Le grand écrivain de science-fiction américain, Ray Bradbury, était en vidéoconférence à la foire internationale du Livre de Guadalajara, au Mexique. Quatre-vingt-dix piges au compteur le papy de la SF et toujours l'esprit en goguette ! A croire que dire, écrire ou faire des bêtises préserve l'esprit contre la vieillesse. C'est l'impression qu'il dégage. Un grand moment pour celui qui a la chance d'en être témoin.
La première fois que j'ai lu « Fahrenheit 451 », je n'ai rien compris, sinon le fait qu'un type, un pompier, avait un boulot et que ce boulot consistait à brûler des livres. Tous les livres. Pourquoi ? C'était l'ordre qu'on lui avait donné et un ordre est un ordre dans tous les systèmes politiques connus jusqu'à ce jour. Tous les bouquins qu'il trouvait sur sa route devaient être cramés… Ça commençait très mal pour moi qui commençais seulement à lire le français. Voilà qu'à peine arrivé dans ce pays, je tombe sur un personnage qui cherche à brûler le livre que je suis en train de lire. Dur de commencer l'apprentissage du français dans un tel contexte. A chaque paragraphe, j'allais voir le copain qui m'avait prêté le bouquin pour l'interroger sur la signification de ce que je tentais vainement de déchiffrer. Pour finir, le copain reprit son bien. A la place, il me mit entre les mains un exemplaire du Parisien Libéré m'exhortant à commencer la lecture par le commencement… Il ignorait alors le service qu'il venait de me rendre.
Il est marrant papy Bradbury. Si un jour je deviens vieux, j'aimerais lui ressembler un peu. Je ne pense pas avoir cette chance. Je ne suis pas resté comme lui 10 mois dans le ventre de ma mère. Elle m'a foutu à la porte alors que je venais d'avoir juste 9 mois. C'est à ce séjour prolongé chez maman que Ray doit son exceptionnelle mémoire. Les futures mamans savent ce qui leur reste à faire si elles veulent se flatter d'avoir mis au monde un génie. Mieux que le sperme qu'on met en banque et qui attrape la mort dans le congèle, utilisez le bon remède : prolongez son séjour dans le ventre. Il y a aussi le fait qu'il se souvienne comme si c'était hier du mal éprouvé quand on l'a circoncis à l'âge de 5 jours. Un trauma. Quelle idée d'aller lui faire ça, sous prétexte qu'à cet âge l'esprit ne garde pas trace de ce qu'il subit. Et si au lieu du séjour prolongé dans le ventre maternel, sa grosse mémoire lui venait de la douleur faite à son tout mimi boudin ? Oui mais c'est pour son bien et pour le bonheur des dames. Hygiène et plaisir.