Pas de blême. Loin de moi l'idée de consacrer cette chronique à la saga psychédélique du mythique Gong, groupe phare des seventies dont le copieux Camembert électrique restera à jamais dans nos mémoires (plus que dans nos estomacs) comme le délice de leur cuisine dadaïste. Le titre du présent billet évoque une situation beaucoup moins planante et a fortiori beaucoup plus terre à terre. Il s'agit encore une fois d'histoires de gros sous. Et de jeter un coup d'œil sur la boulimie avec laquelle les bons copains rongeurs de notre roitelet se partagent le fromage gaulois.
Prenez EDF au hasard. L'Elysée, fermement décidé à se débarrasser de son patron Pierre Gadonneix, fait nommer à sa place, un ami personnel du monarque, très proche de Rachida Dati, Henri Proglio. Rien de nouveau sous le soleil sarkozyste, me direz-vous. Placer ses potes (ou accessoirement son rejeton) à tous les rouages stratégiques du monde de l'argent est la taquetaquetique préférée de l'omnipotent. Il avait fait la même chose en juin dernier avec François Pérol qui était passé sans coup férir du poste de secrétaire général adjoint de l'Elysée à celui de directeur du groupe bancaire BCPE, fruit du rapprochement entre les Banques Populaires et la Caisse d'Epargne. Une affaire de pantouflage éhontée qui avait été rapidement enterrée dans les catacombes de la république bananière.
La nouveauté avec Proglio, c'est le cumul privé-public. Outre la présidence d'EDF, entreprise détenue à 85% par l'état, le garçon va conserver son ancien job, la direction du très privé Véolia Environnement. Curieux mélange des genres où la complémentarité des deux groupes laisse augurer bien des conflits d'intérêts en perspective. Qu'importe, en Sarkozie, la justice a été mise au pas et les amis de mes amis sont au dessus des lois.