Car enfin, ce sont les mêmes chansons cafardeuses, le même son lo-fi ultra rudimentaire depuis le superbe Swell de 1990. Sean et Monte, les deux compères ne sont plus de la partie, mais leur esprit, leur contribution semble ne s'être jamais dissous, tant Freel s'efforce de maintenir ce qui a fait de son groupe-culte la quintessence du son velvetien ultime des 90's.
Qu'on en juge : toujours ce son étouffé de batterie et de grosse caisse, que l'on pourrait reproduire en tapant sur des barils de lessive à main nue, toujours ce chuintement des doigts sur la six cordes en acoustique, et jusqu'à ce choix reconnaissable entre tous d'intitulés de titres que Lou Reed n'auraient certainement pas renié.
A bien des égards, et tout en possédant son propre son, David "Swell" Freel est le Dream Syndicate de la décennie passée, souvenez-vous de ce génial groupe de Steve Wynn ! Alors la silhouette s'est empâtée (Swell... encore...), Freel, avec ses kilos en trop et ses rouflaquettes à la Dickens, a de ces faux airs de Jack l'Eventreur tel qu'on l'imagine, bien loin de ce débutant malingre et pâle qui chantait à qui voulait bien l'entendre "Everbody's Kinda Stoned" en 1994, mais enfin l'essentiel est là : les chansons !
Un peu absentes du petit dernier (South Of The Rain And Snow en 2007), qu'on avait surtout accueilli comme un bulletin de santé non alarmiste du leader chanteur guitariste. Et les arpèges -toujours les mêmes, mais qu'on jurerait entendre pour la première fois - de David Freel font encore mouche !
Après un "Come Livid" impavide et austère, on adore les intitulés vachards (tout un art en soit) de chansons comme "I Miss Your Mischief", belle à pleurer ou bien de la déclaration d'intention "Love Is Just Overrated" (à qui le dis-tu ?). La voix, étonnament intacte, et vierge des abus qu'on imagine se fait plaintive, mais ferme, jamais geignarde.
Tout chez Swell... pardon, Be My Weapon, est du même bois dont on fait les guitares électrifiées au son crade sur leur tapis d'acoutisque : des actes de contrition d'un artiste, d'un auteur, qui n'a pas peur d'exhiber ses failles ("Bad Bad Bad", "Things I Should Not Do"). Ce qu'il fait plus facilement en chansons que dans la vie de tous les jours, on s'en doute ! David Freel est de retour, et c'est toute la pop blafarde américaine qui s'en félicite !
En bref : le retour, ou plutôt le maintien de l'un des plus beautiful losers du rock indé U.S. Un son unique, des chansons à faire se dérider le plus blasé des experts es-ballades cafardeuses. Le répertoire de chansons inédites du Velvet circa 69 s'enrichit à nouveau.
Le Myspace
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