Bref, en Moravie, on y resté 2 jours, on a visité plein de trucs (kek publies à viendre), et je dois dire que vraiment, "Olomouc" m'a beaucoup plu(e?). J'y retournerai sûrement un jour, parce qu'il y a des tonnes de choses à voir, c'est énorme d'histoire, d'architecture et de sympathie.
Donc on doit la colonne de la Ste trinité à l'architecte local, mais cependant architecte impérial (enfin tailleur de pierre au départ), "Václav Render" (ou "Wenzel Render" dans la version allemande). Local, il l'est resté toute sa vie, car en dehors d'"Olomouc", le gaillard a si peu voyagé qu'on ne lui attribue aucune oeuvre en dehors de la Moravie, mais peu importe. Selon la légende, tout aurait commencé par une lettre au conseil municipal datée de 1715 dont la teneur était: "En l'honneur et à la gloire de dieu tout puissant, de la vierge Marie et de tout les saints, je construirai une colonne qui n'aura d'égal en hauteur, ni en beauté dans aucune autre ville." Eh ouais, ça fout les boules, parce que ce n'est pas en l'honneur de la fin de la peste en Moravie (1714 - 1716) qu'il construisit cette colonne (ou alors en partie), mais surtout pour glorifionorer l'église catholique, la foi et tous ses animateurs.
Vous vous souvenez de la peste, la grande peste noire bubonique qui file des pustules purulentes dégueulasses et qui atteignit la Bohême vers 1713, puis la Moravie en 1714, que tout le monde croyait que c'était la punition divine qui s'abattait sur ses épaules d'impie mécréant et qui, une fois contaminé (mais des fois même avant, en prévention), sollicitait le pardon céleste plutôt que de bouffer de la pénicilline, de la céphalosporine, de la gentamycine, de la streptomycine et de la tétracyclines, l'immonde peste qui poussait chaque brebis à implorer la guérison du ciel par des prières, des processions, des dons de toute sa fortune aux pauvres (ou pire, à l'église), des promesses de pèlerinages à genoux jusqu'à Compostelle ou Jésus-ralem... vous vous souvenez? (sinon lisez "Daniel Defoe, Journal de l'année de la peste").
Sinon, un chronogramme est une inscription où les lettres majuscules correspondent à des chiffres romains et qui, additionnés, donnent une date liée à l'évènement décrit. Ainsi dans notre cas nous avons: trIVnI VeroqVe Deo praesentIbVs aVgVstIs franCIsCo atqVe theresIa CoLossVs Iste a CardinaLe troIer ConseCratVs 9. sept. (Au triplunique et vrai dieu, en présence des altesses François et Thérèse, le présent colosse consacré par le cardinal Troyer, 9 septembre), et si vous additionnez les grandes lettres (majuscules), soit IVIVVD - IVVVI - CICVI - CLVI - CDILI - CCV vous obtenez 1 5 1 5 5 500 - 1 5 5 5 1 - 100 1 100 5 1 - 100 50 5 1 - 100 500 1 50 1 - 100 100 5 = 1754. Dingue non? Ou encore, gLorIa Deo patrI Deo fILIo Deo paraCLeto (Gloire à dieu le père, au fils de dieu, au paraclet divin, sachant que le paraclet est parfois considéré comme le St esprit, parfois comme le défenseur, consolateur, réconforteur... enfin bref, le paraclet quoi). Pareil, donc si vous additionnez LIDI - DILI - DCL soit 50 1 500 1 - 500 1 50 1 - 500 100 50 vous obtenez 1754. Au nord-est: saCrata sInt eI soLI CorDa oMnIa (Qu'à lui seul soient consacrés tous les coeurs), CI - ILI - CDMI = 100 1 - 1 50 1 - 100 500 1000 1 = 1754. Pis un p'tit dernier pour la route, au nord-ouest, In fIDe pLena spe fIrMa CharItate perfeCta
Il est curieux de noter qu'on ignore totalement en quelle période eut lieu le changement d'intention, je veux dire qu'au début, la colonne de la Ste trinité comme la colonne Mariale devaient être consacrées à la peste noire bubonique qui file des pustules, etc, etc... et sur les plans (enfin le modèle) construit par l'architecte originel "Václav Render", la déco tenait justement compte des St patrons de la maladie (St Roch, St Seb...). Or sur l'édifice final, ils ont été remplacés par des patrons de la ville d'"Olomouc" et des notoriétés de l'église locale (ben tiens). Fut-ce un choix de "Václav Render", de ses successeurs, ou du conseil municipal une fois que celui-ci reprit les rênes du chantier? Ceci-dit, il eut été couillon d'avoir à quelques 100 mètres de distances 2 colonnes consacrées à la même maladie, avec sensiblement les statues des mêmes saints. Tiens... et à propos... lorsque le chroniqueur (local) "Florián Josef Loucký" écrivit son livre en 1746 sur la ville d'"Olomouc" pompeusement intitulé "Popis královského hlavního města Olomouce", "description de la capitale royale Olomouc",
Bien, donc la colonne de la Ste trinité mesure 35 m de haut, possède un diamètre moyen de 17 m au sol et se termine par une colonne pyramidale (pire amygdales :-) à 6 faces posée sur le socle à une hauteur de 20 m. Elle se présente sur le modèle d'une pièce montée (gâteau) de mariage à 3 étages consacrés (les étages) à Jésus et à sa famille, aux apôtres, témoins et saints, et à des membres de l'église morave de l'époque. C'est le symbole du triomphe catholique, l'apothéose de la recatholisation de la Moravie, symbole accentué par la présence de l'archange St Michel combattant l'hydre de l'hérésie.
Alors les statues sont les oeuvres de divers sculpteurs.
La chapelle du dedans, je ne l'ai pas vue parce que c'était fermé, et apparemment on n'y accède pas tous les jours. On y verrait 6 reliefs sur le thème de l'offrande (ou du sacrifice?), Caïn faisant offrande à dieu de sa moisson pourrie (dieu refusa et ça se finit mal, Genesis 4:3), Abel faisant offrande à dieu des agneaux nouveau-nés (dieu accepta mais ça se finit mal aussi, Genesis 4:4), l'holocauste de Noé après le déluge (j'y reviendrai), dieu demandant à Abraham de lui sacrifier son fils Isaac (mais ça se finit bien, parce que dieu préfère le méchoui de mouton, Genesis 22:2), Abraham préparant le barbecue de bélier pour dieu (à la place de son fils Isaac, pas assez tendre, Genesis 22:13) et la mort du Christ sur la croix (offrande de qui, sacrifice à qui?). Rapide parenthèse sur Noé. Lorsque le déluge prit fin: aedificavit autem Noe altare Domino... Noé construisit un autel pour l'Eternel, il prit de tous le bétail pur et de tous les oiseaux purs, et les offrit en holocauste sur l'autel (Genesis 8:20). L'Éternel sentit une odeur agréable, et l'Éternel dit en son coeur: je ne maudirai plus la terre, à cause de l'homme, parce que les pensées du coeur de l'homme sont mauvaises dès sa jeunesse, et je ne frapperai plus tout ce qui est vivant, comme je l'ai fait (Genesis 8:21). Alors premier truc, c'est quoi un animal pur? Deuxièmement, c'était bien la peine de sauver les animaux du déluge pour les bruler sur l'autel ensuite. Troisièmement, comment un dieu qui sent en la mort (sacrifice) d'êtres vivants une "odeur agréable" peut être sympathique? Quatrièmement, l'Eternel infaillible reconnaitrait-il avoir fait une erreur (contrition)? Cinquièmement, si "les pensées du coeur de l'homme sont mauvaises dès sa jeunesse", alors faut le foutre au gnouf dès sa naissance et lui bourrer sa pernicieuse tête à coup de pieds au cul de saintes écritures, plutôt que de l'envoyer en élevage à l'école de la République.
Parlons maintenant un peu du "Jan Sarkander" (ou "Sarkandr", c'est pareil, 1576-1620), parce que ça ne s'invente pas non plus ça. Comme je vous le disais auparavant, les Moraves n'ont pas spécialement de bienveillance avec Prague, et c'est pour cette raison qu'à une époque (baroque) où Prague se mit à aduler St Jean de Népomucène, les Moraves s'inventèrent alors le leur de St Jean, bien morave et pas praguois, avec cependant exactement les mêmes caractéristiques (et le même prénom). Oyez plutôt. En 1616, "Jan Sarkander" devint curé de "Holešov", sur les terres du "hejtman" ultra catholique "Ladislav Popel z Lobkovic" (le jeune, 1566-1621, fils de "Ladislav II Popel z Lobkovic") dont il ("Jan Sarkander") devint le confesseur. De l'autre côté, du côté protestant se trouvait le sieur "Václav Bítovský z Bítova", homme de poigne et de franc-parler, qui n'avait rien d'autre à fiche de son temps que de chercher des noises dans la tête des autres catholiques, à des "Ladislav II Popel z Lobkovic", mais aussi à un certain "Albrecht Václav Eusebius z Valdštejna" alors quidam inconnu. En 1619, en pleine période de révolte des états à Prague, notre "Ladislav" catholique perdit de son pouvoir (comme tous les catholiques) et conseilla à ses potes (dont "Jan Sarkander") d'aller apprécier la verte couleur de l'herbe en des contrées plus calmes. Ben du coup, notre curé s'en alla faire un pèlerinage à "Częstochowa" (Pologne), histoire de se rappeler au bon souvenir de la madone noire. Il revint en Moravie en novembre 1619, au moment où les mercenaires du roi catholique polonais