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Pour honorer le centième anniversaire de la naissance du poète italien Cesare Pavese, les éditions Gallimard ont réuni l'essentiel de ces œuvres dans un seul volume Quarto. Une biographie très complète commence tout d'abord par nous présenter l'écrivain. Cet étudiant en littérature anglaise à Turin écrit une thèse sur le poète américain Walt Whitman en 1930. Son premier recueil de poèmes Travailler fatigue paraît en 1936 alors que quelques mois auparavant il a été arrêté et contraint à l'exil pour ses fonctions de de directeur de la revue La Cultura par les fascistes. Son écriture n'est pourtant pas a priori engagée : le poète veut rendre compte d' « un monde de jeunes gens qui vivent contents et émerveillés des choses réelles »
En pleine maturation, il cisèle un vers optimiste et libre, moderne donc, dépouillé de toute fioriture. L'écriture de Pavese n'est pas hermétique, mais au contraire ouverte aux aspérités du réel, à ses expériences physiques, amoureuses, géographiques. Pavese n'est donc pas un politique malgré ses aléas avec le pouvoir en place, mais un homme en quête de vivre. Ses écrits chantent les vacances, la plage, la mer, la ville, la vigne, ses traces de vie dans des sillons de vers qui le retiennent des fossés de son esprit. A la vérité, il semble que longtemps le poète lumineux soit hanté par l'ombre de la mort. Parce que cette mise à nu des personnages et de leur auteur, sous le soleil chanté pendant le bel été, appelle, selon les mots du spécialiste Martin Rueff, « une mise à mort ». Son journal Le métier de vivre nous donne finalement à voir son laboratoire secret, les concepts de sa poétique, et les pensées souvent morbides qui lui servent de matériaux. « On cesse d'être jeune quand on comprend qu'il ne sert à rien de dire une douleur »; « Le plus grand tort de celui qui se suicide est non de se tuer mais d'y penser et de ne pas le faire ». Ses aphorismes tranchants nous renvoient aux confidences de son moi blessé et fragile. L'auteur a longtemps songé au suicide et ses vers n'ont pu finalement retenir son acte définitif par une nuit d'été le 27 août 1950. L'œuvre de Pavese est profondément touchante, marquée par un instinct de vie qui se débat jusque dans ses derniers retranchements.