La lauréate du Prix des maisons d'édition tchèques n'existe pas

Par Actualitté

Au début du mois dernier nous vous annoncions que l'écrivaine tchèque d'origine vietnamienne Pham Thi Lan avait remporté le Prix des maisons d'édition tchèques.
Celle-ci prétexta un voyage en Malaisie qui l'empêchait de venir chercher son prix. Le jury avait apprécié dans son livre Cheval blanc et dragon jaune, un récit moderne mâtiné de légendes anciennes dans lequel plusieurs registres de langues cohabitent harmonieusement. Le président du jury avait même affirmé que la beauté du style de l'écrivain rendait des auteurs tchèques jaloux.
Pham Thi Lan un alias de Jan Cempirek

Il semblerait pourtant que tout cela n'a été en fait qu'une supercherie. En effet, Pham Thi Lan n'existe pas. Elle aurait été inventée par un auteur de 40 ans boudé par la critique et les médias, Jan Cempirek.   Tout cela a commencé à faire du bruit, mais le jury a précisé tout de suite que seule la qualité du texte l'a influencé puisque les textes sont anonymés jusqu'à l'annonce du lauréat. L'histoire auirait pu s'arrêter là, mais Jan Cempirek n'avait pas dit son dernier mot.
Il a expliqué que son texte n'était construit que sur des clichés que pourrait avoir un Tchèque moyen sur la façon de penser de la communauté vietnamienne de Tchéquie. Et pour enfoncer le clou, il indique que son texte ne rentrait pas dans les critères de longueur imposés à savoir 150 pages minimum. Enfin, il affirme que le style est des plus simples avec des phrases courtes quasiment sans compléments.
Pour se donner une idée, il suffit de lire les premières lignes de Cheval blanc et dragon jaune, traduites par Eco89 : « Je suis tchèque. Je suis née ici. Et j'y mourrai probablement aussi. Je suis vietnamienne. Pour tout le monde ».
Cabale contre Jan Cempirek
Enfin, une partie du communiqué du jury lors de l'annonce du lauréat jette un doute : « Les membres du jury ont unanimement estimé que l'œuvre des auteurs de la deuxième génération des immigrés représente un grand atout pour la littérature tchèque ». On se demanderait presque si ce n'est pas parce qu'elle était une femme, jeune d'origine vietnamienne et écrivant dans un genre très prisé (les histoires vraies un peu difficiles) que Pham Thi Lan a été désignée lauréate.
Bien évidemment, les personnes impliquées dans cette histoire ne sont pas restées insensibles à ces accusations et se sont retournées contre l'auteur. La maison d'édition Kni�ní klub aurait affirmé que l'auteur était un « manipulateur dangereux ». Un des membres du jury aurait carrément laissé entendre que Jan Cempirek aurait très bien pu avoir volé le manuscrit. Une accusation qui serait assez pratique pour justifier à la fois la bonne qualité du texte primé et le désintérêt que la critique porte à cet auteur.
Quoi qu'il en soit Jan Cempirek aura réussi à jouer un joli tour, et à faire parler de lui dans les médias.