Magazine Humeur

A l’aide les Zumains, les Violences Sociétales

Publié le 08 décembre 2009 par Caryl

Pour ceux qui douteraient que le monde s’abîme, je voudrais vous soumettre les derniers chiffres qui viennent de tomber sur l’état des violences en France.

3,9 millions de ménages ont été volés ou cambriolés

100 000 cas de violence domestique de plus en un an

1 940 000 victimes d’agressions physiques

150 000 viols en 2007-2008

Le tout sachant que : 23% seulement des actes violents débouchent sur une plainte …

Les numéros verts de plainte de violences aux personnes âgées sont saturés, comme ceux de parents battus, de mères frappées sauvagement !
Vous avez bien entendu, de mères frappées parfois par des gamins de 10 ans et moins !!!
 Des femmes sont aspergées d’essence, les viols sont en augmentation exponentielle et les violences domestiques… 100.000 de plus sur un an…
Oui la Société se délite ! On bat, on frappe, on vole, on viole…

Voici donc la civilisation que nous avons construite, une civilisation de l’objet, de la pub, de la Consommation effrénée, où la seule réussite qui vaille est vécue sur le mode consommatoire…

Une civilisation définitivement avec un petit c, une civilisation de l’irresponsabilité, du RMI, des allocations familiales, du complément familial, de l’Allocation de rentrée scolaire, de l’Allocation de soutien familial, de l’Allocation logement, de la prime de déménagement, de l’allocation recouvrement de pension alimentaire etc…etc…

Une civilisation où le dernier grand remède, est de vous offrir un téléphone pour lancer un SOS vers un standard saturé avec, au bout du fil, des flics au mieux épuisés par cette violence quotidienne, au pire, désabusés voir même fatalement indifférents

Cela me rappelle deux épisodes tragiques de ma vie avant mon expatriation…

Mes parents sont âgés, les mêmes que ceux, flamboyants décrits dans 
« Une enfance Marocaine »…
Car nous sommes tous destinés à passer du stade de flamboyants à fragiles voir dépendants.

Papa reste un seigneur malgré son cancer invasif de l’estomac dont, d’ailleurs, on ne parle jamais. Il préfère s’intéresser aux autres. 
Maman est atteinte de la maladie d’Alzheimer. 
En France, un Alzheimer placé dans une maison, a une durée moyenne de survie, de15 mois, maximum.

Maman vivra 10 ans à la maison, sans jamais connaître une nuit d’hôpital ou de clinique…

On prend la décision d’opérer mon père pour l’opération (très lourde) de la dernière chance…85 ans, l’ablation de tout l’estomac…l’heure est grave. 
Maman, cette pauvre petite chose que l’on lange, lave et nourrit, qui ne comprend plus rien, a tout oublié, jusqu’aux mots et à la forme des objets. Maman qui pense certains jours, que je suis sa mère ou sa grand-mère et est parfaitement capable sans surveillance, de mettre le beurre dans la machine à laver, la télécommande du téléviseur dans le four et de verser de l’eau dans une chaussure pour boire avec…
Et bien Maman a capté que mon père allait partir et risquait de mourir…
Car ce que l’on ne sait pas, c’est que lorsque les humains perdent Tout, la raison, le ratio et l’intelligence, il reste l’Amour, cette force indestructible. 

Pendant la durée de son absence pour hospitalisation et convalescence, elle se laisse elle-même mourir et refuse toute nourriture.

Epuisée entre la maison et l’hôpital, pour insuffler de la force et de l’énergie aux deux, j’essaie de lui faire ingurgiter des bouillies nutritives. 
Lors d’un repas (épuisant !), elle fait une fausse route et s’étouffe…
Je suis seule avec elle, compose, d’une main tremblante le numéro du Samu en pleurant, et après qu’une standardiste puis un médecin m’aient fait raconter et décrire pendant d’interminables instants la situation, je m’entendrai répondre :
« Ayez du courage, c’est comme cela qu’on meurt » …

Traduction : Débrouillez vous, avec votre mère, ce déchet, n’est plus une urgence pour nous…

Je raccroche, détruite, devant cette violence sociétale qui est devenue la norme.

La douleur et le choc que je ressens ce jour là, face à cette indifférence, cette violence administrative, ressemblent à une chute du 3ème étage…

Je me ramasse en vrac, atomisée, et cependant, avec une énergie née du désespoir, je la renverse sur le côté où après force manipulations, j’arriverai, à la dégager…
Le médecin de famille entrera en action dans les heures qui suivent. On décide de mettre en place sur ma demande formelle, l’HAD, l’hospitalisation à domicile, on m’enverra un lit médicalisé, une infirmière le matin pour la laver et une infirmière le soir pour poser une perf.

Maman vivra quelques semaines de plus…dans une semi conscience, elle nous sentira proches et mourra entourée comme nous l’avions décidé, ne quittant la maison que pour sa dernière demeure. 

Papa…le lutteur, le combattant, va se tirer de cette opération lourde et mutilante…pour deux courtes années. 
Il avait dit au spécialiste: « Si m’enlever tout l’estomac est curatif, ok, si c’est palliatif, laissez tomber ».

Ils ont opéré, c’est tout à leur honneur. Ils ont tout fait pour sauver ce géant débonnaire, qui à 20 ans avait risqué sans un soupir, sa propre peau dans l’Enfer du Débarquement de Normandie, pour que nous puissions vivre libres et heureux.
 Mais le cancer gagne malgré tout du terrain. Il sort avec un tuyau dans le dos par où les urines sont évacuées. Il ne se plaint jamais et fait tout pour se débrouiller seul. Je ne le quitte plus. 
Une nuit… 2 heures du matin, de la lumière dans sa chambre…
Il marche de long en large comme un Lion blessé et souffre le martyre. 
Lui qui de sa vie entière, n’a jamais prononcé les mots, j’ai faim, j’ai froid, j’ai mal, j’ai sommeil…consent à avouer …que c’est …insupportable ! 
Sous l’effet de la douleur, sa tension atteint des sommets. Son visage est blême, crispé. 
Je cours au fond de la maison pour ne pas avoir à donner, devant lui, d’explications sur la gravité de son état, et appelle le Samu pour qu’ils viennent lui faire une injection de calmants, de toute urgence.

Et là à nouveau, le cauchemar sociétal. Au bout de longues minutes d’explications à deux interlocuteurs différents…on me répond que l’on va me donner une liste de médecins supposés être de garde…
Comme je sursaute et demande pourquoi ils ne viennent pas en urgence pour le soulager…jugez de la réponse… à la virgule prés:

« Non Madame, un monsieur de 86 ans, phase terminale de cancer, cela n’est plus une urgence pour nous ! »…

Traduction : La sentence est tombée, vous ne faîtes pas partis des critères de déplacements !

Sur toute la liste de médecins, un seul répondra, qui arrivera, trois longs quarts d’heure plus tard, avec une trousse de fillette et des comprimés bien incapables de régler une douleur paroxystique de cette intensité. 
Le médecin de famille, joignable aux heures ouvrables, mettra en place le lendemain un protocole anti douleur très efficace. 
Papa mourra comme un Seigneur deux semaines plus tard, dans nos bras et chez lui.

Ah il en faut du courage pour sortir des sentiers battus !
 En cas de gros temps, comme la maladie de vos proches, il en faut des certitudes, pour ne pas les abandonner au Système, pour ne pas les confier de longues semaines à des hôpitaux, voir des cliniques spécialisées où ils mourront entre 2 murs blancs et seuls.

Mieux même, dés la mort constatée, pendant que la famille est occupée aux innombrables formalités, on les déposera à l’Athanée. 
L’Athanée, le grand truc pour escamoter votre dernière présence sur terre aux yeux de la société qui ne vous veut que riche et en bonne santé…

Les statistiques indiquent qu’aujourd’hui on meurt seuls.
 La mort intervient la plupart du temps, dans les hôpitaux ou les cliniques, au moment où, il n’y a ni famille, ni médecins, ni infirmières…
Comme si les humains face à cette déshumanisation organisée, jetaient l’éponge !

Autrefois, on mourrait chez soi, en noir, entouré de toute la famille. Un pour tous, tous pour un. 
Aujourd’hui on meurt en blanc et seuls ! C’est le progrès social !

Oui il en faut du courage pour lutter contre cette Société de « Sachants » qui savent TOUT, sauf, l’essentiel…



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