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Jeunes et syndicats, l’amour impossible ?

Publié le 08 décembre 2009 par Julienpouget

revolution

Bernard Thibault, Président de la CGT, vient d’annoncer sa volonté de consacrer plus de moyens financiers aux jeunes. Il a notamment déclaré :

" [...] un de nos problèmes, vous le savez bien, c’est que les jeunes ont des emplois de plus en plus précaires, ils arrivent d’ailleurs dans l’emploi de plus en plus tardivement et de façon de plus en plus précaire. Cette évolution constitue un obstacle à leur engagement car en plus, dans de nombreuses entreprises, on leur laisse entendre que s’ils s’affichent, s’engagent syndicalement, bien que ce soit un droit fondamental, ils prennent des risques pour leur carrière professionnelle [...]"

Qu’en est-il dans les faits ? Les jeunes sont-ils absents du monde syndical ?

Les chiffres disponibles sur le sujet sont rares mais ils semblent confirmer l’idée que les jeunes ont déserté le champ syndical.

Selon le magazine alternatives économiques, environ 2% des 18-30 ans sont syndiqués, contre 8% pour l’ensemble des salariés français. On apprend également ici que l’organisation de Bernard Thibault ne compte ainsi que 7% de moins de 30 ans. La situation est similaire à la CFDT où les moins de 35 ans ne représentent que 8% des effectifs des adhérents.

Louis Chauvel, professeur à Sciences-Po, souligne quant à lui dans un de ses articles le vieillissement de l’âge moyen des représentants syndicaux:

« La participation aux formes les plus institutionnelles du politique s’effondre chez les jeunes : en 1982, l’âge moyen du représentant syndical ou politique était de 45 ans ; il est de 59 ans en 2000″

Le malaise est-il uniquement français ?

Il semble que non.

En Suède, une récente étude montre que les jeunes souhaitent négocier eux-mêmes leurs salaires et contestent la toute-puissance des syndicats sur le sujet.

Au Québec, la télévision a récemment diffusé un reportage qui illustre le fossé entre jeunes et syndicats (Cf. vidéos ci-dessous)

Quel sens peut-on donner au phénomène ?

A l’image de ce qui se passe en entreprise, l’arrivée d’une nouvelle génération d’adhérents ne va pas sans poser de difficulté pour les syndicats.

De fait, les adhérents en place n’apprécient pas toujours le style des nouvelles recrues qui ne maîtrisent pas les codes du militantisme et n’hésitent pas à questionner des positions prises par les hautes instances.

De leur côté, les jeunes issus de la génération Y acceptent mal d’être cantonnés aux distributions de tracts et aux sections « jeunes ». En dépit de leur inexpérience, beaucoup souhaitent contribuer au débat d’idées et apprécient peu la nature pyramidale des organisations actuelles et la lourdeur du processus de décision.

Au vu de l’écart qui existe entre les jeunes et les syndicats, on peut se demander si l’intégration de la jeunesse dans les syndicats finira par se faire ou si c’est sa non-intégration qui donnera naissance à un nouvelle forme de syndicalisme.


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