Sous le titre manifeste "Subculture capital" la galerie Annonymous présente, du 14 octobre au 15 novembre, les travaux de quatre artistes aux profils et aux styles fort différents.
Ronnie Cutrone fut assistant d'Andy Wahol à la Factory. Aujourd'hui son travail est exposé partout dans le monde, du Moma à la biennale de Venise. De son passé warholien, Cutrone a gardé un goût prononcé pour l'exécution d'images au charme graphique indéniable et faisant directement référence à la culture populaire américaine. Sous ses pinceaux le drapeau national devient un support comme un autre (comme un paquet de Corn Flakes par exemple) et n'attend que d'être orné d'un symbole simple - ici une croix, là le logo d'un groupe bien connu, là encore une tête de mort - pour évoquer dans un même mouvement une chose et son contraire ou plutôt une réalité telle qu'elle est généralement perçue d'une part et la manière dont elle est amenée à révéler sa véritable nature pour peu que l'on prenne la peine de la malmener un peu, d'autre part.
Auto-proclamé représentant du "futurisme gothique" (pourquoi pas ?), rejetant par contre l'étiquette d'"AfroFuturisme" que certains tentèrent de lui accoler (et on se demande bien ce qu'ils voulaient dire par là), Rammellzee fut une figure importante du mouvement hip-hop des années 80 avant de se faire connaître pour ses talents graphiques. Il le fit d'abord à la bombe sur les trains de NYC avant de s'incruster durablement dans les galeries et autres salles d'expositions via des toiles au charme un peu suranné et des créations 3D alliant sculpture et customisation d'objets divers et variés.
Qualifié de "Rauschenberg de notre génération" par Ian Astbury du groupe The Cult (bon, en même temps The Cult c'est déjà la génération d'avant pour la plupart d'entre vous), Kostas Seremetis propose depuis le début des années 2000 une relecture de certains grands mythes américains notamment au travers de son travail sur les super-héros qui, sous son pinceau, semblent plus à même de trucider tout à chacun que de venir en aide à la veuve et à l'orphelin.
Enfin les élégantes oeuvres de Rostarr présentées chez Annonymous se distinguent des autres créations de ses partenaires d'expositions par une approche volontiers plus abstraite, voire géométrique, des mêmes thématiques de telle sorte qu'un étudiant en histoire de l'art visitant cette exposition tiendrait là une belle occasion de développer une théorie à n'en pas douter fort intéressante sur les variations picturales autour de la tête de mort dans le pop art et le street art réunis...