Twitter n’est pas jouer…

Publié le 07 octobre 2009 par Davidme

  

Alors que le procès Clearstream bat son plein, un débat vient de voir le jour sur la pratique journalistique et sur l’usage de Twitter (ce service de micro-blogging en 140signes). En effet, durant les audiences de Clearstream, certains se sont essayés à twitter en live les témoignages des parties civiles ou des prévenus. En toile de fond une question : est-ce du journalisme ?
L’une des parties civiles au procès –Edwy Plenel président de Mediapart.fr – a déclaré hier « j’ai lu mon témoignage lors de l’audience Clearstream sur Twitter, c’était nul. Notre rôle de journaliste est de donner du sens ». Edwy Plenel soulève ici une question intéressante. Twitter outil par essence objectif est-il un outil nouveau pour notre profession ou au contraire est-il un nouveau fossoyeur de ce métier ?

Pour Plenel, il est clair que la deuxième appréciation est la bonne. Pour Christophe Barbier, directeur de L’Express qui a récemment livebloggé sur Twitter une rencontre avec Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Twitter est au contraire un « nouvel outil » pour donner des coulisses mais aussi et surtout pour remplir une fonction d’alerte. Un peu à la manière de ce que peut faire une agence de presse. Pour Barbier, Twitter est donc clairement un moyen nouveau de remplir son rôle de journaliste. Une composante en plus.

Débat intéressant. Quelle est l’influence de Twitter sur notre pratique du métier ? A mes yeux, Twitter est un nouveau lieu où l’information circule et où notre rôle de journaliste est de faire le tri et de recouper. Un endroit où il est possible d’échanger et d’alerter sur des infos ou des évènements. Twitter ne remplacera pas à mon sens le travail de journaliste et n’a pas pour but d’éclairer l’info, mais de la partager (par des liens) ou d’alerter. Twitter ne donnera jamais de sens à l’information et ne sera pas une nouvelle AFP.
Par contre, Twitter nous oblige, nous journalistes, à faire plus attention à recouper plus et à encore mieux hiérarchiser l’information. En parler comme le nouvel eldorado du journalisme me paraît être une erreur, le condamner complètement l’est tout autant. Cette période est passionnante pour les médias car nous tâtonnons tous face à de nouvelles pratiques, nous essayons et tentons de comprendre en quoi tel ou tel outil modifie la pratique journalistique.
Pour Twitter, j’y vois un moyen de partager de l’information que l’on juge intéressante (via les liens) et un moyen d’alerte. Par contre, il ressort de mon exploration que Twitter est aussi le lieu de l’anecdotique, de la blague et de l’info parfois non vérifiée.
Alors si nous avons certes besoin de Twitter, aiguisons encore notre sens de la hiérarchie et du tri pour pouvoir donner toujours plus de sens à l’information dans le cadre de nos papiers.

Qu’en pensez-vous ?