En septembre dernier, je l'avais retrouvée dans son bureau entourée de portants de tshirts. C'est alors qu'elle m'avait parlé de son projet: fêter ses 20 ans de création en invitant les internautes à voter pour leurs tshirts préférés sur www.ilovecobsont-shirt.com. Les meilleurs 20 tshirts seraient réédités en mars 2010. Une fois le site en place, j'ai eu envie de vous reparler de ce projet. J'ai retrouvé Corinne dans sa boutique de la rue Charlot accompagnée de son mari Tanguy, photographe et ancien grand reporter.
Quel a été ton premier tshirt ?
J’ai fait mon premier tshirt il y a 20 ans. C’était ma 2e collection, je débutais à peine et je n’avais pas du tout prévu d’en faire. Un jour, je suis allé dire bonjour à ma mère (ndlsb: créatrice de Dorothée Bis) qui était en rendez vous avec son fabricant de tshirt. Dans mon sac, j’avais 3 photos de mon mari Tanguy qui à l’époque était grand reporter de guerre. Je lui ai montré et je lui ai dit que je voulais faire ça. Je lui ai demandé combien me coûterait un tshirt. Il m’a donné un prix mais je n’avais pas du tout les moyens. Je lui ai demandé si c’était moins cher en noir et blanc, mais c’était encore trop. J’avais donc abandonné le projet.
Mais quelques jours après, le fabricant m’a rappelé et m’a dit c’est tellement intéressant votre projet: je vous offre les frais techniques et on démarre. Mon premier motif était Racismo, le deuxième Nomade, depuis je n’ai jamais arrêté de les faire…
Parallèlement, j’avais été aux puces et j’y avais trouvé un tshirt rayé bleu et blanc Petit Bateau de mon enfance. Le vendeur n’avait que du 8 ans. Je rentre chez moi, je l’enfile, et je me trouve tellement sexy que j’appelle le fabricant et je lui dit en plus j’ai le modèle. Je suis parti du tshirt bateau que j’ai adapté en ne gardant que le tour de poitrine et le tour de taille.
A l’époque ces tout petits tshirts n’existaient pas, surtout avec des motifs engagés comme les miens. Je n’ai jamais changé la forme, avec une taille unique sur les petits modèles. Depuis très peu de temps, j’ai rajouté des modèles plus classiques où ce qui prime est le motif et moins la forme. Maintenant je travaille sur des tshirts qui seront physiologiques.
Pourquoi as tu commencé avec les photos de Tanguy ?
A cette époque, je vivais tous les jours avec des images de guerre. Lorsqu’il était absent, je regardais les infos en boucle. J’étais vraiment dedans. Il a un regard différent des autres photographes. J’ai utilisé ses motifs à plusieurs reprises comme pour le tshirt Where is God pris au Darfour. Derrière il y a une carte du Darfour. Je l’ai fait il y a 15 ans. Quand tu regardes ce qu’il se passe au Darfour, la situation n’a pas évolué avec le temps.
Racismo n’est pas une photo de guerre, mais une photo prise au Brésil. C’est un tag barré avec deux policiers sur les côtés.
Maintenant, je n’utilise plus ce qu’il fait car c’est un travail artistique. Je m’interdis de le mettre sur des tshirts.
Comment travailles tu les motifs ?
Les dessins sont tous faits maisons. Je vais photographier un trottoir, l’agrandir, le diminuer, découper des morceaux. Je peux aussi travailler avec certains artistes comme Artus, mais en général je les crée moi même. Je respecte trop les artistes et leur travail pour avoir l’idée de les copier.
Quelle a été l’évolution de tes tshirts ?
Mes tshirts sont peut être plus rock’n’roll mais il y a moins de contenu social qu’au début… Je me suis rendu compte qu’il fallait un peu que je revienne à mes sources. Je les ai un peu trop quittées à un moment donné.
Tu travailles encore en sérigraphie à l’ancienne…
La seule chose que je trouve dommage c’est qu’aujourd’hui, les gens ne savent pas sortir du format Photoshop. Partout, les tshirts restent dans un carré ou un rectangle, ils ne partent pas sur les côtés. Beaucoup travaillent en transfert ou en impression numérique, du coup tout se ressemble partout…
Je veux revenir vers le crayon, le papier, le collage et après tu peux finaliser ton dessin sur Photoshop mais la matière de base doit être artisanale. C’est cela qui donne la matière et la profondeur et après tu travailles avec ton sérigraphe sur l’autre matière. Les contraintes de sérigraphie, où tu ne dépasses pas 3 ou 4 couleurs, te préservent une identité. Je considère aussi mes tshirts comme des collectors parce qu’avec la sérigraphie, on ne peut faire que peu d’exemplaires. C’est une épreuve d’artiste.
Quels sont les tshirts qui restent importants pour toi ?
Certains tshirts ont été importants dans mon histoire soit au travers des photographies, soit parce qu’ils ont un côté affectif. Chacun d’entre eux a une histoire. Un jour, Vanessa Paradis était venu chez moi avec un super beau pantalon qu’elle voulait faire réparer. Je lui ai alors proposé de faire un tshirt pour aller avec. J’ai pris un petit bout d’un imprimé de foulards indiens très 60s pour en faire un tshirt. Ce tshirt n’a rien d’exceptionnel mais c’est le souvenir d’une rencontre avec Vanessa Paradis.
Et ton tshirt préféré ?
En ce moment, j’ai redécouvert Where Is God ? qui correspond très bien à ce qu’on vit en ce moment. On peut se demander où il est dans le monde actuel… Pourquoi il nous laisse tous dans cet état là.
J’aime aussi Desire avec la Ford Mustang. C’est la voiture que je rêve d’avoir mais qu’en même temps je ne veux pas. J’adore le bruit de la Ford Mustang, ce ronron assez gras…
Quels sont les thirts qui sont plébiscités par les votes ?
Il est encore trop tôt pour le dire. Il y a déjà plus de 200 personnes qui ont voté mais jusqu’à présent, j’ai été assez surprise des choix. On verra le résultat final…
Les tshirts sont visibles à l'Espace Corinne Cobson
66 rue Charlot
Paris 3ème
Tel: 01 42 60 51 30
Site: www.corinnecobson.com
Le vote en ligne se déroule sur www.ilovecobsont-shirt.com jusqu'à fin janvier 2010.
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