Un caillou
sur la plage
qu’on ramasse
dans le seau bleu
des souvenirs
Ou peut-être
un bout de bois
un coquillage
une impression
avec un chien qui court
au bord des vagues
On prend ça
avec soi
on le garde dans sa poche
et aussi dans sa tête
pour plus tard
Pour après
quand l’été est fini
la mer repliée
les parasols éteints
la route embobinée
et l’enfance appuyée
à la vitre du temps
Comme une photo
une carte postale
ou une chanson
dans le tiroir de la pluie
le caillou
- ou autre chose -
qu’on va chercher
avec ses images autour
qui éclaboussent encore
On le serre dans sa main
on le pose sur la table
dans la chaleur d’une cuisine
où repassent des odeurs
de linge mouillé
de vent dans les cheveux
et de voiles battues
Avec des crayons
on dessine si l’on peut
les pieds nus du soleil
le cri de la mer
et un peu de tristesse
qui remonte au galop
Et on perd le caillou
dans le sable des couleurs
qui file entre les doigts
mais laisse comme le sel
les traces d’un poème
qu’on n’a jamais écrit
mais qu’on connaît par coeur
(François de Cornière)