Booyacka V2.0

Publié le 03 décembre 2009 par Dalecooper

Est-il encore nécessaire de présenter The Count aka Hervé et son acolyte Sinden ? Occupant depuis maintenant plusieurs années une place centrale au sein de l'electro qui compte , ils saturent littéralement la blogosphère de leurs productions démentes. Si en solo la démarche de deux compères diffère, Sinden succombe au tropisme ghetto bass dans ses remix quand Hervé sombre souvent dans le pastiche d'à peu près n'importe quoi sous divers pseudos ( il nous a même gratifié cette année d'une relecture toute personnelle du rock gothique, au secours!), ils se réunissent toujours autour d'un projet commun qui nous semble parfois être incompris par les aficionados electro. En effet, il apparaît de plus en plus clairement que la franchise The Count & Sinden est avant tout destinée à célébrer les glorieuses heures de la culture dance hardcore britannique sous ses formes les plus insulaires. Ainsi, après avoir successivement rendu hommage au UK garage circa 1997 (Beeper, avec ses sonneries de portable directement importées des radios pirates de l'époque) , au dubstep (Stinging Nettle) , à la UK funky (Mega) , c'est désormais à la ragga-jungle de 1994 que s'attaquent les faux frères Stakhanov (à la suite de Skream qui a envoyé plus tôt dans l'année un très émouvant message d'amour à la drum'n' bass version 1993).

Strange Things respecte donc tous les canons du genre : une boucle vocale empruntée au très reggae roots John Holt cède rapidement la place à l'artillerie polyrythmique pour une rupture radicale de tempo annoncée par la stridence de sirènes censées siffler la fin de la récré. Et? Et retour à la case départ (ad lib.). Recette simple mais efficace maintes fois adoptée par la jungle (des milliers de morceaux sont bâtis autour de cette idée) que l'on peut goûter diversement. D'un point de vue junglistique , il est légitime de considérer ce revivalisme comme désuet compte tenu du niveau de production atteint par la drum'n'bass dans les années 2000. Mais ce serait oublier qu'en se sophistiquant à l'extrême, en s'intellectualisant à outrance, le genre a perdu de son impact dancefloor (ce à quoi il tente toutefois de remédier avec succès périodiquement). A l'inverse on peut insister sur l'excitation procurée par Strange Things à travers la compilation de tous les gimmicks identitaires de la jungle, à même de fédérer un large public dans la mesure où elle suscitera l'attachement des nostalgiques du genre tout en transmettant une part essentielle du patrimoine rave au public electro contemporain. Le morceau s'envisage par conséquent comme un artefact transgénérationnel via la recréation du même en pas pareil. Une bonne définition de la dance music en somme.


The Count And Sinden - Strange Things (Domino / 2009)
The Count And Sinden - Strange Things (Domino / 2009) en vente ici .
Bonus YouTube : proto-jungle en mode reggae /ragga-jungle (1992-1994)
1) The Prodigy - Out Of Space (XL)
2) A Guy Called Gerald - Free Africa (Juice Box)

3) A Zone - Callin' The People (Whitehouse)
4) Code Red - Conquering Lion (X Project)

5) New Blood - Worries In The Dance (London Someting)
6) X Project - Calling (Congo Natty)

7) Chuck E - Smokin A Blunt (Whitehouse)
8) Tek 9 - A London Sumting (Reinforced)

9) M-Beat - Incredible (Renk)

10) Shy Fx - Original Nuttah (Sour)