Magazine Cinéma
Artistes : Veni, vidi, vici. Monumental. Impressionnant. KO. Vincere, c’est LE film de l’année, point barre. Ce biopic de la maîtrsse cachée de Mussolini, Ida Dalser, est l’œuvre de Marco Bellocchio, cinéaste septuagénaire dans la pleine force de ses moyens. Interprétation grandiose, audace d’une réalisation qui ose tout (surimpressions, images d’époque, extraits du Kid de Chaplin), BO qui sample opéras classiques et morceaux originaux, scénario de haute volée politique et dramatique, pour un mélodrame qui magnifie la volonté de résister dans toutes les situations.
Mais qui es-tu, Marco Bellocchio ? Le point sur Marco, en 10 films.sur un cinéaste qu’on pourrait qualifier de Bunuel italien : en s’attaquant aux piliers de la société italienne (famille, religion, éducation, armée) avec un regard féroce et sarcastique, il rappelle par bien des aspects le maître espagnol.
1965 : Les Poings dans les poches. Son 1er long métrage, interprété par son alter ego Lou Castel. Précis de décomposition marxo-psychanalytique d’une famille bourgeoise. Un peu daté, mais déjà corrosif.
1972 : Au nom du père. Après la famille, Bellocchio s’attaque à l’éducation et à l’église. La charge subversive de son film vaut au cinéaste ses premiers ennuis avec la censure
1976 : La Marche triomphale. Au tour de l’armée ! Dewaere, Miou-Miou et Franco Nero accompagnent le cinéaste dans sa démarche de crtique sociale.
1980 : Le Saut dans le vide. Double prix d’interprétation cannois pour Michel Piccoli et Anouk Aimée, pour ce huis-clos incestieux et psychanalytique. Fort et dérangeant.
1984 : Henri IV, le roi fou. La pièce de Pirandello incarnée par un Mastroianni au faîte de son art. Un fou se prend pour Henri IV. Conte de la folie ordinaire – son grand thème.
1986 : Le Diable au corps. Gros scandale en raison d’une fameuse fellation non simulée. Maruschka Detmers en a fait rêver plus d’un ! Sous influence d’un gourou, Bellochio entame la période la moins intéressante de sa carrière.
1988 : La Sorcière. Béatrice Dalle en sorcière !! Fallait oser, Bellocchio l’a fait, toujours sous influence. Son pire film. A réévaluer ?
2002 : Le Sourire de ma mère. Chef-d’œuvre. Come back de Bellocchio dans le club des cinéastes qui comptent. Sergio Castellito en bute avec le Vatican qui souhaite canoniser sa mère. Le film le plus bunuelien de son auteur. Féroce, irrésistible, subversif. Unique.
2003 : Buon giorno, Notte. Le kidnapping d’Aldo Moro vu de l’intérieur. Regard lucide et lyrique à la fois sur les années de plomb. Le pendant de Mes Meilleures années.
Travis Bickle