Tu te remémores ses décisions absconses qui, jour après jour, mettaient un peu plus en danger un équipage inquiet. Tu te souviens de son obstination maladive à maintenir un cap illusoire contre vents et marées. Tu frissonnes devant l'épilogue tragique de cette chronique d'un fiasco annoncé. Tu cherches à tâtons dans la nuit hostile le bras rassurant de ta compagne comme pour te convaincre que la réalité présente n'a pas dépassé la fiction. Tu te pinces pour te réveiller de ce cauchemar marin.
Tu te lèves aux aurores scintillantes et dans un demi-sommeil, tu allumes ton poste de télévision. Dans la lucarne vacillante, un petit homme s'agite et harangue ses fidèles. Il grimace puis sourit jaune tandis qu'il est secoué de haussements d'épaule frénétiques. Il sue comme un docker, harassé sans nulle doute par la lourdeur de sa charge. Il scande chaque syllabe de sa logorrhée vaine comme pour mieux convaincre un auditoire pourtant déjà soumis.