JS Bach, JP Sweelinck, S Scheidt et consorts pour le « repos » de mon âme. De retour chez V. un plein cageot de painapo (ananas) nous attendait devant la porte, 15 kilos au moins. Painapo au p’tit déj, painapo au déjeuner, painapo au dîner sans oublier les painapo que V. fait pousser autour de son fare (maison) auxquels vous ajouterez les abiu (pas d’équivalent en français), les ‘apara feti’a (pomme-étoile) et les ‘i’ita (papaye). Cure de fruits, qui dit mieux ?

Le parc Hokulea (nom hawaïen), ouverture promise pour le 15 décembre… sous réserve des conditions météorologiques. C’est la saison des pluies ici ! Le Ministère des Grands Travaux (G.T.) veut faire de ce parc une « vitrine touristique ». Encore faudrait-il que les touristes vinssent ! Les G.T. souhaitent que chaque archipel soit présent au travers de plantes symboles : Huahine par la fougère « Mahae », Raiatea par le « Auti », 5 espèces de vanille pour les Iles sous le Vent, les Tuamotu par le « Kahia », les Iles Marquises par le « Tianina ou Hernandia Nymphaeifolia », les Gambier par la « cerise de mer ». Pour l’instant, on procède aux finitions : toitures en pandanus de Maiao, vernissage des charpentes extérieures en koku (importé d’Asie), etc. Renseignements pris sur la Dépêche de Tahiti, je ne suis pas du tout sûre de la fougère Mahae, ni du Kahia des Tuamotu. Mouette les Andes scient (wait and see).

A l’approche de la saison des pluies, les arbres ont été taillés ! Le litchi, l’uru, le cocotier, les papayers de la terre T., tous ont subi la « coupe de printemps ». Plus de litchi, plus de cocotier, plus de papayers, l’uru a perdu ses nombreux avant-bras et sa tête. Le soir venu (17 heures) les coqs et les poules se préparaient à aller se percher sur les branches du litchi et de l’uru, oh ! surprise !… les dortoirs avaient disparu ! Les poulets discutent entre eux : constatez, Ils nous ont jetés à la rue, à la veille des grosses pluies. Ils nous ont débarqués, c’est un scandale. Allons nous inscrire chez les mal-logés. Ainsi fut fait ! Nous avons nos premiers poulets SDF à Tahiti.

Encore un salon. Mon service reportage ne tarit pas, mais le personnel traîne la patte et s’est fêlé les quatrième et cinquième métacarpiens. J’entends des menaces de grève parmi mon personnel ! Salon du monoï, salon des Marquises dans le hall de l’Assemblée, salon du livre, salon des Marquises à Pirae. Ca n’en finit plus ! Ce matin, 26 novembre, inauguration du salon du livre par le Haussaire (haut commissaire en abréviation locale), mais sans le ministre de la culture. Pourquoi ? Parce que le gouvernement Temaru a trébuché et le nouveau gouvernement Tong Sang est en salle de travail pour l’accouchement.

Aux côtés du Haussaire, il y avait le député-maire de Papeete Michel Buillard qui a refusé de parler, le directeur de la Maison de la Culture qui a aussi refusé de parler. Le Haussaire assumait donc seul « les » discours d’ouverture. Il a signalé qu’en cette période « agitée » politiquement, le ministre de la Culture n’avait pas encore reçu son maroquin. C’est vrai ici, au fenua, le jeu des chaises musicales se pratique avec grand enthousiasme et fréquemment.

Une classe de sixième H était présente. Le Haussaire leur demandait quel livre était le plus lu au fenua. Pas de réponse. Mais c’est la Bible, bien sûr ! Il leur demanda également ce que signifiait le H de « sixième H », Humanités ? Histoire ? Harmonie ? Honneur ? Allo, allo, il y a quelqu’un ? Hachisch, peut-être ?

Ainsi va la vie dans nos îles du bout du monde et au milieu de nulle part.

Parahi ! (au revoir)