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Report : exposition "Nimbus Vador" chez Opera Gallery (New York)
Publié le 16 novembre 2009 par BlogcoolstuffQuatrième et dernier volet des reportages consacrés aux expositions en cours à New York, celui concernant l'expo collective"Nimbus Vador" chez Opera Gallery. On dit souvent qu'on a gardé le meilleur pour la fin... Cette fois ce n'est pas le cas. Pourtant la liste des participants à "Nimbus Vador" est de celle qui ferait pâlir de jalousie n'importe quel galliériste désireux de donner à voir du street art sur cimaises : The London Police, Crash, Futura, Shepard Fairey, Logan Hicks, Banksy, Faile, Blek le Rat et bien d'autres encore dont, quand même - excusez du peu - Keith Haring et Jean-Michel Basquiat.
Seulement voilà, il semble que Ron English, le commissaire invité de cette exposition (commissaire qui, à en croire le nombre de ses toiles accrochées chez Opera Gallery et ce jusque dans le sombre escalier menant à la réserve, doit être officiellement représenté par celle-ci), il semble donc que Ron English n'ai pas pris conscience qu'il ne suffit pas d'accrocher côte à côte des oeuvres, je cite, des "plus importants représentants du street art" pour faire sens ni, par voie de conséquence, pour faire exposition.
"Nimbus vador" pêche en effet par son absence de propos et, partant, par son manque de cohérence. Ici pas d'autre objectif que celui de l'anthologie, de la compilation, du best of. A l'arrivée donc une impression de pot-pourri, de rassemblement artificiel et sans âme d'oeuvres qui pourtant, pour la plupart, présentent chacune individuellement un véritable intérêt. C'est qu'aussi intéressantes soient-elles, elles cohabitent ici à la manière des habitants d'un même immeuble daignant à peine se saluer quand, par le plus grand des hasards, ils finissent par se croiser. Le véritable dialogue est exclu quand personne n'a de bonnes raisons d'être là...
Ceci étant dit, si elle échoue à être une véritable exposition, "Nimbus vador" n'est pourtant pas dénuée d'intérêt. C'est que devant pareille vacance de propos et face à des créations qui en elles-mêmes valent clairement le détour, le visiteur finit par créer lui-même des passerelles entre les oeuvres et se plaît à les confronter les unes aux autres à l'aune de ses propres critères : on observe avec intérêt l'évolution du pochoir dont témoigne la cohabitation d'une oeuvre de Blek le Rat et de plusieurs créations tout à fait hors normes de Logan Hicks ; on découvre une même propension au décoratif monumental chez The London Police et Shepard Fairey ; on s'interroge sur une classification artistique qui ne répugne pas à mettre dans le même panier l'abstraction maîtrisée d'un Futura et la figuration kitsche de graffeurs"historiques"qui décidément n'auraient pas du abandonner les lettrages de leurs débuts ; on se rassure en constatant qu'un Banksy mal inspiré peut bel et bien être de moindre intérêt que certains de ses succédanés...
"Nimbus vador" ou la démonstration involontaire du principe selon lequel si ce n'est pas l'observateur qui fait l'oeuvre, ce peut être à lui de concevoir l'exposition.