TUER L'APACHE POUR TOURNER LA PAGE
Envie d'autre chose. Besoin d'autres angles. Jeronimo, le projet, le groupe, comme on voudra, va donner ses derniers concerts bientôt. "Mélodies Démolies" est donc bel et bien le troisième et dernier volet d'une trilogie initiée avec "Un Monde sans Moi" et poursuivie avec "12H33". J'en suis assez fier, même si ce n'est pas de la grande musique, le bilan général est positif. J'ai beaucoup appris. J'aime ces trois disques, chacun ayant les qualités de ses défauts. Chacun étant le parfait polaroïd de ce qui se passait dans ma vie. J'ai été sincère. J'ai piqué des tas de trucs mais je les ai piqués aux meilleurs. Personne par ici n'a fait des disques comme ceux-là, ni dans le son, ni dans le propos. Ce n'est aucunement de la prétention c'est la réalité. Je suis assez fier de cela aussi. J'ai aimé la grande période laborantine de 1998 à 2000 qui a débouché sur les grandes lignes du premier album. Une période calme et ordonnée, lumières tamisées, application, recherche, découvertes. C'est par là que je m'en retourne. J'ai aimé l'enregistrement du premier album, facile et effrayant. Toujours gai. Travail patient et solitaire mais récompensé de la plus belle des façons. Mon OVNI. La tournée de 2 ans qui s'en suivit fut de bruit et de fureur. Inoubliable, épuisante, déchirante, d'une extrème intensité. Je n'ai pas aimé l'enregistrement du second, dans la foulée, sans recul, sans garde-fou, dans le doute, la fatigue et la nuit. Mais j'ai aimé son achèvement, sa libération. J'ai aimé le moyen-métrage qui l'accompagnait et qui le dévoilait. Lui né au Québec et achevé à New York. Ma catharsis. Puis à nouveau bruit, chaos, fureur sur scène pendant deux ans. Des drames. D'autres expériences avec d'autres gens. Surtout la redécouverte de mes sensations un matin dans une cuisine d'Oxford. J'ai aimé chaque seconde de la conception du troisième dans la douceur de la Lombardie. Ses nouvelles voies qu'ils empruntait et son refus obstiné de répéter ce qui avait déjà été fait. J'ai aimé ses risques, son pied de nez, son sourire obstiné et désinvolte. J'ai détesté le jouer devant des gens, tout du long. J'ai détesté en parler, le justifier, l'expliquer, le vendre. Ce troisième et dernier n'appartient qu' à ceux qui l'ont réalisé. Ce disque n'est jamais sorti du studio où il a été conçu. Ce n'est pas un disque pour les gens et on l'a vérifié par après. Son esprit, son essence, sont restés là-bas, non loin des révolvers de Vérone. C'est très bien ainsi. Les guitares, mes petites églises dans des valises sont prêtes pour la suite. Le studio démonté, vérifié, nettoyé, enrichi, est prêt pour son nouveau cadre; vieux parquets, hauts plafonds, moulures, larges pièces rectangulaires qui résonnent beaucoup. Lumière. Collines boisées. Jeronimo s'arrête ici, au bon endroit, au bon moment, soucieux de laisser la voie libre à un autre projet. Mieux en phase avec ce que j'ai dans le coeur et dans les doigts. L'ampli Vox AC 30 piaffe d'impatience. Les musiciens qui m'ont accompagné sur ce dernier volet scénique ont déjà réservé leur places pour le prochain voyage. Merci tellement à eux. Je ne suis ni triste, ni en colère, ni soulagé. Confiant, je retrousse mes manches, devant moi une terre, une mer, des montagnes inconnues. Enfin. Boussole bien réglée, des vivres, un cap. La destination c'est le voyage. La méthode, c'est l'improvisation. Le but, c'est capter l'instant. S'éloigner un peu du méli-mélo "rock wallon", de ses nobles efforts et de ses erreurs de scénarios. Faire place à de plus jeunes, armés de meilleures dents qui sauront séduire de plus jeunes également. Je les retrouverai à un moment donné en cours de route je suppose. Lumière calme et non clignotante. S'il-vous-plaît. Comment terminer ceci sans remercier tous les gens quis e sont impliqués dans ce projet ? Tous ces gens ! Merci à eux du fond du coeur. Surtout merci au public. Merci.
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