Dans notre contrée du Perche, il est d’un savoir faire oublié que je vais vous faire découvrir.
De nos jours, on s’empresse d’enclore nos propriétés de clôtures, de grillages et de barbelés (dans les prés), mais comment faisons-t-on avant ?
Par chez nous, de nombreuses haies entourent prés et jardins, le plessage se pratique sur toutes les espèces de feuillus pourvu que le sujet soit enraciné depuis plusieurs années (8ans est un minimum), et qu’il ait de nombreux départs à son pied.
On privilégiera les grands fuseaux comme le noisetier, le chataignier, le cornouiller. D’autres espèces plus délicates demanderont plus d’attention, comme c’est le cas pour moi avec le troêne.
Préparatifs
Voici ma haie, on remarque que le bas est ajouré, les petits animaux ont tendance à passer au travers, et la haie pousse toujours en hauteur très peu en largeur et encore moins au pied.
La technique du plessage consiste à effectuer une tresse avec la haie pour la rendre compacte et infranchissable.
Pour les outils, une serpette (en haut) pour plesser, et une scie à élaguer qui va nous permettre de sectionner la base (bien que la serpette soit de rigueur). Un très gros sécateur peu aussi être utilisé.
Le plessage se pratique en Mars avant la reprise de la végétation, et hors gel.
Période
La saison privilégiée est peu avant le printemps, donc de la mi-Février à fin-Mars, en dehors des périodes de gel.
Entaille de la tige
Encadré en rouge sur la photo une tige de troêne que je vais plesser, environ 4 cm de diametre hauteur 1,50.
Avec la serpette, j’entaille à 30cm du bas, et je conduis mon entaille vers la souche, pour traverser les 2/3 du tronc,
J’ai dégagé ma tige elle est “limite” cassante mais il lui reste un cordeau d’écorce qui sera alimentée par la sève et permettra à cette partie de la tige de rester en vert.
La partie droite (encadrée en rouge) est à éliminer.
La tige rabattue, il faut alors couper à la souche la partie verticale en faisant un biseau vers le bas pour éviter à l’eau de pénétrer au pied.
J’utilise ici la scie à élaguer car les troênes sont trop cassants por effectuer cette coupe à la serpette.
Le très rouge en bas indique, cette coupe.
Je plesse, plessez-vous ?
Pour plesser, c’est comme une tresse, il faut passer notre tige de part et d’autres de piquets verticaux.
On doit donc planter des piquets tout les 30cm, ou garder quelques tiges sur les souches qui remplaceront ces piquets, on les appelles alors des guettes.
Les guettes sont plus solides que les piquets car ne pourriront pas et resteront en vert. Je les aies surmontées d’un trait rouge sur la photo.
Et voilà la tige est passé devant derriere les guettes, entouré en rouge le pied à présent taillé comme il se doit.
A noter que la cime de la tige est laissée telle que, il faut éviter de la tailler (sauf pour les guettes), parole d’ancêtre.
Au premier plan la haie avant travail, la haie plessée apparait au plan suivant.
On constate que la haie plessée est très dense, l’enchevretement des tiges sur les guettes la rend très solide.
Que va t il se passer à présent ?
Au printemps, la sève va continuer à alimenter les tiges plessées par le mince cordeau d’écorce qu’il lui reste. La haie pousse alors à l’horizontale.
Durant l’été, de nombreux rejets vont apparaitre à la souche et vont venir s’enchevêtrer dans nos tiges horizontales, venant encore les renforcer au bout de quelques années.
Il nous faudra continuer à tailler notre haie, la première année ce travail sera moindre.
Début Mai, au Printemps
Le résultat est immédiat en quelques semaines, la sève monte dans les parties plessées et les bourgeons éclatent, les quelques tiges qui avaient été coupées sont déja complétement sèches ; le résultat est donc immédiat.
Il n’y a plus qu’à laisser passer l’été et faire une taille de formation à l’automne.
Au mois d’Août
Au plus fort de l’été la haie est devenue très touffue, j’ai déjà dû la tailler en largeur en Juin il faut déjà recommencer en Aout.
Au pied de la haie, les rejets se sont développés et s’élancent verticalement.
Conclusion
“Mais c’est un massacre…” pense le plus commun des mortels devant ce spectacle. Ce n’est que plaisir d’expliquer cette technique du plessage à ces personnes.
Autrefois elle encerclaient les prés des contrées du Perche, et un peu en Picardie. Avec 80% d’épineux (aubépine, prunellier…), qui s’y frottent s’y pique, chevaux et vaches passent leur chemin.
Lors du plessage, beaucoup de bois est récupéré pour le chauffage, l’occasion de faire de magnifiques fagots (qui a aujourd’hui le temps de les faire ?). Ces haies sont aussi clairsemées de trognes (ou tétards), ces arbres à semblance d’homme qui sont etêtés en même temps que le plessage de la haie, soit tout les 15 ans, période correspondant à une obligation ségnieuriale pour le bailleur.
En angleterre, on plesse aussi mais on mélange bois mort et bois vert (uniquement bois vert dans le Perche), de grands concours y sont mêmes organisés (mérite à celui qui plesse le plus et le mieux)…