Emmanuel Martin, le 7 décembre 2009 - La classe politique se félicite de la tenue du sommet de Copenhague. Cause mondiale, la lutte contre le réchauffement climatique galvanise les foules depuis une génération. Sauf que... il se pourrait bien que la théorie du GIEC ne soit pas si valide, et que les conséquences d’un accord ne soient pas si engageantes.
Un « consensus » très spécial
Des pratiques scientifiques douteuses au GIEC
Des représentants du GIEC proclament que le débat sur l’origine du changement climatique est clos et que les scientifiques sceptiques de l’explication du GIEC sont des « négateurs ». Le GIEC étouffe donc le débat scientifique (non tranché par exemple par l’Académie des Sciences en France) et refuse la critique scientifique, ce qui est pour le moins… anti-scientifique. D’autant que le scandale du climategate il y a quinze jours a montré que des scientifiques du GIEC étaient des fraudeurs, qu’ils manipulaient ou cachaient les données pour fabriquer un « réchauffement ». Le directeur du centre de recherche climatique de l’université d’East Anglia, Phil Jones, a démissionné. Michael Mann, auteur de la célèbre et effrayante courbe en forme de crosse de hockey, récemment « corrigée », est sous le coup d’une enquête de son université.
Il paraît irresponsable de mettre en place des politiques coûteuses se fondant sur les dires de scientifiques pratiquant l’Inquisition dogmatique ou la fraude.
Des observations ennuyeuses
La dernière année la plus chaude au niveau mondial est 1998, largement due à El Niño. Depuis, la tendance des températures sur une décennie suit une hausse infime (+0,02°C) mais baisse clairement depuis deux ans. La théorie du GIEC est peut-être vraie mais … pas vérifiée depuis quelques temps déjà. Le coefficient de corrélation entre températures et CO2 sur 1998-2007 est de O,O2 (décidément) : soit aucune corrélation statistique. Les emails entre Jones et ses comparses révèlent d’ailleurs que l’équipe craignait d’être ridiculisée par cette absence de réchauffement.
Devons-nous changer dans l’urgence de mode de société et imposer de nouvelles taxes sur la base de ce que disent des scientifiques 1) qui ne respectent pas l’éthique du débat scientifique 2) qui sont pour certains des fraudeurs 3) dont la théorie n’est pas vérifiée ? La réponse paraît évidente.
Effets pervers et autres surprises
Sachant que le réchauffement est incertain, que ses conséquences en 2100 le sont aussi, les milliards dépensés pour la lutte contre le réchauffement ne sont malheureusement pas utilisés dans la lutte contre la pollution des eaux, le traitement des déchets, les ressources en eau etc., c’est à dire des problèmes écologiques certains et actuels. L’analyse coût-avantage ne joue pas en faveur de ce « combat » et si le principe de précaution doit jouer c’est bien ici : les ressources financières pour traiter les problèmes écologiques sont finies, autant les utiliser en traitant les vraies priorités.
Ensuite, en interdisant le thermique, ne fait-on pas la promotion de la nucléarisation du monde ? On a beaucoup glosé sur les intérêts pétroliers finançant un lobbying « anti-anti-réchaufement », mais que penser du nucléaire qui a tout intérêt à ce que son concurrent direct soit interdit par décret « mondial » ? D’ailleurs, la France étant leader mondial en matière de nucléaire, on peut supposer qu’elle a des motifs autres qu’écologiques à soutenir Copenhague. On comprend mieux les fortes émissions de CO2 en voyages récents de son Président-VRP, ainsi que le silence de ce dernier face aux crises démocratiques cet été au Niger et au Gabon, partenaires-producteurs d’uranium. L’ironie est bien le soutien écologiste à Copenhague…
Autre ironie : Al Gore, à la tête d’un fonds spéculatif sur les valeurs climatiques deviendra rapidement le premier « Milliardaire Carbone » si un accord mondial (ou aux USA) est passé sur le plafonnement des droits à polluer. La Climate Exchange de Chicago (CCX) compte parmi ses directeurs le célèbre écologiste Maurice Strong, et le patron du GIEC Rajendra Pachauri figure au comité consultatif : cela ne constitue-t-il pas un conflit d’intérêt ?
Par ailleurs, la mise en place d’une taxe carbone signifie un protectionnisme empêchera les pays pauvres, notamment l’Afrique, d’échanger avec les pays riches, ce qui étouffera d’autant leur développement et accélèrera la pauvreté du tiers monde. Et il ne faut pas compter sur le système de redistribution de Copenhague pour compenser : on connaît déjà l’échec de l’aide internationale depuis trois générations en termes d’inefficacité et de corruption. Plus généralement le protectionnisme carbone va casser la dynamique d'échanges internationaux qui a conduit à la prospérité actuelle, et que certains prennent pour acquise, comme l'introduction de la loi Smoot-HWaley en 1930 aux USA avait causé en partie la montée des nationalismes et aggravé la crise.
Enfin, dans la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique, préparatoire à Copenhague on lit « noir sur blanc » p.23, Annexe 12 que le premier des trois piliers du nouvel arrangement selon la Convention est « le gouvernement ». Copenhague est-il la première étape dans la mise en place d’un gouvernement mondial ? Avec quelle légitimité ? Voilà un problème de démocratie un tantinet crucial.
Les médias se réveillent à peine sur le climategate, car il les force à revenir en arrière sur le catastrophisme racoleur qui a fait leurs choux gras. Espérons qu’ils seront plus réactifs dans l’analyse de toutes les conséquences de Copenhague.
Emmanuel Martin est analyste sur www.UnMondeLibre.org.