Tout droit sorti de l’imagination de Chuck Jones, le dessinateur de chez Warner Bros, le Beep-Beep revêt une forme particulière à partir de 1968. En effet, une voiture américaine emprunte bien ingénieusement cette dénomination et le succès pointe le bout de son museau, il s’agit d’une Plymouth. Le groupe Chrysler s’attire une part de marché tant convoitée, la jeunesse, la recette simple et efficace, une voiture économique mais puissante à l’image de la genèse des muscle-cars. Il sort en parallèle la Dodge Super Bee qui étend l’offre.
Un muscle-car par excellence, la Plymouth Road Runner fait des ravages sur piste : sa motorisation hémisphérique optionnel de 7 litres dont Chrysler a le secret affiche 390 chevaux. Quand on voit le gabarit, plus petit que la Barracuda, c’est sûr qu’il y a de quoi décoiffer, certains disent le summum tant le châssis est adapté au moteur. En tout cas, le public est conquis, la production estimée est plus de vingt fois inférieure à la réalité de la demande : presque 45000 modèles s’arrachent en 1968. La Pontiac GTO n’a qu’à bien se tenir! La Beep-Beep arrive deuxième dans le palmarès des ventes.
Basée sur la Belvedere, la Road Runner s’affiche résolument dépouillée. Que ce soit la ligne ou l’habitacle, tout est rendu au strict minimum. Le principal réside dans la fiabilité, la performance et le prix sous le nom d’un drôle de géocoucou qui s’affirme avec un klaxon digne de la série animée. Le concept de big block dans une compacte est pourtant déjà rodé, c’est le coup de publicité à 50000 dollars qui est peut-être l’élément déclencheur. Le seul petit reproche qu’on pourrait lui faire serait les lacunes dans l’aérodynamisme mais la robe a son charme et rend si particulier l’attrait au véhicule.
En 1969, Plymouth s’attèle à rajouter des options sur le succès de l’année précédente : que ce soit niveau moteur avec l’arrivée du gros 7,2 litres ou les couleurs de robe, les sièges baquets, le cabriolet et allant jusqu’aux décalcomanies. La recette va du coup se développer, on produit plus de 82000 unités. Outre les choix, la Road Runner améliore ses caractéristiques techniques : suspensions, amortisseurs, freins sont maintenant bonifiés.
Une dérive de NASCAR voit le jour en 1970, il s’agit de la Road Runner Superbird qui est produite en très faibles quantités (moins de 2000) et qui présente un nez allongé, on gagne près de 50 cm de longueur, idéal pour les créneaux. Non bien sur, ce sont les lignes droites les meilleures amies, elles permettent de jauger les 7200 cm3 du Super Commando, le moteur le plus apprécié à cette période, il délivre 390 chevaux.
Voiture américaine de l’année 1971, la Road Runner se fait toujours autant désirer par une population qui va pourtant déchanter avec les restrictions et l’embargo pétrolier. Le déclin s’annonce ainsi, le temps des muscle-cars est bientôt révolu et la deuxième génération séduisante par sa forme bouteille de Coca-Cola perd légèrement en puissance. Le Super Commando dédaigne 5 chevaux qui s’égarent dans la nature pour carrément en abandonner plus de 100 en 1972. Le pare-choc arrière est reconfiguré cette même année qui malheureusement s’avère très limitée en ventes.
Jusqu’en1975, les productions se tarissent dépassant péniblement les 7000 véhicules pour cette année ; l’année suivante, une nouvelle génération voit le jour. Une évolution de la plate-forme est envisagée : c’est le corps F faisant basculer la Road Runner dans une appellation Volare. La série finira en 1980 mais voici des bruits courent qu’une Road Runner 2010 basée sur la première génération serait au goût du jour, en attendant d’en savoir davantage, rêvons d’un néo-rétro muscle-car digne du nom et fidèle au concept d’origine, les quelques photos d’internet prises du magazine Mopar Enthusiast laissent songeur.