Non pas que je conteste le diagnostic de ces caciques, oh non, simplement je ne vois pas grande différence, dans le fond, entre les propos tenus lundi soir par monsieur Valentin et ceusses tenus le 5 septembre dernier à Seignosse (Landes) par messire Hortefeux. En effet, quelle différence peut-il bien y avoir entre la landaise :
“Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes”
Et la meusienne :
“Il est temps qu’on réagisse parce qu’on va se faire bouffer ! (…) Y’en a déjà 10 millions, hein ? Alors faut bien réfléchir ! 10 millions que l’on paye à rien foutre !”.
Certes, la forme diffère, l’une étant plus crue, mais le fond (de pensée) est strictement identique ; c’est même – si j’puis me permettre - kif-kif ! Juste, dans la seconde, la meusienne, il y a un bonus ! Le p’tit truc en plus ! Or donc, non seulement "ils" sont “beaucoup”, “10 millions” (le bonus) mais aussi “on les paye à rien foutre” (le p’tit truc en plus) ! Depuis Verdun, et par des mots bien tranchés, monsieur Valentin n’a fait, en somme (bien que de la Meuse) que prolonger les propos estivaux de messire Hortefeux ! Non ? … Or, et à moins que ma mémoire rame ou défaille, je ne me souviens pas qu’il y ait eu à l’époque, réactions outrées et indignées venues de quelques barons du Mouvement dit Populaire, bien au contraire ! Ce fut même l’inverse que l’on entendit : allons, mais quel mauvais procès faisait-on au ministre de l’Intérieur, lui raciste ? Non, mais vous n’y pensez pas ! Brice, on le connaît, il ne mange pas de ce pain-là, il est honnête et droit, bel et grand serviteur de la nation, aimant profondément l’Auvergne et le second degré, alors cessez, je vous prie, cette polémique qui n’a pas lieu d’être, qui vire à la calomnie et même, au lynchage, oui messieurs, au lynchage caractérisé, non mais quelle honte, et comme Internet n’est que poubelle ! D’où mon étonnement, de les voir aujourd’hui tomber à bras raccourcis sur ce pauvre monsieur Valentin qui ne fait que dire tout haut ce que Brice Hortefeux pense-même-pas-tout-bas ! Y aurait-il - mais je n’ose le croire - différence de traitement selon que vous fussiez ministre régalien de la République et mini-Moi de sa majesté républicaine ou maire d’une commune de 40 habitants, maire depuis 2002 seulement ? Est-ce cela qu’il faut entendre ?
Nonobstant, puis-je dire cependant, au nom de la démocratie et de la sacro-sainte liberté d’expression, que je me réjouis et ô combien de ces propos, qu’ils viennent de l’UMP-d’en-haut, ou de l’UMP-d’en-bas ? De cette parole libérée, celle que l’on qualifie, aussi, de décomplexée. Oui, je m’en réjouis, car ainsi nous savons. Comme dirait l’autre, nous sortons, mon colon, de l’hypocrisie. Enfin, la v’là, la transparence ! Mais n’allez pas croire que l’UMP ait le monopole des “dérapages” verbaux. Si vous saviez ce qu’ils disent les autres, certains socialistes et des plus bourgeois, dans ce qu’ils croient encore être leur intimité, vous en auriez des haut-le-cœur ! Ils vous expliqueraient, comme le Brice, que voyons c’est pour de rire, c’est de l’ordre de la boutade ou de la blagounette, on ne le pense pas, hein, on f’sait juste que plaisanter ! Mais non, oh que non, ils ne plaisantent pas : ils (le) pensent. Vraiment. Pour certains. La seule différence, c’est qu’ils n’osent pas le dire trop fort parce qu’ils (se) croient être de "gauche". Gauche et propos racistes, tu comprends, ça ne va guère ensemble, ainsi qu’on nous l’apprît. Foutaises ! Ce temps-là est révolu ! Il est urgent de le savoir ! Comme il est urgent de ne plus parler de “dérapages” ! A d’autres, le coup du “dérapage” ! Dérapage, ça signifierait que, bof, c’est pas grave-grave, c’est juste un accident, l’a pas fait exprès le gars, ses paroles auront, comme qui dirait, dépassé sa pensée ! Mon cul, ouais ! Valentin, en son for intérieur, il pense ce qu’il dit. Et Hortefeux, itou. (re)Qualifier leurs propos de “dérapages” c’est insulter leur intelligence. C’est les traiter comme des gamins. Ils sont honnêtes, bordel à cul ! Oui, honnêtes ! Et d’ailleurs, voyez quand on leur demande de s’expliquer, de se justifier, comme ils bafouillent et s’empêtrent, même qu’on aurait pitié ! Ainsi, ce Valentin qui, pour réfuter tout racisme, nous sort le refrain, le connu, tu sais :
“Je ne suis ni raciste, ni xénophobe, m'dame ! La preuve : j’ai des amis algériens et marocains !”.
Ben voyons ! Comme si le racisme ou la xénophobie s’arrêtaient à la seule France ! M’enfin, des algériens racistes ou des marocains xénophobes, ça se trouve aussi, monsieur Valentin ! Je ne dis pas que vos amis le sont, mais vous, qu’en savez-vous ? Oui, qu’en savez-vous puisque vous prétendez que vos propos ne sont pas plus racistes que xénophobes, ce qui signifie, donc, que vous ne savez pas ce que c’est, le racisme, la xénophobie ? Alors, comment pouvez-vous savoir, nom de Dieu et en toute bonne foi (permettez ces termes osés, puisque vous vous dites "chrétien") si vos amis (ou qui que ce soit) le sont, ou pas ?
Or donc, disais-je, je me réjouis de cette libération, que dis-je, de cette véritable explosion de la parole, car ainsi, nous savons ! Nous savons que ce n’est point fantasme ou vue de l’esprit. C’est une réalité. C’est un état. Une certaine vision de la France qui s’exprime. Et de plus en plus.
On aurait pu penser, naïfs, que cela ne concernait que "le comptoir" (comme dirait Besson), eh bien non, ça gangrène de partout. En haut, comme en bas. Partout !
Comme si, vois-tu, ce à quoi le peuple a dit non, à hauteur de 82,21%, le 5 mai 2002, s’était finalement installé, doucement, pernicieusement, depuis, non pas le 6 mai 2007, mais bien avant. Et pourquoi pas, dès 2002. Il n’y a qu’à se pencher sur certaines lois votées, quelques décrets, et autant de prétendus dérapages proférés, pour s’apercevoir qu’il est passé, oui, le Front National. Il est urgent de le savoir.
Il est urgent de se réveiller.
Quant à monsieur Valentin et les éventuelles sanctions évoquées, est-ce bien nécessaire de rappeler ici quel sort connut, naguère, le député UMP Christian Vanneste, et ce qu’il (en) advint par la suite ? Ou quel est celui, aujourd’hui, chez les "présumés" socialistes, de Georges Frêche ?