Les taxis à la gare de train, ce n'est pas nécessairement le premier taxi de la file qui sortira le premier : c'est le premier qui trouvera un client. Un spectacle magnifique de taxis qui se percutent et de chauffeurs qui s'engueulent et qui entrent dans les taxis des autres pour enlever le frein à main et pousser l'auto dans celle d'en face.
Kolkata, Inde.
Je ne suis pas vraiment un « gars de char ». Mais si vous me dites Aston Martin, Ambassador Classic, courbes parfaites et jaune canari, j'embarque!
Chauffeur, direction centre-ville.
On était tanné de l'humide dans les vêtements. Des gougounes qui catapultent la bouette dans le dos. Du linge qui ne sèche pas. Et des champignons sur pied (comme dans la forêt) dans le cadre de porte de la salle de bain qui meurt le lendemain après deux douches tièdes qui restent dans la pièce (l'écosystème en déséquilibre).
On avait le goût de froid, de sec. Du froid comme à l'automne chez nous, avec les lèvres gercées et le nez qui coule. Du bon froid québécois. Celui qu'on aime sentir arriver, et éventuellement repartir.
On s'est donc rendu dans le nord de l'Inde, à Kolkata, sur un coup de tête.
Coup de bol : dans le Times of India de ce matin, section météo: 22 novembre le plus froid depuis 7 ans. Suffisait de le demander.
La fenêtre du taxi est grand ouverte, l'air frais se fait sentir.
On grelotte presque. Deux extra-Indestres, tous nus par grand froid. Les hommes blancs du Nooord, les Canadiens de souche polaire. Nous survivons malgré tout sans l'équipement de l'Indien frissonnant: bas pour tongs (gros orteil indépendant), cache-oreilles et épaisses couvertures. Nous, c’est un petit polar et le tour est joué. 15.2 degrés Celsius, qu'est-ce qu'on est bien.
Comble de bonheur : dimanche est maintenant officiellement une « journée sans klaxon ». Pas tout à fait au point, certes, mais la différence est notable. Remarquez que la circulation n'est pas plus bordélique qu'à l'habitude? C'est seulement plus agréable d'y faire part et plus facile de s'endormir le soir venu, sous la couette!
Quelque part dans les ruelles.
Kolkata me plaît. Je ne me l'imaginais pas ainsi. Une telle agglomération, en Inde, ce n'est certainement pas le paradis. Et certainement la vision de l'enfer pour plusieurs, mais on s'y fait (presque).
Vous aimez l'architecture coloniale - en dégradation ?
Vous aimez les tramways - qui n'arrêtent jamais ?
Vous aimez les vieux taxis - qui vous foncent dessus ?
Vous aimez l'image esthétique d'un homme tirant un rickshaw - pieds nus, pour 0,25$? Vous aimez les enfants enjoués - qui dorment dehors ?
Sans la couette ?
Kolkata est ce que Mumbai et Delhi sont sans doute. Elle est 14 point quelques millions de fois trop d'habitants. C’est un zoo de l’existence humaine. C’est comme si vous étiez un dieu (celui que vous voulez) et que vous preniez une grosse pelletée de gens et les déposiez d’un coup dans une ville qui connaît trop souvent la mousson, sans moyen et disiez : « Allez mes enfants, débrouillez-vous! Et n’oubliez pas de prier! ».
…
Le quartier des voyageurs, très agréable en passant, est perdu dans le quotidien des citoyens. On a le privilège de vivre - pour un moment - dans l'âme de la population; dans leurs rues. Là où ils font tout, sauf du sexe. Ça, on s’imagine qu’ils le font une fois aux neuf mois, consécutivement pendant une dizaine d'années.
Nad veut aller au zoo (celui des animaux). Pas moi. On se prend la tête pour une connerie (life on the road) et on finit dans la chambre et on fait tout, sauf du sexe.
Mais ce n'est pas grave puisque qu'en gentlemen que je suis, j'invite Nad à l'endroit le plus romantique de la ville, là où même les Indiens ont le droit de se « frencher » en public: le Victoria Memorial. Un genre d’Hôtel de ville wannabe Taj Mahal construit pour le jubilé de la reine Victoria et achevé vingt ans après sa mort.
Prix pour accéder aux jardins : 0,09$. Rien de trop beau pour ma Nad.
Palace en marbre, coucher de soleil. Cliché. Mais ça ne fait pas cher pour ramener un peu de bonne humeur…
Sous la couette!
-Will.