Julian Casablancas, leader des Strokes, effectuait hier soir son retour sur scène, en solo cette fois. Ce concert-événement aux allures de retour de l’enfant prodige a tenu ses promesses, sans pour autant transcender.
L’album de Julian Casablancas sorti début novembre fait figure d’ ovni dans le monde du rock. Ou en tous cas d’album en marge, affichant une volonté de rompre avec le passé des Strokes et les codes du rock par des compositions ambitieuses au son résolument moderne. Pourtant, ce sont bien les synthés qui poussent les guitares en backstage !
21h pétantes, les six musiciens (les « Sick Six ») montent sur scène pour mettre en marche une véritable machine de guerre : deux synthés (permettant de s’affranchir de la bonne vieille basse, deux guitares et deux batteries, dont une réservée aux mic-macs életros) ! Niveau look, le batteur semble tout droit sorti d’un mauvais carnaval allemand, un des guitaristes semblait plutôt s’échapper de Tryo avec ses favoris baba-cool alors que les deux claviéristes arboraient une tenue robotique digne des plus belles panoplies de Ladytron. Julian, quant à lui a fait honneur à son look traditionnel, cuir et coupe négligée de rigueur.
Début en douceur avec Ludlow Street devant un public conquis prouvant que l’aura de Casablancas n’a pas baissé d’un iota. On a toujours les groupies hurlantes qui tendent des mains et couinent dès que leur idole lève le petit doigt ! Julian ne peut résister dès le deuxième morceau, un Rivers Of Brakelights dévastateur, et il plonge dans ce tapis de mains qui n’attendaient que la venue de leur messie pour hurler de plus belle.
Souvenir ému du premier concert des Strokes en France à La Mutualité le 19 mars 2002 où Julian avait aussi plongé dans la foule (oui, on y était !).
La machine est lancée, les titres s’enchaînent avec précision avec un batteur réglé comme une machine à débiter du beat. Le son est franchement puissant et aussi précis que sur l’album, une prouesse salutaire tant la complexité de l’enregistrement semblait difficile à reproduire sur scène. Le public acquiesce à 200%, surtout sur le single 11th Dimension aux allures de New Order ! Petite surprise en douceur avec une reprise de I’ll Try Anything Once des Strokes (face B de Heart In A Cage), qui est en fait la version démo de You Only Live Once, en hommage à l’enfant de Julian, désormais seul sur scène avec un claviériste. Au bout de 40 minutes, Julian fait des signes de remerciement et quitte la scène, suivi du groupe avant de revenir pour 30 Minute Boyfriend, morceau d’une violence électronique déflagratrice qui nous donne l’impression d’être sur un vaisseau spatial attaqué de toute part.
Après quelques flatteries en français ( »Vous êtes le meilleur public« , « Nous reviendrons bientôt« ), l’ami Julian se retire dans l’ombre laissant ses compères achever le travail. Concert plié en 50 minutes, pas de réelle surprise, contrat rempli.
A vrai dire on n’en attendait pas plus du Casablancas cuvée 2009. Vous avez dit cuvée ? Non non, soyez rassurés, Julian semble avoir rangé ses problèmes de picole au rayon des mauvais souvenirs et promet un retour avec les Strokes pour bientôt.
Quoiqu’il en soit, l’échappée belle de Casablancas est plus que salutaire : l’intérêt d’un album solo réside notamment dans la capacité à s’éloigner de son groupe pour tenter des expériences musicales que ses acolytes n’acceptent pas forcément. C’est exactement ce que cherchait Julian en cherchant « l’efficacité de la musique moderne et la puissance et le sérieux de la musique classique ».
Allez, en bonus une vidéo de bonne qualité de Left & Right In The Dark (merci à But We Have Music)