Alors je me suis souvenu d’avoir lu ici et là quelques voix montant contre cette candidature. J’avoue avoir été perplexe : pourquoi être contre un évènement sportif d’une telle ampleur, qui apporte à priori beaucoup de choses au territoire d’accueil ?
Que se cache t’il donc derrière Annecy 2018 ? pourquoi devrait-on (ou pas) s’en méfier ? Quelles explications (partielles !)
Annecy 2018 seraient des JO « écologiquement responsables »
Si l’on omet de compter les flux de transport énormes qui seront générés par l’évènement, le gros manque en capacités hôtelières à combler (Annecy excluant de fait tout soutien de la Savoie ou de Genève, pourtant à 25 minutes), voici un article très éclairant : Extraits d'un article de Brice Perrier, La Voix des Allobroges, à lire sur le site de La Voix des Allobroges
« Les infrastructures olympiques fondées sur la démesure et l’utilisation d’importantes quantités de matériaux et d’énergie mènent souvent à une impasse, dit Arthus-Bertrand. De nombreuses villes olympiques ont construit d’immenses structures coûteuses devenues aujourd’hui des éléphants blancs. Mes échanges avec Thierry Billet, votre maire-adjoint à l’environnement, m’ont éclairé sur un point : Annecy souhaite développer un modèle de ville olympique responsable dont l’empreinte écologique serait la plus réduite possible.»
Vu que Yann a été convaincu grâce à ses échanges avec Thierry, je ne demandais moi aussi qu’à l’être. Alors armé de mon petit clavier, j’envoie un mail à Thierry Billet pour lui poser une question toute simple, en rapport direct avec la déclaration de la figure tutélaire de l’écologie qu’est devenu le maître de la photo aérienne : quelles vont donc être les infrastructures construites pour ces jeux et où seront-elles situées ? Une question basique et élémentaire pour avoir une idée de l’impact environnemental de ces jeux. Et bien voici la réponse de Billet : « Adressez vous au Comité d'organisation au Conseil général... Je n'ai pas les éléments sportifs en mains. » Eléments sportifs ? Je ne lui demandais pourtant pas si le ski de bosse en faki allait devenir une discipline olympique, mais ce qu’on allait construire comme infrastructure de type patinoire ou tremplin. L’élu annecien ne serait donc en rien au courant de ces futures installations, mais il a néanmoins réussi à convaincre Arthus-Bertrand qu’on ne tomberait pas dans la démesure. Après cela, faut pas s’étonner si certains en viennent à qualifier ce genre de personnage d’écotartuffes.
Direction donc le conseil général où l’attaché de presse nous informe que « 70 à 80% des infrastructures sportives existent déjà. Les investissements concerneraient deux patinoires et un anneau de vitesse. » Elle ajoutera par la suite qu’un tremplin de saut sera aussi construit à La Clusaz. (il en existe un à Courchevel…). Cela fait quand même de gros équipements à bâtir. Mais c’est quoi alors les infrastructures existantes ? « Les pistes homologuées, patinoires, sites d'entraînement, piste de bob de La Plagne... », nous répond le conseil général. La piste de bob, ok, ça c’est du lourd. Les patinoires ? Mais on vient de nous dire qu’on va en construire trois ! Quant aux pistes de ski, c‘est sûr qu’elles sont déjà là, mais certains candidats aux JO auraient-ils prévu de bâtir les montagnes nécessaires aux épreuves olympiques ? Bref, pas grand-chose n’existe en réalité aujourd’hui en matière d’infrastructures, mais on nous certifie que 70 à 80% sont déjà existantes. Et Yann Arthus-Bertrand cautionne. L’écotartufferie en pleine action !
Un autre argument de Thierry Billet pour démontrer le côté écologique de ces jeux, c’est que grâce à eux, la Haute-Savoie va enfin pouvoir s’équiper en infrastructures ferroviaires. « Qui ne voit pas que les jeux sont un formidable accélérateur de projet ?, clame ainsi Billet sur son blog. Jusqu'à présent, les jeux ont servi, en France, à faire des autoroutes; ceux d'Annecy 2018 devraient permettre de faire du logement à énergie positive et du transport ferroviaire... De quel droit se passerait-on de cet accélérateur tout en réclamant... du transport ferroviaire ? » C’est clair que des autoroutes, chez nous, on n’en a plus trop besoin, surtout depuis qu’on en a même deux pour relier Annecy à Genève. Mais de là à dire que ceux qui veulent du ferroviaire n’aurait pas le droit de s’opposer aux jeux… Billet repousse encore un peu plus le bouchon. « Les jeux entraînent le département sur une mauvaise voie. Ce n’est pas une priorité et il y a mieux à faire que ça, estime Pierre Viguié. On a un retard extraordinaire en Haute-Savoie sur le transport ferroviaire et le logement social. Le projet des jeux permet aux élus de ne rien faire en les attendant. Mais ce n’est pas les jeux qui paieront les trains ! Ça sera à nous de les payer. Et le comité olympique n’exigera rien pour le ferroviaire. Alors peut-être que les JO donneront un coup de pieds aux fesses aux élus pour développer le ferroviaire, mais on ne devrait pas avoir besoin de ça. Et les JO relancent en revanche la mauvaise idée que la Savoie sera encore en 2018 la patrie du ski, alors qu’il faudrait plutôt songer à travailler à ce que nos usines à ski s’activent toute l’année. Il faut aujourd’hui d’abord penser à autre chose que le ski. Il ne s’agit pas de raser les stations, mais de tacher de les reconvertir, surtout celles qui sont situées à moins de 2000 m dans lesquelles sont prévus ces JO. »
Annecy 2018 : Un formidable avantage économique pour la région ?
Voilà un autre argument souvent mis en avant par les partisans du contre : les JO, ça coûte cher, les collectivités restent endettés parfois des décennies après l’évènement, et les frais de fonctionnement d’équipements surdimensionnés augmentent encore le poids de cette dette (1,5 millions d’euros pour la patinoire par exemple). Le CIO exige par exemple de la ville hôte 22 800 chambres en hôtels 3 à 5 étoiles. Selon les offices du tourisme respectifs, Annecy peut en proposer 4 100.
Voici quelques exemples qu’on lit sur la pétition • 1968 – Grenoble : Endettée jusqu’en 1995. Impôts locaux multipliés par 2,4 • 1976 - Los Angeles : Endettée jusqu’en 2006 • 1992 – Albertville : Déficit de 4,73 millions d’€, Brides les Bains 9,15 Millions d’€ (coût total JO 115 millions d’€) • 2010 – Vancouver : Déficit (déjà avoué dès 2008) de 47 millions d’€ • 2012 - Londres : Le dépassement du budget est tel que les anglais regrettent déjà… Il a quadruplé de 3,4 à plus de 13 milliards d'euros
Vu sous un angle plus politique, un des signataires de la pétition perçoit ainsi cette candidature comme un moyen de "privatiser les profits (pour les télés et les entreprises du BTP par exemple) et socialiser les déficits qu'auront à payer les collectivités donc les citoyens par leurs impôts qui devraient être utilisé pour établir une vraie solidarité)".
Mais d’ici là, encore faut-il qu’Annecy soit sélectionnée, et sur quels critères inavouables le CIO pourrait-il bien prendre une décision « en faveur » de la candidature française ? On a pas les mêmes arguments que Pékin ou Sotchi !!
Vos soutiens
Pour soutenir le OUI : http://www.annecy-2018.fr/soutenez-annecy-2018
Pour soutenir le NON : http://sites.google.com/site/comiteantiolympiquedannecy/Home
http://www.petitionduweb.com/NON_au_projet_de_JO_pour_2018_a_Annecy_ou_Grenoble-3056.html
Sources :
http://lavoixdesallobroges.hautetfort.com
http://dp-sallanches.over-blog.com
http://moncranvessales.info
et autres méandres du web...