Benoit de Canfield est un mystique chrétien du 17ème siècle (1562-1610) qui a écrit un livre admirable :
La règle de la perfection.
Benoit de Canfield est un anglais réfugié en France. L'essentiel de sa pensée mystique se trouve dans ce livre et en particulier dans la troisième partie qu'il refusa longtemps de publier la jugeant "pas convenable pour le commun" car on y trouve un véritable chemin de déification, d'union avec le divin d'une grande audace. Comme l'écrivent Dominque et Murielle Tronc dans leur préface:
"Ce qui a le plus choqué les censeurs, ne fut pas de dire la possibilité d'extases exceptionnelles, depuis longtemps reconnue, mais la hardiesse d'affirmer que l'expérience finale, qui allie vacuité et amour peut-être habituelle."
Voici un extrait de ce livre:
"Cette annihilation est si parfaite et habituelle en l'âme en ce degré ici que, toutes choses parfaitement réduites à rien, elle demeure comme suspendue en une immense vacuité ou nihilaité, sans pouvoir voir ni appréhender chose aucune, ni même elle-même ; laquelle infinie vacuité, ou nihilaité, ressemble à la sérénité du ciel sans aucun nuage, et est une déiforme lumière.
Or en cette lumière est aussi l'amour (non autre chose) qui doucement enflamme, brûle et allume l'âme, et ce si secrètement, simplement et intimement qu'elle ne cause nul mouvement ou motion de l'âme qui puisse empêcher cette sérénité, mais au contraire, elle en est si subtilement agitée et si doucement éprise qu'elle se fond, liquéfie et s'évanouit davantage, et est sa tranquillité et sérénité augmentée.
Cette vaste solitude de nihilaité est cette solitude de laquelle l'Époux dit : Je la mènerai en solitude et parlerai à son cœur (Osée, 2,14). Et d'autant que cette immense spaciosité de nihilaité lui est maintenant comme habituelle, pour en avoir vu le fond par expérience, et cette amour comme connaturelle pour être fondue et transformée en elle, de là, dis-je, advient que le fait est continuel, à savoir l'habitude d'union, ou continuelle assistance et proche vision de cette essence."