Chronique du lundi 7 décembre.
L’an dernier, après la 15ième journée, Toulouse était premier du classement avec 57 points devant le Stade Français 54 et l’USAP 52. Ce qui veut dire que Castres, le leader cette année serait, avec ses 47 points, tout juste 4ième. Même Perpignan, s’il gagnait son match en retard, ne ferait pas mieux avec 49 points. Comment une telle différence est-elle possible ? Et surtout comment se fait-il que les gros clubs, Toulouse, Paris, Perpignan, Biarritz et même Clermont ne jouent pas bien et ne dominent pas le championnat comme ils ont normalement l’habitude de la faire ? Tentative d’explications.
Des gros qui ne sont pas encore concernés par le Top14 :
Difficile d’éviter le sujet quand un club comme Toulouse a déjà enregistré 6 défaites. C’est ce que les rouge et noir comptent normalement à la fin du championnat et là, ils ont ce bilan après 15 journées seulement. Pareil pour Paris. Pire pour Biarritz avec 8 défaites déjà. Seul Perpignan s’en sort correctement avec seulement 4 défaites. Quand on fait le comparatif avec les éditions précédentes le constat est alarmant. Pourtant, il faut tout de même relativiser car un certain nombre d’arguments viennent expliquer ces comportements.
Un calendrier très en avance. L’an dernier la 15ième journée s’était jouée en janvier alors que, cette année, c’est le premier week-end de décembre. Ceci s’explique par le fait que le championnat a commencé le 15 août, au lieu du 26 pour la saison précédente, et que les clubs ont déjà joué 2 week-ends doublons qui n’arrangent pas les clubs fournisseurs d’internationaux, plus une paire de fois en semaines où les petites écuries se focalisent sur les matchs à domicile là où les gros font plus tourner leurs effectifs. Autant de raisons qui rendent plus aléatoire la régularité des résultats. Le fait que le championnat a commencé plus tôt a réduit d’autant la fin de la préparation physique et, du fait que la première échéance en termes de pic de forme était, pour les favoris du championnat, la HCup, le Top14 a démarré avec des joueurs qui n’avaient pas encore encaissé la dure préparation physique d’avant saison et des équipes qui manquaient de préparation technique, celle-ci se faisant directement pendant les premiers matchs. Cet état de fait s’est d’ailleurs traduit par des premières journées où les rencontres étaient très engagées au niveau du combat physique mais où les équipes étaient incapables de développer du jeu.
Une préparation physique axée sur la HCup. Avec une finale au Stade de France, des équipes comme Toulouse pensent certainement que cette année est l’année. De même les clubs ont fait leurs comptes et l’enjeu d’une qualification européenne pour les quarts de finale est financièrement important. Du coup, couplé avec l’argument développé au prochain paragraphe, le choix des entraîneurs de Toulouse, Paris ( ils ont changé en cours de route ), Clermont, Perpignan et même Biarritz, choix sûrement encouragé par leur président et leur trésorier, a été de privilégier la Coupe d’Europe par rapport au début de championnat. Si l’on ajoute à cela le constat du manque de densité physique pour lutter à armes égales face à des équipes Irlandaises, Galloises et même Anglaises, on a déjà un début d’explication sur le début de saison de Top14 où les matchs se résumaient à de très gros combats physiques manquant de créativité et d’originalité. Les meilleures équipes du Top14 s’étaient préparées pour les enjeux de la HCup et plutôt bien puisque les premiers résultats ont été bons. Biarritz est l’exemple type. 1er de poule en Coupe d’Europe, en milieu de tableau en top14. Même si de grosses confrontations, les 2 prochains week-ends, vont rappeler aux équipes françaises la difficulté de l’épreuve, celles-ci sont plutôt bien partie dans cette épreuve. Enfin une satisfaction.
Une nouvelle formule de Top14 qui fait qu’il n’y a pas trop à s’inquiéter pour la qualification. En permettant à 6 équipes de se qualifier à la place des 4 demi-finalistes habituels, le message envoyé aux habitués de ce rendez-vous est clair. Ce sera plus facile ! Donc, pas d’urgence en début de saison si des points sont laissés en cours de route. La Coupe d’Europe est devenu l’objectif numéro 1 des meilleurs clubs français, il sera bien temps, dans un second temps, de se focaliser sur le championnat, pour améliorer le plus possible son classement. Le problème, c’est que, comme plus de la moitié des matchs ont déjà été joués, ce laissez-aller est un peu voyant.
Des petits qui se rebiffent :
Au début de la saison, aucune grosse écurie n’envisageait de ne pas terminer dans les 6 premiers. Le problème, c’est que maintenant que Castres est enfin lancé, il va être difficile d’arrêter les Tarnais et de leur demander de redescendre en deçà de la 6ième place. Le Racing et Toulon ont aussi de l’ambition. Pas intéressés par le Bouclier Européen, ils vont se servir de ces week-ends là pour faire souffler leurs joueurs et se focaliser sur les prochaines journées de championnat. Du coup, même si ces 3 là ne réussiront pas tous à confirmer leur bon début de saison, il ne reste pas autant de place que cela pour les autres. Si l’on peut penser que Castres et le Racing-Métro ou Toulon resteront dans les 6 premiers, cela veut dire qu’il reste 4 places à se disputer pour Perpignan, Toulouse, Clermont, Paris et Biarritz. Il devrait donc y avoir au moins 1 déçu d’ici la fin de la saison. C’est normal car même si le niveau des meilleures équipes est momentanément diminué, celui des autres équipes s’est aussi amélioré.
Une préparation physique à la hauteur. Force est de constater que, maintenant, tous les clubs arrivent à proposer à leurs joueurs une préparation physique de haut niveau qui leur permet de lutter à armes égales, au moins à ce niveau, avec leurs adversaires plus huppés. La différence existe toujours sur la profondeur de l’effectif mais avec des joueurs qui ne jouent pas la HCup et qui sont moins sollicités par les échéances internationales, il est évident que les petits clubs peuvent compenser leur manque de moyens pour engager des joueurs de haut niveau par une focalisation plus grande sur le championnat et une qualité du travail au quotidien qui s’est accrue.
Une densification au milieu du classement. A force de voir des équipes sur-armées, au moins financièrement, monter du ProD2, le Top14 s’est densifié. Si Albi joue le rôle du petit poucet et si l’on peut s’interroger sur les finances Berjalliennes, même ces 2 équipes vont preuves d’une belle solidarité qui les rend difficiles à battre à domicile au moins. Ensuite Montpellier compte quand même 3 internationaux français, Bayonne et Brive se sont régulièrement renforcées depuis 3 ans et Montauban assure dans la continuité de l’oeuvre de Labit et Travers. Toutes ces équipes ont amélioré leur niveau depuis 3 ans, ce qui fait que l’écart avec les Toulouse, Paris et autres Perpignan s’est diminué et que les exploits sont plus régulièrement à leur porté, surtout dans un championnat où le calendrier est chaotique. Même si les grosses écuries vont se remettre à enchaîner les performances et à augmenter leur niveau de jeu très bientôt, le niveau du championnat français est monté d’un cran et c’est tant mieux…