Sous prétexte d'indépendance énergétique, les Etats-Unis se sont lancés massivement dans la production d'éthanol, notamment dans les Etats du MidWest. Alors que le pays prévoit de multiplier par dix sa production d'ici 2020, les premiers signes d'une "bulle éthanol" commencent déjà à apparaître.
Les effets de la course à l'éthanol commencent à se faire sentir : augmentation du prix du maïs (à la grande satisfaction du lobby des producteurs), augmentation de celui des terres, recours à tous les types de maïs génétiquement modifiés pour augmenter les rendements, pression sur le soja qui pourrait être abandonné comme culture (indispensable) de rotation...
Certains experts commencent à évoquer le terme de "bulle éthanol" pour désigner ce phénomène, qui présente toutes les caractéristiques des bulles spéculatives. En effet, le coût de revient du maïs-éthanol ne devient intéressant que s'il est utilisé à proximité des lieux de production, les pompes distribuant de l'E85 sont en nombre insuffisant, et encore trop peu de véhicules sont équipés d'une motorisation flex-fuel. Pour l'instant l'éthanol est incorporé dans l'essence classique (dans l'Illinois, l'essence peut contenir jusqu'à 10% d'éthanol sans autre mention a la pompe).
Malgré le risque que le maïs devienne inabordable pour les consommateurs pauvres, les agriculteurs américains ne semblent pas s'inquiéter. Interrogé sur la question il y a plusieurs mois, Rick Tolman, président de l’Association nationale des producteurs de maïs, assurait que les agriculteurs avaient toujours "su réagir aux signaux envoyés par le marché en matière de prix" et qu'ils avaient "toujours rencontré davantage de problèmes de surproduction que de pénurie". D'ailleurs, selon lui, "Il n’y a pas de conflit entre les deux [utilisations du maïs, pour l’alimentation et pour le carburant], ni de crise en vue".
Convaincus que la demande en carburants verts va rester le moteur de l'agriculture à moyen terme et qu'il faut "assurer une présence" dans le MidWest, les producteurs d'éthanol (dont le groupe français Louis Dreyfus) poursuivent la construction de nouvelles usines. La question est maintenant de savoir si le bioéthanol à base de maïs restera longtemps le carburant alternatif de référence, alors que l'éthanol cellulosique (produit à partir des déchets du maïs), offre un bilan énergétique et économique bien supérieur.
Source : BE Etats-Unis / Infos de la Planète