Un nouvel épisode de Spooks qui s'inscrit dans la droite ligne de cette saison 8 ; efficace, sans que le lien unissant les storylines paraisse suffisamment convaincant, laissant quelque peu les téléspectateurs sur leur faim. A nouveau, la grande trame globale autour de la réunion de Bâle est mêlée à une intrigue du jour financière qui se situe bien dans l'air du temps.
En effet, la série prend une résonnance très actuelle, cette fois-ci, en nous plongeant dans les arcanes du système bancaire. L'Angleterre se trouve en effet sous la menace de faire faillite, incapable de rembourser sa dette nationale, à moins qu'elle ne récupère des liquidités très rapidement. Pour cela, elle compte se servir d'un ancien employé d'une banque très importante, qui a dérobé les coordonnées et informations bancaires de clients "suspects". Mais de nombreuses personnes ont intérêt à le faire taire ; l'apprenti escroc se retrouve propulsé au coeur d'une course-poursuite, où tueurs à gage et MI-5 le recherchent activement. Cette storyline permet d'explorer superficiellement les états d'âme de Ros, toujours marquée par la mort de Jo. C'est un traitement en surface, car l'épisode ne se pose jamais vraiment, n'offrant pas de réelles scènes d'introspection. Cependant, une chose est sûre, Ros va mal : effrayer le dirigeant de la banque en allant jusqu'à le pendre à moitié pour qu'il avoue ses malversations et le rôle de sa société dans les évènements, cela ne figure pas les manuels de méthodes légales du MI-5. Voilà qui n'augure rien de bon pour la suite.
Parallèlement, la conspiration pour changer l'ordre mondial prend peu à peu son importance, à mesure que la fin de saison se rapproche. Le MI-5 découvre progressivement toute l'étendue de l'implication de Sarah ; et, grâce à l'enquête financière, met à jour l'existence d'un ancien compte de la CIA, approvisionné de façon très conséquente, dont l'agent de la CIA est la responsable. Un compte prévu pour soutenir les actions de ceux qui étaient présents à la désormais fameuse réunion de Bâle. Encore une fois dans cette saison, Spooks refuse de rester dans l'expectative et préfère brusquer l'avancée des évènements : ainsi Lucas est-il autorisé à aller parler à Sarah pour essayer d'obtenir des renseignements et cerner ses motivations. La confrontation se termine quelque peu en queue de poisson, nous laissant avec une certaine frustration. Cela va très vite, trop vite..., et le téléspectateur conserve l'impression d'un certain manque d'homogénéité récurrent dans la gestion des intrigues.
Dans la même optique, l'épisode propose un traitement des personnages où le manque de personnel au MI-5 se fait sentir. Tout en se concentrant sur Ros, et la façon dont elle tourne cette enquête en une affaire personnelle, l'épisode est aussi l'occasion de nous introduire aux talents de hacker de Tariq, en le mettant un peu plus en lumière. Ce nouveau venu, depuis deux épisodes, s'est bien intégré dans la dynamique d'ensemble de l'équipe ; une recrue donc efficace. Mais c'est un allié hors du MI-5 que le service perd en la personne du Home Secretary. S'ils peuvent sauver l'économie britannique, ils ne vont rien pouvoir faire contre la publication de photos compromettantes, a priori probablement trafiquées, qui présentent le ministre aux côtés de membres de la mafia, à laquelle s'ajoute la découverte d'un compte approvisionné à millions dans la banque qui concentre leurs efforts du jour. Le Home Secretary se voit contraint de démissionner. Mais dans la perspective de la conspiration de Bâle, ce départ entraîne une toute autre conséquence : le ministre était celui qui avait informé Harry de cette réunion. Dans le cadre de cette enquête officieuse, il était, somme toute, le seul allié d'un MI-5 qui se retrouve soudain très isolé, ne pouvant compter que sur ses seules ressources et ne sachant à qui accorder sa confiance. Tout dépendra probablement de son remplaçant, mais cet Home Secretary fut un des rares politiciens à avoir gagné l'estime de Harry.
Bilan : Le puzzle de l'intrigue de conspiration mondiale se complète peu peu, dans un épisode plaisant à suivre, mais qui nous laisse un léger goût d'inachevé, avec l'impression que ses intrigues auraient pu être mieux exploitées. Il reste que si le MI-5 saisit mieux l'étendue du complot, ils ont perdu tout effet de surprise et se retrouve très isolé en Angleterre même, où leur seul appui extérieur a dû quitter son poste. La confrontation s'annonce d'autant plus dure.
NOTE : 7/10