Retour à un article musical en reprenant cette vieille biographie que j’ai pu écrire il y a déjà quelques années pour mon ancien et propre forum musical ( mort de sa belle mort avec le temps ), une bio remise à jour et consacrée à l’un de mes groupes préférés si ce n’est mon groupe préféré.
HIM
Parce qu’il s’ennuie derrière le comptoir du sex-shop ( ce qui pourra expliquer
certaines photos étonnantes que vous pourriez trouver sur le net ) paternel, chauffeur de taxi reconverti dans le marché du sexe au Urho Kekkosenk 4-6 à Helsinki en
Finlande ( adresse du dit sex-shop Aikuisten Lelukauppa, le magasin de jouets des adultes en français ), le jeune Ville Hermanni Valo – de son
nom complet et réel – âgé de 15 ans décide de monter un groupe.
Ainsi, en 1991 ( ou 93 selon les sources ), l’étudiant en musique, s’adjoignant le chant à la batterie, est rejoint par son meilleur ami,
Mikko Viljami Lindström surnommé Linde, guitariste et bassiste, avant que ne vienne les aider en libérant Linde de la basse Mikko Heinrik Julias Paananen.
Se cherchant encore leur style musical mais profitant du coté jeune poète maudit de leur leader et chanteur, le jeune trio se donne tout de même deux ans pour enregistrer quelque chose.
Inspiré par la lecture de la «Bible Satanique » d’Anton Lavey, faisant écho aux clichés d’un adolescent découvrant KISS, Black Sabbath ou Iron Maiden, Ville
Valo décidé, après plusieurs hésitations, d’appeler leur groupe His Infernal Majesty : Sa Majesté Infernale !!
Rejoint par le batteur Juhana Rantala, libérant Ville des fûts pour s’occuper désormais exclusivement du
chant, et Antto Melasniemi aux claviers, en 1994, ce cover band de titres
des new-yorkais de Type O Negative parvient à imprimer en 1995 une première démo : « This Is Only The
Beginning », annonciatrice de l’envie de continuer et de la force décidée de ces cinq jeunes gens avec ces six
titres ( « Serpent Ride », « Borellus », « The Heartless », « Stigmata Diaboli », « The Phantom Game » et déjà cette cover, non pas de Type O mais
de Chris Isaak « Wicked Game » ).
Remarqués avec cette première autoproduction ( aujourd’hui collector
tellement rare ), nos cinq musiciens signent chez BMG chez qui ils sortent l’année 1996 suivante leur
premier EP « 666 Ways to Love :
Prologue », qui avec ce titre annonce déjà la couleur à venir de Sa Majesté Infernale mélangeant le coté obscur d’un prétendu sombre satanisme avec ce chiffre de la
Bête, 666, associé à ses « façons d’aimer » romantiques.
Ce prologue sera aussi la seule photo publique connue de la mère de Ville Valo, Anita ( dont il a hérité des traits hongrois de cette prétendue descendante
de Vlad Tepes ), pour l’anecdote. Faisant de cet objet, vendu alors uniquement dans leur pays natal aux 1000 Lacs à autant d’exemplaires, un autre objet rare de convoitise pour les
collectionneurs.
Les quatre titres y proposés ( « Stigmata Diaboli » et « The Heartless » déjà connus, leur cover de
Chris Isaak « Wicked Game » toujours mais surtout ce « Dark Secret Love » sur lequel participe une ex de Ville
Valo, Sanna-June Hyde, pour ce sombre duo amoureux ) marquant dès lors les influences romantico-morbides du songwriter anglophone, mélangeant ses
inspirations gothiques pour le coté sombre, glam pour ses thématiques amoureuses et metal ( hard-rock ) avec les riffs des guitares de ses amis.
Leur style vient de germer.
Se taillant une fort belle réputation avec leur reprise de Chris Isaak,
« Wicked Game » ( faut-il le répéter ? ), le groupe ne reste pas pour autant le groupe de covers qu’ils auront été à leurs débuts et c’est l’année 1997 suivante qu’ils sortent leur véritable premier album, « Greatest Lovesongs Vol. 666 », toujours
chez BMG.
Composé de onze pistes en fait sur les soixante-six présentées, ce très bel album, qui compte neuf compositions signées Ville et Linde ainsi que deux
reprises, toujours et encore une énième version du « Wicked Game » de Chris Isaak mais surtout « ( Don’t Fear ) The Reaper » de Donald Roeser pour les Blue Oyster Cült ( sur laquelle Sanna-June Hyde vient encore opposer sa très belle voix féminine à Ville Valo dans ce très beau duo ), permet au groupe de se faire connaître au-delà de leurs
frontières et dans la péninsule scandinave.
Accompagnés de Sanna-June Hyde, background vocal féminin, les cinq garçons vont entamer leur montée vers le succès, la beauté des traits androgynes exploités de leur chanteur filiforme, accentuée
par l’émotion qui perce de son chant lancinant, n’étant pas sans effets auprès du public féminin.
« Greatest Lovesongs Vol. 666 » qui poursuit dans le mélange textuel de genres antonymes ( l’amour des Lovesongs s’opposant
et se mélangeant encore ici aux clichés sataniques du chiffre de la Bête ) pour témoigner d’une certaine noirceur des histoires d’Amour ( comme le septième titre de l’album « When Love and Death Embrace » ), voit pourtant le départ après cette sortie fracassante d’Antto, remplacé cette année 1998 là par Zoltan Pluto aux claviers.
Juhana Rantala aka Pätkä cédant,
lui, les fûts en 1999 à Mikka Kirstian Karppinen ( qui prendra le pseudonyme de Gas Lipstick, comme ses
partenaires aux noms typiquement finnois auront pris des pseudonymes anglophones plus prononçables avant lui : Linde se faisant appeler Lily Lazer et Mikko Heinrik Julias Paananen prenant le nom de Migé Amour ).
Après ces changements de line-ups intermédiaires, le groupe est révélé partout en
Europe – excepté en France, forte de son éternelle exception culturelle française – en plaçant en première place des charts européens son hit et single
« Join Me in Death », qui avec ce titre n’étant pas sans rappeler l’incroyable histoire d’amour tragique et shakespearienne de Roméo et Juliette mais qu’ils devront
réintituler assez rapidement « Join Me » tout simplement, les suicides de jeunes finlandais pouvant leur être attribué, sic !! Le remplaçant, dès 2001, par l’actuel clavier Jani Purttinen ( alias Emerson Burton )
Le groupe de ce passionné de The Mission, Sister Of Mercy ou Kiss ( groupe de Gene Simmons à qui Ville Valo voue un culte après avoir été fan de la Kiss Army finnoise ) se
retrouvant à la limite des feux judiciaires qu’auront franchi Judas Pries entre autres.
Parti au Pays de Galles, Sa Majesté Infernale devient tout simplement Lui, le groupe et Ville Valo trouvant leur nom de His Infernale Majesty imprononçable pour leur public national et finalement
assez éloigné de ce qu’ils voudraient représenter lui préférant ce bel acronyme définitif de HIM.
Et c’est ainsi qu’au Pays de Galles le groupe HIM enregistre son nouvel et second album « Razorblade Romance », édité en 2000, toujours chez BMG.
Composé de douze pistes ( dans son édition initiale ), cet album merveilleux prouve qu’ils ne sont vraiment plus un simple cover band : « I Love You »,
« Poison Girl », « Join Me in Death » donc, « Right Here in My Arms », « Gone with the Sin », « Razorblade Kiss », « Bury Me Deep Inside Your
Heart », « Heaven Tonight », « Death Is in Love with Us », « Resurrection, « One Last Time » et « Heaven Tonight » restant de
putains de magnifiques titres.
Meilleur album, sans aucun doute, du quintet, « Razorblade
Romance » ne fait que charmer des jeunes filles en fleurs en venant leur susurrer aux oreillettes de leur casque ces histoires d'amour et de mort composées par Ville Valo.
Après leur avoir avoué qu'il les aimait, ce dernier n'hésitant pas à les traiter de « fille(s) empoisonnée(s)/empoisonnante(s) » avant de leur demander de le rejoindre dans la mort
quand pourtant il ne se sentirait presque bien que dans leurs bras mais qu'une certaine envie de meurtre risque pourtant de guider ses pas lourds d'un romantisme gothique vers une mort qui
devrait les unir, une dernière fois, dans l'Amour, tous les deux/tous ensemble.
Plus qu'une résurrection - pour rester dans l'histoire racontée par les titres de cet album – « Razorblade Romance » est la confirmation du talent de son auteur-compositeur et
interprète Ville Valo et la révélation médiatique d'un groupe "gothique" pas comme les autres.
Car si HIM s'est fait connaître dans un cercle restreint d'auditeurs gothiques, passionnés de choses morbides et se voulant amants d'un suicide romantique prémédité, ce disque de platine, produit par John Fryer ( producteur de White
Zombie ), devrait savoir faire entrer le groupe dans le cœur de tous ceux et celles ouvertes à d'autres émotions sonores que le pseudo-gothisme sataniste de Marylin Manson ou le rock
prétendument nihiliste de Slipknot. Succès est à la clef, cet album est celui qui révèle le groupe de Ville Valo !!
L’album voyant son succès s’accroitre en Europe ( à l’exception de la France, vous m’aurez suivi ) lorsque le single « Join Me in Death » se retrouve ajouté à la version
européenne du film de science-fiction et de réalité virtuelle de Roland Emmerich ( oui, oui, celui de « GODZILLA » et autres
« INDEPENDANC DAY » ) « THE 13TH FLOOR » - une version associée à des images du film de la chanson donnant naissance à un second
clip promotionnel du titre ( dont la pochette du single reprendra le visuel de l’affiche ).
Et c’est alors que le groupe connait un succès européen ( qui a demandé en France que je lui colle un bonnet d’âne ?! ), que certains disquaires US se mettent à vendre ce second album (
obligeant la maison de disque et le groupe à le rééditer sous l’appellation de HER ( Her Evil Royality ), un groupe local y possédant déjà les
droits, alors, pour HIM, faisant de cette variante de l’album un collector de plus pour les fans ) et qu’il finit par être disque d’or que, pourtant, Zoltan Pluto décide de quitter le groupe pour
reprendre ses études de médecine !!
Ce CD ne fait que confirmer la somptueuse beauté des textes de Ville Valo quand l'instrumentation de ses titres sait où aller chercher la profondeur des émotions qui doivent être associées à ses chansons "nunuches". Ce troisième album ne fait que donner une raison supplémentaire d'aimer ce groupe, même s’il peut sembler plus doux que les deux précédents.
Une douceur ou un coté « nunuche » qui n’empêche pas le groupe de vendre ce « Deep Shadows and Brilliant Highlights ».
L’album allant compter surement un maximum de remixes vendus en parallèle. Remixes qui réorchestrant ces onze titres vont en donner des réinterprétations acoustiques ou accompagnées de cordes ( violons, violoncelles, etc ) accentuant la puissance de titres comme « Salt in Our Wounds », « Heartache Every Moment », « Lose You Tonight », « In Joy and Sorrow », « Pretending », « Close to the Flame », « Please Don't Let It Go", "Beautiful », « Don't Close Your Heart », « Love You Like I Do » et « Again ».
C’est cette même année 2001 que sort le très beau livre biographique
consacré au groupe : « Synnin Viemää », exclusivement en finnois et qui n’est autre que la traduction du titre « Gone with the Sin » ( que l’on pourrait
traduire par « Autant en emporte le péché » ) paru sur le précédent CD « Razorblade Romance ».
Ville Valo et Migé Amour allant rejoindre également en parallèle leur ami Linde dans son side-project musical, Daniel Lioneye, groupe de pur rock’n’roll
Le groupe concluant l’année le 31 décembre 2001 avec leur désormais traditionnel concert au Tavastia Club
d’Helsinki, s’y produisant annuellement pour un nombre limité de fans.
Après une année sabbatique ( de repos, quoi ! et non en rapport avec le groupe culte d’Ozzy Osbourne ) en 2002,
Ville Valo réentraine son groupe sur les scènes européennes et américaines, grâce à l'appui d'un fan absolu devenu l'un de ses meilleurs amis : Bam
Margera de l'équipe de Jackass himself !!
Le quintet préparant, enregistrant et mixant leur quatrième album : « Love Metal », sorti en avril 2003. Celui qui donne, enfin, un nom
au style musical du groupe. Ou hérite du genre musical si particulier romantique et rock à la fois qu’a développé le groupe.
En-deçà des productions précédentes, aux premiers abords, peut-être à cause de son travail américain ( californien précisément ), « Love Metal » n'en reste pas moins un très bon album
du groupe, qui compte, comme les autres, son lot de succès et de titres ne pouvant que vous faire rêver d'emballer encore et encore avant de se coucher, ensemble, sur ce lit de mousse et de roses
et de s'aimer d'un amour plein et éternel, par-delà la mort, par-delà les limites de la condition mortelle et humaine.
La onzième piste « Love’s Requiem », disponible sur des pressages annexes, valant elle-même le coup pour ses 8 minutes 35 de guitares et claviers accompagnant la mélancolie
communicative de Ville Valo, condensant dans ce final ( caché puisqu’inconnu des édition simples ) toute la beauté de l’album : l’espoir né du cœur des ténèbres étant le requiem d’un amour
écrit et chanté par l’un des plus beaux poètes romantiques contemporains, Ville Valo.
Les dix autres titres ( « Buried Alive by Love”, “ The Funeral of Hearts”, “ Beyond Redemption”, “ Sweet Pandemonium”, le trippant “ Soul on Fire”, le superbe “The
Sacrament” concluant cette virtuelle Face A du CD, “This Fortress of Tears”, “Circle of Fear », « Endless Dark » et The Path » ) ayant été ces dernières années la
bande-son de mes douleurs amoureuses, de mes doutes sentimentaux, l’inspiration musicale de mon écriture lyrique, à titre personnel.
Symbolisant par son titre et sa pochette ( le célèbre heartagram symbolique du groupe qu’a dessiné Ville Valo, y mélangeant un cœur dans un
pentagramme, Ying et yang romantique réunissant l’amour et la mort fusionnés en une seule entité mystérieuse comme dans ses textes ) la quintessence du groupe, « Love Metal » sera
l’album le plus médiatique du groupe, aidé dans sa collection de hits ( « The Funeral of the Hearts », « The Sacrament » ou
« Buried Alive by Love » ) par la réalisation de deux clips signés Bam Margera, qui en sus de faire apparaitre Juliette Lewis ( "TUEURS NES", "STRANGE DAYS" ) dans le
rôle d’une fan éprise de Ville ( dans le clip de « Buried » enchainé au tournage de « The Sacrament » ) aura invité plusieurs fois le groupe et/ou son chanteur à
participer à son propre show TV « Viva La Bam » ( dont le générique est le «The King of Rock'n'Roll » de Daniel Lioneye ).
Prenant de l’ampleur outre-Atlantique, HIM se lancera, en 2004 ( d’abord en février et plus tard dans l’année ), dans une grande tournée des stades US en compagnie, entre autres,
d’Ozzy Osbourne, l’ex-chanteur de Black Sabbath, groupe à qui Ville Valo voue un culte comme mentionné plus haut.
Médiatiquement, le groupe faisant les couvertures de mags comme « Kerrang », « Rolling Stone » et autres versions anglophones de « Rock
One »…
Après un premier best-of, « And Love Said No », homonyme au single inédit « And Love Said No » ( dont le clip est encore une fois réalisé par Bam Margera ), et réunissant cet inédit et une cover de Neil Young : « Solitary Man » ( dont le clip est… oui, réalisé aussi par Bam Margera ), parmi les 17 titres sélectionnés, paru en 2004, le groupe repart sur les routes américaines pour une nouvelle tournée.
Sorti en septembre 2005, l’album « Dark Light » sombre encore plus dans la mélancolie et la noirceur, même si l’association antonyme du titre laisse espérer une lueur (
d’espoir ? ) dans cette obscurité – à moins qu’il s’y agisse d’une lumière sombre.
Tout au long de dix ou onze titres, selon la version, les protégés de Seppo Vesterinen ( producteur également de The Rasmus, autre groupe
finlandais devenu célèbre en 2003 avec leur titre « In the Shadows » et l’album « Dead Letters », et avec le chanteur duquel, Lauri Ylönen, Ville Valo enregistrera un superbe
duo vocal masculin pour un tierce groupe finlandais, Apocalyptica : « Bittersweet » ) délivrent à leur public des titres peut-être moins prenants et puissants que ceux des premiers
jours mais dont la finesse et le travail n’en font pas moins d’excellents hits en devenir : « Killing Loneliness » ( et ses deux vidéos ) en tête.
Après un double interlude composé des deux compilations jumelles
« Uneasy Listening Vol. 1 » et « Vol. 2 », respectivement parues en novembre 2006 et avril 2007, et
reprenant de très belles pochettes bleu et rouge ( présentant une nymphe victorienne et un vampire aristocratique et victorien qui n’est pas sans rappeler le Dracula de Coppola ), sort fin
septembre 2007 le sixième et dernier album studio du groupe chez BMG : « Venus
Doom ».
Si le double album « Uneasy Listening » reprend bon nombre de remixes que les aficionados auront déjà possédé dans l’achat compulsif des singles, y additionnant quelques inédits et
raretés comme « Sigilum Diaboli » ou les cover « Sail On » et « Rendez-vous with Anus », « Venus Doom » et son horrible
pochette peinte réunit neuf titres ( et deux remixes ), parmi lesquels le très bel acoustique trop court « Song or Suicide » d’un
Ville Valo en solo mais aussi la très belle ballade « Sleepwalking Past Hope » ( dont l’intro au piano de ces dix minutes de beauté après des riffs puissants dépasse
la pourtant déjà très belle introduction pianoté également de « The Sacrament » ). Comme à chaque fois, Ville Valo aura su mêler les instruments en s’autorisant des solos bruyants ou
moments lyriques sur des titres en laissant espérer le contraire et vice-versa pour nous signer un album plus adulte, plus étudié, plus analytique, plus froid. Cette maturité et cette noirceur
destructrice terriblement séductrices ( comme une Vénus destructrice ? ) pouvant peut-être s’expliquer par la cure de désintoxication qu’a connu le songwriter, qui autrefois puisait son
inspiration dans ses histoires d’amour et de séparation – puisant maintenant ses textes dans son histoire d’amour avec la dépendance mais aussi, heureusement, leur séparation.