« On a rarement eu aussi peur au cinéma ! » proclame fièrement l’affiche de Paranormal Activity, LE film fantastique dont tout le monde parle depuis quelques mois. Gros succès au box-office américain, portée par un buzz savamment orchestré sur internet, et censée avoir filé les chocottes à Steven Spielberg en personne, l’œuvre traverse aujourd’hui l’Atlantique, promettant de terroriser à leur tour les spectateurs frenchy.
Louables intentions, mais après la projection du film d’Oren Peli, on est moins sous le coup d’un trauma que d’une grosse déception. On se demande si on a vu les bonnes bobines, si les scènes horrifiques ont été censurées ou édulcorées, ou si on vient de se faire arnaquer totalement par une équipe de petits malins… Car non seulement cet ersatz dégénéré du fameux Projet Blair Witch ne fait jamais peur, mais il provoque involontairement le rire et/ou l’ennui.
L’argument ? Un jeune couple fraîchement installé dans une belle maison de banlieue s’inquiète des bruits étranges qui perturbent leur sommeil – et qui ne sont ni des ronflements, ni des flatulences. Alors qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ? La femme, qui se rappelle qu’elle a déjà été confrontée à des phénomènes similaires dans sa jeunesse, suspecte fortement un fantôme ou un démon de revenir la harceler. Son compagnon a l’idée géniale d’acheter une caméra vidéo et de filmer leur chambre à coucher pendant leur sommeil, traquant d’éventuels phénomènes paranormaux.
Comme le film est censé être un document authentique retrouvé par hasard et courageusement montré par la Paramount, le spectateur est donc invité à regarder, la majeure partie du temps, les deux couillons en train de dormir, attendant avec plus ou moins d’impatience qu’il se passe quelque chose – un bruit dans le couloir (ouuuuh…), une porte qui bouge toute seule (brrr…), une crise de somnambulisme de Madame (flip-flip...) et un ménage à trois avec l’homme invisible, qui se glisse dans le plumard des deux neuneus sans y avoir été invité (Maman, j’ai peur !)…
Mais comme cela pourrait vite s’avérer un peu longuet, ces séquences sont alternées avec des séquences diurnes où le caméscope enregistre - allez savoir pourquoi ? - les discussions du jeune couple, entre montées de stress et engueulades, et d’autres séquences nocturnes où Monsieur s’encombre de sa caméra pour aller à la rencontre du vilain démon qui les persécute. Pas très futé, vu qu’il est invisible et apparemment pas animé des meilleures intentions, et pas très cool pour les yeux du spectateur, obligé de subir ces images vidéo granuleuses, tremblantes et mal cadrées. C’est sans doute le prix à payer pour éprouver le seul plaisir du film : pouvoir se moquer de l’attitude complètement stupide du personnage, jeune coq persuadé qu’il peut régler tout seul son compte à un esprit maléfique plutôt que d’appeler les Ghostbusters, et ses questions débiles du genre « Y-a-quelqu’un ? » ou « Dis-moi qui tu es ? »… C’est pas Dieu possible d’être aussi con…
Cela dit, la plupart des spectateurs n’en profiteront pas, soit parce qu’ils auront eu la jugeote de quitter la salle avant la fin, évitant ainsi de gâcher un temps précieux, soit parce qu’ils auront depuis longtemps sombré dans le sommeil, vaincus par l’ennui. C’est tellement peu passionnant de regarder dormir puis s’agiter en vain les deux acteurs, par ailleurs aussi inexpressifs que des endives, qu’il y a de fortes chance de tomber dans les bras de Morphée dès les premières séquences du film. Du coup, on comprend mieux le «Bonne chance pour dormir après » lancé par l’affiche du film. Difficile, en effet, de se rendormir quand on a déjà fait sa nuit dans la salle de cinéma !
Si encore ça faisait un peu peur, on pourrait être indulgent devant cet objet filmique particulièrement ennuyeux. Mais non, même pas. On se croirait dans un vieux numéro de l’inénarrable “Mystères”, feue cette émission fantasticomique de TF1 présentée par le non moins inénarrable Jacques Pradel dans les années 1990… Même la fin, hautement prévisible, ne parvient pas à nous faire sursauter dans nos sièges. Paranormal Activity est plat, creux et soporifique… Bref, l’un des plus mauvais films de l’année…
« Vraiment flippant ! » proclame fièrement l’affiche du film.
Totalement d’accord avec ce jugement : cela fait très peur de voir que ce navet squatte les écrans et engrange les bénéfices au détriment d’œuvres de tout autre calibre, qui ne sont visibles qu’à grand peine dans nos salles de cinéma…
Vite, un exorciste pour nous en débarrasser !
Note :