A une semaine de l’ouverture du sommet de Copenhague pour le climat, il semblerait qu’un traité tel qu’on le prévoyait au début ne verra pas le jour. Cependant, on semble se diriger vers une déclaration politique non contraignante fixant des objectifs pour les prochaines négociations. Seront reportés les engagements de réduction de gaz à effet de serre pays par pays et les financements nécessaires pour l’adaptation des pays pauvres au changement climatique.
Cet article a été rédigé dans le cadre du dossier spécial de Sequovia sur le sommet de Copenhague.
Une mobilisation sans précédent, pour un événement crucial
Du 7 au 18 décembre, le monde entier va avoir les yeux rivés sur Copenhague. La ville exemplaire sera en effet le lieu où se décideront les orientations mondiales pour lutter contre le changement climatique rappelé encore par le GIEC dans son tout dernier rapport paru la semaine dernière.
Près de 200 pays, des centaines d’ONG (dont Greenpeace, Oxfam ou WWF) et des dizaines de milliers de manifestants se réuniront ainsi pour réclamer un accord global qui succédera au protocole de Kyoto, qui avait déçu par ses objectifs trop peu contraignants et une implication trop faibles des pays. Les Etats-Unis ne l’ont d’ailleurs jamais ratifié.
Des objectifs annoncés
Compte tenu du déroulement des négociations et de la médiatisation exceptionnelle du sommet de Copenhague, les exigences doivent être exemplaires.
Que les pays développés réduisent drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre, et que les pays en développement les limitent fortement
Au centre de ces négociations, on trouve le triptyque des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre : la Chine, les États-Unis et l’Union européenne (en 2007, ils représentaient respectivement 21 %, 20 % et 14 % des émissions mondiales de GES, l’Inde et la Russie, les deux suivants, ne comptant que pour 4 % et 6 %).
Alors que l’UE peut se prévaloir de sa position de leader mondial contre le changement climatique pour relâcher son effort et exiger des autres pays (notamment des Etats-Unis) au moins une mise à niveau, les autres pays du monde sont tiraillés entre des objectifs économiques et la volonté de ne pas être « la nation qui a fait échouer les négociations ». Des compromis semblent donc possibles, mais limités.
Les experts préconisent un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays développés de 25 % à 40 % d’ici à 2020 par rapport à 1990. Selon eux, une telle réduction est nécessaire si l’on veut limiter le réchauffement à 2 °C, seuil au-delà duquel le système climatique pourrait devenir incontrôlable.
Voici le résumé des engagements pris par les pays, pour 2020 (ramenés en comparaison à 1990, date de référence prise par le GIEC) :
- Etat des lieux des engagements des pays. Ces chiffres sont susceptibles d’être revus à la hausse en fonction d’un accord ambitieux à Copenhague
Il est toutefois important que ces objectifs soient tenus sans prendre en compte les mécanismes de compensation (racheter des crédits carbone pour financer les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique ou la reforestation dans les pays du Sud) pour qu’ils soient contraignant en valeur absolue.
Créer un Fond d’investissement mondial pour le climat
Sous l’égide de l’ONU, sans intervention de la Banque Mondiale ou du FMI, ce fonds aura pour mission de financer des opérations environnementales dans le Sud.
Les Etats-Unis se refusent pour l’instant à avancer une aide chiffrée aux pays en développement alors que l’Europe a déjà proposé une assistance de 100 milliards d’euros annuellement de la part des pays riches d’ici à 2020, dont la part européenne pourrait atteindre 30 %, celle des Etats-Unis 24 %, celle du Japon 8 % et celle de la Chine 8 %.
Derrière les négociations de Copenhague, se jouent aussi l’architecture géopolitique mondiale des prochaines années et les scénarios de sortie de crise financière et alimentaire mondiale.
Créer un cadre à l’innovation, la coopération et la diffusion de technologies « vertes »
Pour cela, il faut mettre en oeuvre de nouveaux mécanismes de réduction des émissions, des Programmes d’Action Technologique et un renforcement des capacités et des institutions.
De plus, il ne faut pas oublier privilégier les pays en développement par un soutien financier et technologique en adéquation avec leurs besoins.
L’avis Sequovia
Si certains semblent pessimistes quant à l’issue des négociations, les efforts doivent être maintenus pour aboutir à des décisions qui marquent une rupture avec les précédentes négociations. Le rendez-vous est immense, et l’heure est à l’action devant l’urgence climatique actuelle.
Signez l’appel à l’ultimatum climatique sur http://www.copenhague-2009.com
Suivez en direct les avancées de la conférence sur http://fr.cop15.dk/frontpage.