Je ne pourrais prétendre être totalement objectif quant au livre que je vais évoquer ici, et vous comprendrez pourquoi en lisant l'encadré de fin de page. Mais malgré ce préalable déontologique, je puis vous affirmer que c'est, de très loin, le livre le plus complet, le plus abouti, et, ce qui ne gâte rien, le mieux écrit, sur la question du changement climatique.
Il s'agit de "La Servitude Climatique", de Jean-Michel Bélouve, qui a déjà écrit ici, et que certains connaissent déjà comme analyste des questions climatiques pour l'institut Turgot (voir ses articles pour Turgot). L'ouvrage est sous-titré "Changement climatique, business et politique".
Jean-Michel Bélouve travaille sur cet ouvrage depuis maintenant 18 mois. J'ai eu le plaisir, puis l'honneur, d'être le relecteur du premier jet, qui était déjà très abouti, mais que l'auteur a voulu parfaire.
"La Servitude Climatique" aborde successivement les points suivants :
- L'histoire du réchauffement, le cheminement des premières théories scientifiques, et son histoire géopolitique, avec de premiers détours surprenants dans les arrière-cuisines de l'élaboration de certains textes majeurs comme la déclaration officielle du sommet de Rio en 1992... Egalement abordée, l'histoire des grands courants mondiaux de l'écologie politique, et de la création du GIEC dans les années 80.
- - Le débat scientifique entre la théorie du GIEC et les théories alternatives est ensuite brossé dans des termes qui le rendent très compréhensibles par le plus grand nombre, tout en évitant d'être abusivement simplificateurs. Surtout, il n'élude pas les thèses du GIEC, soumet au lecteur quelques contre-arguments du GIEC envers certains sceptiques, les contre-contre arguments... Il ne sera pas possible de l'accuser d'être "unilatéralement biaisé".
- - Le débat médiatique, où l'auteur, études statistiquement détaillées à l'appui, montre comment les promoteurs des politiques issues des conférences de Rio et du protocole de Kyoto ont orchestré une campagne marketing parfaitement mise en oeuvre pour susciter l'adhésion des populations... Avec parfois certaines dérives. Campagne aujourd'hui malmenée sur internet, car un bon marketing ne peut vendre indéfiniment une cause biaisée.
- - L'économie du Carbone, qui est plus une analyse sociologique des groupes d'intérêts en présence, et de leurs jeux d'acteurs, qu'un traité d'économie verte, et c'est heureux. Toutefois, il s'attache aussi à démontrer les erreurs méthodologiques du Rapport Stern, qui est la bible des politiciens alarmistes. Après la lecture de ce chapitre, vous comprendrez que le lobby de l'économie verte, avec à sa tête des mastodontes du Dow Jones et de la finance, n'a rien à envier à celui du pétrole, censé financer les sceptiques, et qui en fait joue sur tous les tableaux. Les effets pervers de la collusion entre états et grands groupes financiers y sont décrits avec une foule de détails précis puisés aux sources les plus directes.
- - Puis l'auteur aborde l'histoire personnelle et le rôle des deux chevilles ouvrières des politiques anti-CO2, j'ai nommé Al Gore, que tout le monde croit connaître, mais sur lequel vous en découvrirez encore de belles, et Maurice Strong, un canadien qui fut le grand patron du programme des nations unies pour l'environnement tout en dirigeants de grosses entreprises canadiennes du secteur de l'énergie, un petit conflit d'intérêt dont personne ne s'est ému pendant longtemps, jusqu'à ce que cet homme soit épinglé par le rapport Volcker pour avoir touché un pot de vins d'un émissaire de Saddam Hussein dans une autre affaire sans rapport avec le climat. Une destinée tout à fait exceptionnelle.
- - Enfin, l'auteur examine les grands enjeux sous-jacents et parfois cachés derrière le réchauffement climatique, de Copenhague, et les agendas pas forcément convergents de divers groupes qui veulent profiter du RCA à des fins diverses. En guise de conclusion, il pose les bases philosophiques d'un retour à une "écologie responsable" et dépolitisée, la seule capable de traiter les vrais problèmes environnementaux qui se posent aux vraies gens.
Les forces du livre
L'ouvrage de JM Bélouve tombe à pic: la révélation du ClimateGate (dont il ne parle évidemment pas, car l'exemplaire "bon pour impression" a été bouclé peu avant) donne a ses recherches une force considérable. Car la plupart des fraudes révélées par ce scandale étaient déjà connues, ou du moins largement supputées, par nombre de spécialistes, mais n'avaient pas reçu d'écho des médias. L'ouvrage de JM Bélouve en évoque quelques unes.
Le livre, tout en restant facile à lire, est d'une précision tout à fait remarquable. 277 références bibliographiques très détaillées (sur 25 pages), aussi bien scientifiques que politiques, extraits intégraux des écrits et discours des personnes citées...
Il est exhaustif de par la quantité d'aspects du problème examinés, ce qui me fait dire qu'aucun ouvrage même en langue anglaise ne lui est équivalent.
Si vous croyez tout connaître de la question parce que vous avez lu, au hasard, le dossier "réchauffement" d'ob'lib', alors vous n'avez eu que les amuse-bouche: le livre, outre la cohérence qu'il apporte par rapport au blog, est incommensurablement plus détaillé et argumenté.
Accessoirement, mais cela ne gâte rien, la qualité de photocomposition du livre et d'impression sont remarquables.
Des écueils fort bien évités
Lorsque l'on publie un ouvrage sur un sujet aussi brûlant et porteur de thèses polémiques, il faut se demander par quel "angle d'attaque" les détracteurs potentiels vont pouvoir tenter de le saper. L'ouvrage répond par avance à nombre de critiques potentielles qui pourraient lui être adressées.
En outre, l'auteur se sort de difficultés majeures qui auraient pu le discréditer et qui deviennent des forces de l'ouvrage.
Autant les aspects scientifiques, historiques et économiques sont descriptifs et non sujets à interprétation - interprétation n'est pas controverse, rappelons le - l'auteur est évidemment obligé d'émettre des hypothèses lorsqu'il aborde les motivations politiques des uns et des autres. Bien qu'il reste toujours très prudent dans les formulations des passages les plus délicats, et souligne d'ailleurs lui même avec honnêteté toutes les zones d'ombre que son enquête n'a pas pu éclaircir, il est clair que ses détracteurs auront beau jeu de tenter de le discréditer par le "jeu des petites phrases retirées de leur contexte". Cela ne retire rien à l'ouvrage, bien au contraire.
La difficulté provient de ce que l'auteur aborde des thèmes également repris par des sites "complotistes" dont les exagérations, qui confinent parfois au délire, sont évidemment à ranger au placard des hypothèses farfelues pour gens aimant se fabriquer leur propre cinéma d'horreur.
Mais les complotistes prospèrent par exagérations sur le terreau des compromissions bien réelles de certains grands de ce monde, et il n'était pas possible de ne pas évoquer ces compromissions au motif que ceratins de ceux qui les exploitent ne le font pas de façon sérieuse. Mais là où des complotistes en auraient fait (et en font) une sorte de conspiration mondiale abracadabrante, JM Bélouve se contente de noter que des groupes confidentiels (voire très secrets) internationaux réunissant politiques et milliardaires, qui existent, dont certains ont des sites internet, publient des documents bien réels, ont appuyé explicitement un certain nombre de politiques "anti-réchauffement", dans des buts divers, économiques ou politiques.
Le dernier article de M. Bélouve ( Institut Turgot | Institut Hayek ) introduit, dans sa partie finale, quelques éléments en provenance de ces groupes. je vous invite à vous y reporter.
L'auteur est très clair: des connivences, au nom d'agendas pas forcément concordants (qui y a-t-il de commune entre un politicien français, un affairiste chasseur de subventions et un milliardaire des médias devenu néo-malthusien, pour ne parler que de cet exemple ?), mais ayant pour fil conducteur un intérêt évident à s'inscrire dans la politique anti-CO2 pour des raisons diverses et variées, ne font pas un complot, qui suppose une unicité, un plan concertés et des objectifs communs qui n'existent aucunement. Toutefois, ces connivences peuvent être porteuses de conséquences très néfastes pour l'humanité.
En outre, une idéologie visant à transférer les pouvoirs des états vers une instance mondiale nécessairement non démocratique (comment rendre démocratique un gouvernement sur 200 nations et plus de 6 milliards d'âmes ?) et de facto dirigé par une élite auto-proclamée et cooptée, semble animer de nombreux leaders d'opinion qui soutiennent la démarche de l'ONU et du GIEC, comme leurs écrits d'un passé récent en attestent, et comme le soupçonne également, en termes moins mesurés, Lord Monckton, (voir ici) un ancien collaborateur du gouvernement de Mme Thatcher.
Pourtant, gageons que les détracteurs des sceptiques, comme ils ont déjà commencé à le faire à mon égard dans les commentaires de mes articles postés sur Agoravox, tenteront d'assimiler l'ouvrage à une oeuvre "complotiste", à cause de ces quelques paragraphes. Ceux qui liront attentivement tout le livre sauront que M. Bélouve dispose de tous les arguments pour ridiculiser quiconque voudrait s'égarer sur ce terrain.
Au reste, comme ceux qui ont assisté à la première de "not evil just wrong" (4 décembre), ou à sa conférence Turgot à l'Assemblée Nationale du 19 novembre, ont pu le constater lors des questions réponses d'après présentation, l'auteur connait tellement bien son sujet qu'il ne craint aucunement des attaques de ce type, ab hominem.
Petite histoire du livre
Rien ne prédestinait M. Bélouve, spécialisé dans les questions économiques et de l'emploi, de s'intéresser à ce sujet, dont il a longtemps, comme presque tout le monde, cru les thèses officielles. Mais lorsque les premiers doutes se sont fait jour, et que les conséquences économiques des politiques climatiques lui sont apparues claires, il a décidé d'approfondir, et un an plus tard, le manuscrit était prêt.
Beaucoup de grandes maisons d'édition ont en catalogue des "grandes signatures" climato-alarmistes, comme Hulot, Arthus-Bertrand, etc... Et leurs portes se sont fermées, par peur de provoquer l'ire de ces vedettes médiatiques.
M. Bélouve, ancien chef d'entreprise qui croit dans son produit, a donc réagi en parfait libéral et a créé sa propre maison d'édition. En moins de trois semaines !
C'est donc cette toute petite maison d'édition, créée pour l'occasion, LiberMédia, qui publie l'ouvrage.
Souhaitons lui le même succès qu'un autre auto-édité célèbre, Michel Montignac, un cadre commercial qui a révolutionné la pédagogie de la diététique à la fin des années 80, qui avait du créer sa propre maison d'édition (Artulen) parce qu'aucun éditeur ne croyait qu'un non médecin puisse faire mieux que ceux qui occupaient le marché des régimes alimentaires.
Où trouver le livre
Bien que le site web de libermédia, conçu en grande hâte, soit encore rudimentaire, le bon de commande - via Paypal - est parfaitement fonctionnel. Vous pouvez donc d'ores et déjà, à partir d'aujourd'hui, commander le livre sur le site de l'éditeur. Amazon et la Fnac devraient suivre de près (il y a des délais d'enregistrement incompressibles), et à ce moment là, le livre pourra être commandé chez tout bon libraire. De toute façon, je vous tiendrai informés.
Commander chez LiberMédia | le blog de l'auteur
Avertissement déontologique: afin d'éviter toute accusation de conflit d'intérêt, pour que les choses soient claires, je signale, comme certains le savent déjà, que je suis apparenté à M. Bélouve (qui est un pseudo) de la façon la plus directe qui soit: Je suis son fils. Objectif Liberté, pour sa partie RC, doit (beaucoup) à ses recherches, et le livre doit (un tout petit peu) à mes premiers doutes.
Je n'ai aucun intérêt financier dans l'ouvrage (ou alors le plus tard possible, et après passage du Fisc !) - Mais évidemment, son succès me comblerait bien au delà du plaisir de voir diffuser des idées remettant en cause les dogmes du GIEC. J'ai donc un intérêt sentimental très fort dans la réussite de ce livre, ce qui peut entammer mon objectivité.
Naturellement, je ne manquerai pas de vous informer des autres réactions (de blogueurs ou de personnalités ayant eu un exemplaire en avant sortie) qui seront forcément plus objectives que je ne puis l'être.
Ah au fait: bravo, papa !
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