La conférence qui se déroulait à Stockholm, intitulée Chaque mot sait quelques chose sur le cercle vicieux, lui a permis d'expliquer combien la dictature exercée dans son pays et les difficultés à vivre sou le régime communiste avaient finalement modelé son écriture, et motivé son départ en Allemagne.
« Je me suis beaucoup exprimée durant la dictature, principalement parce que je ne voulais pas fanfaronner. Habituellement, ma parole débouche sur d'horribles conséquences. Mais l'écriture a début dans le silence, sur ces marches, là où je devais parvenir àb tirer bien plus que ce que les mots permettaient. Ce qui se passait ne pouvait plus être exprimé avec la parole. »
Selon elle, la force de l'écriture réside non pas dans une question de confiance, mais plutôt une réelle tromperie. Paradoxe dans la dénonciation ?
C'est au cours d'une cérémonie qui se déroulera jeudi que Herta recevra son prix Nobel. Récemment, un ancien agent roumain avait fait quelques révélations sur l'état psychologique de la romancière, estimant qu'elle était atteinte de psychose et avait perdu une grande partie du contact avec la réalité.
Et justement, Herta achèva sa conférence par cette référence à un roman, La convocation, qui reprend un moment de sa vie, alors qu'un monstre des services secrets était face à elle : « Il hurla : écrivez ! Debout, j'écrivis sous sa dictée mon nom, ma date de naissance et mon adresse. Puis : quel que soit le degré de proximité ou de parenté, je ne dirai à personne que je... et voici l'affreux mot roumain : collaborez, que je collabore. Ce mot, je ne l'écrivis pas ».
(traduction Claire de Oliviera, pour l'édition française)