Ce petit bijou au creux de Paris me tentait depuis longtemps.
Je profite d’une journee sur la capitale pour le decouvrir de plus pres. Si j’aime apprecier les monuments classiques comme une ballade, aujourd’hui, mon temps est minute, je pense donc y passer en coup de vent. Je saute la visite guidee, prefere decouvrir les lieux en aventuriere. Emerveillee, j’y resterai et n’en partirai qu’a tres grand regret, des etoiles plein les yeux et le cou endolori de n’avoir su ou tourner mon regard…
Laissez-moi vous conter un peu ce batiment, qui se veut imposant.
Tout commence lorsque Napoleon III est victime d’un attentat dans la rue du vieil opera. Il exigera le lendemain la construction d’un nouvel edifice. Un concours est donc lance a l’international en 1960, pour une academie national de danse et de musique. Les projets sont presentes anonymement. Surprise, c’est Garnier, presqu’inconnu, qui a tres peu construit qui remporte haut la main. On aime sa vision, ses volumes.
Pourtant la tache sera loin d’etre aisee. Le prefet Haussmann lui confie un espace particulier, inegal qui est voue a etre entoure d’immeubles de services… Deception de l’artiste qui revait plutot a de magnifiques jardins en ecrin! Pour Haussmann cependant, l’urbanisme passe en premier. Ses batiments seront d’ailleurs plus hauts que la normal forcant l’architecte a maints amenagements et a jouer d’astuce pour garder la grandeur de son palais - d’ou les statues sur le toit. Saviez-vous que la centrale habillait elegament… un paratonnerre?
Garnier rassemble son equipe, ses amis. ne disposant pas d’atelier, il doit se contenter d’un simple barraquement sur le chantier, de tables sommaires, de quelques poele, qu’il vente ou qu’il gele.
Ravi des avancees, Napoleon III exige d’Haussmann une avenue reliant sa residence, le Palais des Tuileries a l’Opera. C’est le seul projet de l’urbaniste qui n’a vocation que l’esthetisme.
D’autres obstacles se presentent. Tres vite, le budget est coupe de moitie. Puis valse au gre des guerres, des besoins des autres batiments. Le chantier s’arrete meme totalement par moment. Coup de chance dirons-nous, le vieil opera brule en 1874. On demande alors a Garnier de finir l’edifice au plus vite. Faute de fonds, il devra sacrifier quelques idees au passage mais les portes ouvrent au public en 1875. Le pauvre sera oublie sur la liste des invites et devra… acheter son propre billet!
Napoleon II, lui, ne le verra jamais termine. Exile en Angleterre, il mourra deux ans auparavant. Il est d’ailleurs enterre a l’abbaye de Farnborough, juste derriere chez moi.
Admirez ce luxe de pierre blond, de marbre, de sculptures, de mosaiques si raffinees qu’on les croirait peintes, cette opulence d’or qui fait rever a Versailles… L’artiste souhaitait un escalier eblouissant qui symboliserait le passage du monde exterieur a l’elevation par les arts, l’enrichissment de l’ame au propre et au figure…
Le style? Un melange de classique, baroque, grec… Garnier, theatral, prefere l’appeler Napoleon III.
Le fantome de l’opera et son fameux lac? Ah, une presque-legende. Les travaux ont mis a nu des infiltrations, creant un bassin plutot qu’un lac. Ne pouvant s’en debarrasser, l’artiste decide de l’utiliser au mieux. Il est aujourd’hui utilise en secours par les pompiers en cas d’incendie. Des carpes y vivent joyeusement, nourries par les techniciens. De meme, des ruches avaient ete installees par un accessoiriste, apiculteur de passion… Elle sont a present officielles, le miel est d’ailleurs vendu a la boutique.
Les references a la comedie sont omnipresente. Ou que votre regard se pose des mascarons souriants, grimacants ou menacants vous observent…
Meme les sols valent le coup d’oeil…
Les luminaires amenent la meme fascination…
Au detour d’un couloir, decouverte de l’extraodinaire salon de la lune, tres Art Nouveau qui se reflete a l’infini:
Celui-ci mene a une gallerie d’oeuvres d’art puis aux archives de l’Opera. Imaginez: 100 000 ouvrages, sans compter les livrets, partitions, esquisses, programmes, lettres, photographies… Etageres boisees, parquet qui chante sous vos pas, parfum de cire… et reconstitutions miniatures de scenes…
Faufilez-vous a present dans l’un des balcons…
Juste un tres bel opera? Levez les yeux. La rotonde presentait a l’origine une oeuvre tres classique de Leneupveu. Celle-ci est encore presente sous la toile actuelle. Chagall a ete appele a l’aide pour redonner des couleurs a l’opera, dedaigne apres guerre.
Le lustre quant a lui pese la bagatelle de 7 a 8 tonnes… eclaire a l’origine au gaz, il fallait le descendre et le nettoyer regulierement.
N’oubliez pas de passer decrocher un coin de ciel bleu sur la terrasse…
…ni de passer par la boutique saisir quelques idees lumineuses…