Je n'ai jamais vu les Beatles sur scène, l'un de mes plus grands regrets avec Jimi Hendrix, car sinon j'ai vu à peu près tous les groupes de rock que j'aime. Si j'ai raté les Quatre de Liverpool, par contre j'ai déjà vu Paul McCartney plusieurs fois, d'abord avec son groupe Wings en 1972 à l'Olympia et en 1976 au Pavillon de Paris à la porte de Pantin, à l'époque où il s'était émancipé du groupe mythique. De bons concerts, certes, surtout celui donné dans la salle du boulevard des Capucines, mais. Mais j'étais encore jeune, Wings était un groupe de rock honnête ayant commis quelques excellents albums et dont le leader était qui vous savez. Sans plus, mais c'est déjà pas mal diront certains avec raison.
Et puis en octobre 1989 j'ai revu Macca, cette fois en solo, à Bercy. Nous y voilà. Nous avions tous pris vingt ans et plus, de joies et de peines, la vie quoi. J'étais venu non pas par hasard, mais d'abord parce que à cette époque j'allais encore beaucoup aux concerts, ensuite parce que de nombreux copains avaient décidé d'y aller et que nous formions ce soir-là une petite troupe d'amis en goguette bien sympathique et enfin parce que voir McCartney c'était du nanan assuré.
Ce fût un concert mémorable. Dès cette époque Paul reprenait sur scène de très nombreux morceaux des Beatles et je vous jure que de voir McCartney en vrai, entendre la voix et la basse des Beatles, interpréter une longue liste de titres du génial groupe, ça le faisait comme ils disent maintenant. Bien sûr ce n'étaient pas les Beatles, mais ... nous n'en étions pas loin.
Je ne citerai pas tous les morceaux, mais de Can't Buy Me Love et I Saw Her Standing There à Hey Jude ou Maybe Im Amazed en passant par Yesterday ou LetIt Be, j'ai revu avec émotion ma vie défiler en un long film intérieur et c'est à grand peine que j'ai retenu les sanglots et les larmes qui lentement coulaient sur mes joues. J'étais un peu honteux, mais quand les lumières se sont rallumées - car il faut bien que ça s'arrête à un moment - j'ai bien vu dans les yeux brillants de mes amis qu'il n'y avait pas que de la joie d'avoir assisté à un très bon concert, il y avait aussi cette même émotion.
Désolé mon cher Paul mais quand nous venons t'écouter, malgré ton talent personnel, nous venons pour toi bien évidemment mais aussi - que tu le veuilles ou non - pour tes trois potes, John, George et Ringo dont l'ombre plane au-dessus de la scène pour toujours. Les Beatles, putain quel groupe !
Jeudi soir je n'assisterai pas au concert de Bercy, mais j'ai un mot d'excuse, je serai absent de Paris pour plusieurs jours cette semaine.