C’est d’abord une atmosphère qui ordonne presque le silence et l’écoute respectueuse : des notes en économie, une pesanteur et une simplicité remarquables… Et puis le oud qui donne l’orientation et le thème, guidant ses accompagnateurs (clarinette basse, basse, darbouka ou bendir) et nos sens : vers un bassin méditerranéen visité par un occident curieux (à moins que ce ne soit l’inverse), vers un jazz oriental et contemporain, vers une quête de la sérénité par l’immobile ou le mobile imperceptible, vers des horizons déjà entendus sur des albums précédents (“Astrakan Café” ou “Le Pas Du Chat Noir” entre autres) revisités légèrement et sans excès, vers un mysticisme sonore et des impressions de vapeurs envoûtantes. On dit la musique d’Anouar Brahem déstressante ; elle est plus encore, elle bannit toute tension au profit d’une fluidité exacerbée. Et même si le musicien tunisien surprend moins désormais, ses innovations coulant de source, sa musique fascinante s’approche à pas feutrés d’une quasi-perfection : l’album de mille et un emportements…