Nul, à Gauche, ne peut se satisfaire du flou qui règne actuellement autour de l'attitude des différents partis et mouvements qui souhaitent se présenter aux prochaines élections régionales.
Au NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) certains désirent — et le pourcentage est significatif — un accord avec le Parti de Gauche et le Parti communiste. D'autres, majoritaires avec Olivier Besancenot, préfèrent une liste solitaire « car nous refusons tout accord de gestion avec le PS au second tour. » Le NPA n'est plus la LCR. Des militants peu au fait des anciennes pratiques veulent se faire entendre et faire prendre en compte leurs opinions ou stratégies.
Côté Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon est en colère. Sur son, blog, il juge déplorable le report du rendez-vous prévu ce jour avec Cécile Duflot, tête de liste Europe-Ecologie en Île de France. Il souhaitait discuter programme et sans doute préparation du second tour mais Cécile Duflot préfère travailler sur son intervention de dimanche prochain à Copenhague. Les Verts boudent ostensiblement tout rapprochement avec les autres partis de gauche avant le premier tour. Peut-être exagèrent-ils leur future influence « marsienne » ?
Au Parti socialiste, qui peut nier que l'offre de Ségolène Royal au MODEM dès le premier tour de scrutin, a troublé plus d'un responsable national ou régional. La présidente de la Région Poitou-Charentes, s'amuse à provoquer. C'est ainsi qu'elle existe. Elle a construit son image là-dessus et n'entend pas rentrer dans le rang c'est-à-dire suivre les consignes du bureau national du PS. Ce dernier vient de rappeler qu'au premier tour, on favorise le rassemblement à Gauche et qu'au second on élargit à ceux qui veulent constituer des majorités pour gouverner sur la base d'un programme. Les compétences des régions sont telles qu'il ne sera pas bien difficile d'obtenir un accord sur 90 % des questions à débattre.
A droite, c'est plus simple. L'UMP domine tout, possède tout. Hervé Morin (Nouveau Centre) gesticule mais ses prétentions ne sont pas proportionnelles à son temps de présence au conseil régional de Haute-Normandie dont il est l'élu. En cinq ans, Morin a été présent une heure au grand maximum. On a donc à peine entendu le son de sa voix et les élus régionaux n'ont pas pu apprécier la qualité de ses oppositions ou propositions. Espérons qu'il n'aura pas l'impudence de se présenter à nouveau devant les électeurs de l'Eure ! Voilà le danger de la proportionnelle : faire élire des apparatchiks atteints par le cumul des mandats ou des fonctions.
A l'extrême-droite, la tête de liste du Front national est un conseiller municipal de Sartrouville. C'est dire l'influence du vivier local. Ce parachuté aura en face de lui un certain Car Lang que nous connaissons bien en Haute-Normandie. Il anime un « Parti de la France » qui fera comme Nicolas Sarkozy : des digressions sur « identité nationale et Islam » puisque le débat semble se concentrer sur les rapports de la nation à cette religion. Une religion comme les autres en France aujourd'hui.
Eric Besson a donc raté son coup. Il voulait polluer la campagne électorale des régionales à l'avantage de l'UMP. En fait, il oblige le président de la République à la publication d'un texte de Guaino écrit en catastrophe pour corriger le tir. Besson aggrave son cas puisqu'aussi bien à Droite qu'à Gauche, ce débat semble partir en quenouille. On comprend mieux maintenant pourquoi le ministère de Besson s'intitule « ministère de l'immigration et de l'identité nationale. » Ou du dérapage national !