Vouloir la porter à l’écran a du sens, tant d’une part l’auteur est à la mode depuis le carton de No Country for Old Men, et d’autre part le récit s’inscrit dans une problématique sociétale actuelle, les craintes écologiques pour l’avenir. McCarthy y suit un homme et son fils, marchant dans un monde dévasté par une tragédie écologique jamais nommée, qui a plongé une humanité devenue rare dans un quotidien sans espoir. L’homme et son enfant avancent pour leur survie, cherchant à manger et à échapper à leurs congénères trop souvent tombés dans le cannibalisme.
Le réalisateur australien John Hillcoat est aux commandes de la version filmée de l’œuvre de McCarthy. J’ai récemment parlé du cinéaste pour vanter les mérites de son précédent long, le western The Proposition, qui sort dans quelques jours en France. Son style épuré et quasi naturaliste en ont fait un choix logique pour La Route.
Peut-être faut-il n’avoir pas lu l’écrit de McCarthy pour voir la puissance du film de Hillcoat rayonner sur le spectateur que l’on est. Peut-être faut-il entrer en salle vierge pour ne pas ressentir que la belle musique composée par Nick Cave et Warren Ellis a quelque chose de déplacé tant elle annule parfois l’âpreté qui doit être au cœur du film, y ajoutant de légers trémolos tout à fait inutiles.
Si La Route version grand écran n’atteint pas les sommets qu’il devrait, c’est peut-être parce que ses créateurs se contentent d’être fidèles au récit et à l’atmosphère sans parvenir à se l’approprier autrement qu’en y ajoutant une belle musique et en s’appuyant sur une grande performance de Viggo Mortensen. Les lecteurs seront forcément déçus. Les autres feraient mieux de lire l’œuvre originelle, mais à défaut devraient apprécier.