Les patrons, eux, se portent bien. En réponse à la crise que les banques ont-elles mêmes générée, l’Etat a passé un plan d’aide au secteur bancaire de 360 milliards d’euros. Cette somme correspond à peu de choses près à la somme des revenus salariaux et indemnités chômage perçus par les 27 millions de salariés et chômeurs qui composent la population active de ce pays…
Quel rôle jouent l’Etat et ses corps intermédiaires ?
Dans bien des cas, les entreprises reçoivent des subventions des collectivités locales (régions, départements, communes). Mitsubishi à Etrelles à côté de Vitré, comme Alcatel à Rennes, s’étaient fait payer leurs usines. A STMicroelectronics, c’est aussi l’argent public qui avait payé les machines délocalisées à Singapour…
De nos jours, la plupart des entreprises ne payent que les indemnités légales de licenciement lors de plans sociaux, le reste restant à la charge de la collectivité. De plus, les collectivités locales financent leurs investissements avec des prêts contractés auprès des banques. Elles leur sont donc liées. La confiance que les exploités peuvent avoir envers leurs élus politiques ne peut donc être que très limitée…
L’objectif financier des licencieurs, c’est de faire porter le coût du travail à la collectivité, tout en orientant les bénéfices directement dans les poches des actionnaires.
Mais le chômage est aussi une arme idéologique : la peur de perdre son emploi fait accepter des conditions sociales dégradées à de nombreux travailleurs. Comme pour l’emploi des travailleurs sans-papiers, les patrons, en mettant en concurrence les salariés entre eux, compriment les salaires vers le bas.
Lorsque les travailleurs victimes de licenciements se battent pour obtenir plus que des miettes, l’Etat les traine au tribunal, à l’image des salariés de Continental… Partout dans les conflits sociaux où les travailleurs veulent défendre leur outil de production et leur niveau de vie, ils se trouvent nez à nez avec la flicaille, les gardes-chiourme de l’Etat.
La situation des chômeurs s’est encore dégradée avec la fusion de l’ANPE et des ASSEDIC dans le « Pôle emploi ». Au-delà des radiations d’office massives, les chômeurs sont aussi traités comme des fraudeurs en puissance. L’Etat est donc pour les exploités un ennemi à abattre.
Partout des luttes !
En réponse à l’atonie généralisée du mouvement social depuis la rentrée, des collectifs de chômeurs s’organisent et luttent depuis plusieurs semaines : occupation de lieux publics, mairie, pôle emploi, EDF…
Soyons clairs : l’objectif de tout salarié normalement constitué est de gagner plus en travaillant moins, celui du patron est de faire travailler ses salariés au maximum en les payant au minimum. Le seul moyen dont disposent les travailleurs et les chômeurs pour améliorer leurs conditions de vie, c’est d’user de leur pouvoir de nuisance: s’arrêter de travailler, bloquer la machine économique, par les occupations, les blocages des flux…
Que l’on soit travailleur avec ou sans-papiers, que l’on soit avec ou sans travail, c’est tous ensemble qu’on pourra faire plier l’Etat, qui donne le cadre légal à l’exploitation, et le patronat, qui concentre les richesses créées par le travail entre les mains d’une poignée de milliardaires.
Ceux-là n’en finiront jamais de se goinfrer sur notre dos, à moins que nous décidions tous ensemble de nous organiser pour faire la révolution libertaire : prendre nos affaires en main sans Etat ni patron, socialiser et autogérer les usines, le secteur des services, les terres agricoles pour le bien commun. Nous, les exploités, pourrions alors décider des productions que nous souhaitons garder et développer, et abandonner celles que nous trouvons inutiles voire nuisibles .
Il nous appartient de construire ensemble un monde respectueux de l’environnement et des individus, loin de la barbarie capitaliste et de l’oppression étatique que nous subissons quotidiennement.
Fédération anarchiste